- 12 avr. 2018, 21:30
#209753
Bonsoir Erectus,
J'aimerais reprendre le commentaire que vous avez fait de mon commentaire. Si cela ne vous dérange pas ?
Alors pour ce qui est de l'avis biaisé de l'auteur, il me semble qu'il y a un écart entre avoir un avis orienté et avoir un avis injustifié. Vous dites : « puisque ce c'est un avis biaisé je vois pas pourquoi il appuie son biais avec des preuve à l'appuie pour essayer de le justifier. ».
Or ce n'est pas parce que vous avez un avis biaisé que vous n'avez pas à fournir des preuves ou des arguments quant à ce que vous avancez. Ainsi, en politique, les gens parlent en fonction de leur camps, cela n'empêchent pas qu'ils donnent des chiffres et des arguments pour soutenir ce qu'ils pensent être les justes mesures à prendre.
Du coup, je me demande si nous avons la même définition et compréhension de la notion de biais.
Il est intéressant de noter qu'en sociologie les études utilisent autant les statistiques que les témoignages. Mais c'est assez logique puisque un exemple gagne en intension ce qu'il perd en extension. autrement dit, une image de saule ne me permet pas de rendre compte de tout ce que regroupe le concept d'arbre et partant je ne peux de cette seule image tirer une pleine compréhension, mais cette image rend infiniment plus accessible le concept, lui donne un visage. Il me semble qu'il en va de même ici. Oui, un témoignage ou une anecdote sont insuffisant pour dégager tout ce qu'il y a dire autour du concept de virginité tardive. Pour autant, il lui donne chair et rend plus accessible la compréhension, tout en induisant bien entendu un risque accru d'égarement ou d'erreur.
L'auteur ici a fait le choix, assez classique de la part d'un journaliste, de donner à voir et à raconter, et de donner des exemples extrêmes. Pour autant cela n'ôte pas toute validité à ce qu'il dit. Après tout, ce sont des cas concrets donc révélateurs de choses qui se sont passées pour certains hommes et dont on peut supposer qu'elles ont eu lieu pour d'autres. Certes on ne peut inférer de son seul exemple que tout les fan d'idols sont des vierges tardifs, mais il loin d'être invraisemblable de supposer que certains le sont et partagent des points communs suffisants avec l'exemple donné.
Pour ce qui est de la subjectivité, il ne s'en cache pas.
Peut-être suis-je naïf, mais reprocher à quelqu'un qu'il ait l'honnêteté de ne pas prétendre écrire un ouvrage scientifique et plus encore d'être subjectif, cela me semble de mauvaise foi. Après, c'est au lecteur d'essayer de faire la part des choses, et de se demander d'ailleurs s'il n'y a pas que de l'ivraie dans ce qui est dit.
En effet, il n'y a pas d'exemple féminin. Et alors ? Rien ne l'oblige à en faire, rien ne l'oblige à en parler. Il me semble — mais je peux me tromper — qu'il annonçait dès le départ ne se pencher que sur les cas masculins, que sur la virginité tardive masculine. En quoi est-ce un manque ? Cela ne nie pas l'existence de vierges tardives. Ce n'est juste pas son point, son projet.
Peut-on alors étudier un phénomène en se concentrant sur une seule partie de la population ? Il me semble que oui, après tout on fait des études sur la place de telle ou telle ethnie dans la société.
Il pense qu'il y a davantage de vierges tardifs à Akihabara, milieu très particuliers nous sommes d'accord, qu'ailleurs. Pourquoi pas ? C'est une hypothèse de recherche comme une autre. Il aurait pu commencé par un monastère, c'eut été tout comme. il est vrai que son assertion selon laquelle il y a dans ce quartier 100 fois plus d'hommes vierges que dans d'autres quartiers de la ville s'est pas étayé ni fondée et semble plus relever du préjugé que d'autre chose (entendons nous bien, préjugé ne veut pas dire idée fausse).
Donc, son sujet, c'est les hommes vierges tardifs, et son hypothèse c'est qu'il va en trouver à Akihabara. Et il en trouve… après comme il l'a précisé à l'aide de statistique on ne peut plus officielles, 25% des hommes de 30 à 50 ans au Japon sont vierges, donc bon, il trouverait des vierges partout à ce stade-là. Ce qu'il n'arrive pas à prouver (mais, et c'est dommage, il ne voulait pas non plus le prouver), c'est que la population d'Akihabara est plus touchée que d'autres groupes sociaux.
Les vierges tardifs sont-ils plutôt des cadres, des ouvriers ? Ont-ils tels ou tels loisir ? L'auteur se contente de suggérer que cela concerne surtout les catégories d'ouvrier et d'employés pauvres…
Il se trouve que je me suis retrouvé dans certaines parties des portraits que faisait l'auteur. Alors, il se peut que je sois moi-même victime d'un biais, de la même manière qu'en lisant l'horoscope beaucoup tendent à se retrouver dans les descriptions qui sont faites. Pour autant, en vertu de ce que vous avez dit plus haut, si une anecdote n'est pas une preuve, alors le fait que vous ne vous retrouviez dans ces portrait ne prouve rien. Maintenant, si l'on suit la ligne que j'ai posé, ces portraits ne vous ont pas parlé, ils m'ont parlé sur certains points. Difficile dans ces conditions de trancher.
Je ne pense pas que le but de cet ouvrage soit de rendre laide ou ridicule la virginité tardive. Pour autant, l'auteur ne fait pas vraiment preuve d'une grande empathie, et d'ailleurs est très mitigé sur la possibilité pour les vierges tardifs de sortir de leur état (même s'il en donne un exemple). Il me semble que ce que le dessin tend à essayer d'exprimer, c'est que la frustration, la souffrance, le manque d'intégration sociale et de confiance sont source de laideur, enlaidissent les gens, leur quotidien et la perception que les autres ont d'eux. En tout cas, il ne me semble pas que le but soit de se moquer, loin de là. Ce n'est pas cohérent du coup avec les dires de l'auteur qui voit dans la virginité tardive une bombe démographique et sociale. S'il avait voulu se moquer, il aurait tourner ses portrait sur le thème des hommes vierge qui le sont encore parce qu'ils refusent de grandir et de devenir adulte, membres productifs et responsables de la société.
En conclusion, il y a des faiblesses dans son écrit, et un certain manque d'ambition. D'un autre côté, il ne visait pas non plus la rédaction d'une thèse ou d'un mémoire, ou d'un papier scientifique. Il faisait un reportage sur une réalité méconnu, au travers d'une galerie de portraits. On s'y retrouve, on ne s'y retrouve pas, mais là c'est comme dans tout reportage, ou même dans des études scientifiques.