C'est faux, Pasta, ou alors j'aimerais bien voir tes sources. Des fermiers et agro-industriels brésiliens ont lancé une journée du feu (10 août) pour défricher et s'approprier des terres prises à la forêt et marquer leur soutien à Bolsonaro. La politique de ce dernier et ses discours infâmes confèrent un sentiment d'impunité à tous ces gens, qui certes existaient avant Bolsonaro (puisque ce sont eux qui l'ont mis au pouvoir, en partie).
Il y avait eu une diminution de 2012 à 2018, et là ça augmente après l'élection de ce
maldito, comme par hasard (sachant que la sécheresse n'est pas plus importante que d'habitude).
Point n'est besoin de déforester 100 % de l'Amazonie pour voir celle-ci disparaître. La forêt régule tout le climat de la zone sud-américaine (elle est source d'humidité, donc influence fortement le régime de pluies, les cours d'eau, etc.). Selon des études, il suffirait d'en défricher 20 à 25 % pour modifier fortement le climat régional et aboutir à une savanisation (transformation en savane) de l'Amazonie, par bouleversement des écosystèmes. Actuellement nous en sommes à 19 %, le point de bascule est proche. Sans compter la perte énorme de biodiversité, très dommageable pour l'humanité, et la forte dégradation des conditions de vie dans la région, cela conduirait à un quasi "game over" (expression employée par l'un des chercheurs que j'ai lus) dans la lutte contre le réchauffement climatique.
@katy81 : je travaille dans le domaine du climat et des émissions de gaz à effet de serre. La compensation est un vaste sujet ; oui c'est utile d'en faire (en faisant attention à qui on confie cela, il faut que ce soit un organisme sérieux), non ça ne suffit pas. Pour compenser toutes nos émissions, je ne sais plus le chiffre mais il faudrait couvrir une surface totalement irréaliste de forêt.
Il faut à tout prix consommer moins et plus intelligemment (en particulier veiller à la provenance des produits, leur mode de fabrication, leur durabilité).
La compensation consiste souvent à planter des arbres. Or comme on le sait leur croissance est lente et il faut donc attendre des décennies avant qu'il puisse stocker des quantités de matière organique suffisante pour compenser. On nous avons besoin de réduire les émissions tout de suite.
On me rétorquera qu'il existe des espèces à croissance rapide, mais justement elles ne sont pas d'aussi bons puits de carbone que les espèces à croissance lente, bref il y a plein de paramètres qui rentrent en jeu. Des études mettent aussi en évidence que les arbres stockent moins quand la teneur en CO2 est plus élevée. Donc les arbres plantés maintenant emmagasineront moins de CO2 que les mêmes arbres plantés il y a 50 ans. Encore un argument pour dire que nous devons absolument réduire nos émissions tout de suite.
Pour la forêt, comme les surfaces défrichées le sont pour faire paître du bétail surtout bovin et cultiver du soja (fourrage), ce qui compte c'est la consommation de viande et de produits animaux. On a déforesté 19 % de l'Amazonie et tout ça ne s'est pas fait cet été, c'est vieux malheureusement. Tant mieux que l'on en parle beaucoup aujourd'hui mais il est tard. Il n'y a pas que les Brésiliens ; s'ils le font c'est qu'il y a un marché donc nous sommes collectivement responsables (trois principaux marchés aujourd'hui : Chine, États-Unis, UE).
Il faut absolument réduire de beaucoup (au moins la moitié) notre consommation de viande et faire attention à la provenance de celle qu'on achète (directement, ou indirectement quand on en consomme dans la restauration par exemple) :
- ne pas consommer de bœuf ou volailles brésiliens (à l'achat direct j'ai l'impression qu'il y en a peu, mais faire attention à la restauration collective et aux plats préparés),
- ne pas consommer de porc ou volailles français ou européens provenant d'élevages industriels (car nourris avec soja qui déforeste, et pour plein d'autres raisons d'ailleurs : votre propre santé, le bien-être animal...) — encore une fois attention aux plats cuisinés et à la restauration,
- idem pour les œufs, ne pas manger ceux qui sont produits en batterie (quand on achète une barquette d'œufs c'est facile, mais dans les plats cuisinés, au restaurant ou à la pâtisserie ça l'est moins).
Vous achèterez de la viande et des œufs plus chers à l'unité, donc probablement moins, meilleurs pour votre santé et avec un impact bien moins important sur l'environnement de tous (qui nous nourrit, nous fournit de l'eau, etc. ; nous ne vivons pas hors sol !).
Quand ils verront leurs ventes diminuer, les géants agro-alimentaires brésiliens se poseront la question de changer leurs pratiques. Pour cela, nous devons être suffisamment nombreux.
Ça dépend de nous aussi, vraiment, pas que des dirigeants du G7 (d'ailleurs un de leurs forts moteurs est de plaire à leur population pour être réélus, donc si nous changeons, ils changeront aussi).
SVP agissez et parlez-en autour de vous ; c'est de la plus haute importance pour l'avenir de l'humanité.
P.S.: @Everest : je suis d'accord avec toi sur le fond, mais le raccourci "grandes études => court-termiste qui nous emmène dans le mur" (pour résumer) est inutile et pénible. J'ai fait de grandes études comme on dit, et je ne pense pas à court terme, comme tu peux le voir. Trump n'a pas fait de grandes études, contrairement bien sûr à ce qu'il affirme ; il est simplement diplômé du premier cycle (
undergraduate:
https://www.washingtonpost.com/opinions ... edirect=on).
Ajouté 13 minutes 9 secondes après :
J'ai oublié de dire en ce qui concerne la compensation et la reforestation, qu'un hectare de forêt replantée n'a pas les mêmes effets qu'un hectare de forêt primaire comme l'Amazonie, que ce soit en termes de stockage de carbone ou, encore plus, en termes de biodiversité. On est très loin du compte, avec un rapport de un à quatre.
Ajouté 4 minutes 36 secondes après :
Je saurais fort gré à tout abonné au Monde qui serait disposé à m'envoyer cet article en mp :
https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html
Moi aussi, je pense qu'il n'y a que par le portefeuille que cela marche.
Ajouté 17 minutes 19 secondes après :
Sinon j'ai appris hier qu'encore une fois, les États de l'Union ont échoué à se mettre d'accord au sujet des abeilles (et des insectes en général, car il n'y a pas qu'elles qui soient frappées de mortalité importante, avec un impact sur toute la chaîne alimentaire, bien sûr).
C'est l'éditorial du Monde d'hier ("éditorial" signifie, pour info, qu'il s'agit d'un consensus au sein de la rédaction du journal) :
https://www.lemonde.fr/idees/article/20 ... _3232.html
Malgré cette prise de conscience, qui traverse l’échiquier politique en France et s’impose dans le débat au niveau international, aucune mesure digne de ce nom n’est prise à l’échelon européen pour endiguer l’érosion du vivant. Les leviers sont pourtant connus. En 2003, un groupe d’experts mandatés par le ministère de l’agriculture français faisait, le premier, le constat de l’incapacité des tests réglementaires à évaluer les risques environnementaux présentés par les nouvelles générations de pesticides sur les abeilles et le reste de l’entomofaune. On attend toujours la réforme de ce système.
En 2012, c’était au tour de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), peu suspecte de menées anti-industrie, d’alerter sur le sujet : les produits phytosanitaires sont mis sur le marché sans avoir été correctement évalués. En 2015, l’European Academies Science Advisory Council (EASAC) – la coalition des académies des sciences européennes – enjoignait à l’exécutif européen de réformer son système d’évaluation des risques. En vain.
Entre 2013 et 2019, les recommandations de l’EFSA visant à réformer en profondeur les procédures d’autorisation des pesticides ont été mises à l’ordre du jour du comité technique ad hoc de l’Union européenne (UE) à près d’une trentaine de reprises. Les Etats membres ne sont jamais parvenus à se mettre d’accord pour les adopter, même partiellement.
Le 17 juillet, fort discrètement, la Commission européenne a renoncé : la mise à jour des principes d’évaluation des risques des pesticides, finalement adoptée en comité technique, fait l’impasse sur presque toutes les propositions d’amélioration du système en vigueur.
C'est plus que désolant... C'est notre vie qui est en jeu, b0rdel... Je ne sais pas quoi faire, à part continuer à sensibiliser les gens et à acheter bio pour limiter l'utilisation des pesticides de synthèse.
J'aimerais savoir aussi quels sont les États qui ne sont pas d'accord ; sans doute l'Allemagne, en raison des producteurs de pesticides allemands. J'aime ce pays, mais il me déçoit beaucoup sur ce point. Mais ce ne doit pas être le seul à s'y opposer ; la France a souvent joué un double jeu là-dessus, car nos agriculteurs consomment beaucoup de pesticides synthétiques. Et il y a les pays de l'Est, qui doivent aussi tourner à fond là-dessus. Mais bon si quelqu'un a des données plus précises, cela m'intéresse.