- 13 avr. 2019, 13:06
#218987
C'est amusant parce qu'on est deux meufs à vous dire qu'il faut arrêter de nous mater et de nous aborder dans la rue (j'ai même pris le temps d'expliquer ce que peuvent ressentir les femmes dans la rue, endroit qui leur est franchement hostile, mais vous vous en fichez comme de l'an 40), et en fait vous continuez à dire : "oui mais on va plus pouvoir draguer, oui mais vous représentez pas toutes les femmes" (en attendant y'en a combien aujourd'hui qui disent qu'elles kiffent se faire mater dans la rue ? j'aimerais bien que vous me les trouviez ; si ça t'arrive une fois par an, effectivement, c'est pas terrible, mais si c'est 10 fois par jour, ça devient invivable : mais partir du principe que potentiellement vous pourriez gêner une femme, visiblement, ça vous pose aucun souci).
Personne n'a dit qu'il était interdit d'aborder les femmes, quel que soit le contexte. On vient nous sortir des interdits genre le travail, les bars, la bibliothèque, etc. Je rappelle qu'on parlait des lieux publics, en fait, et de la rue, essentiellement.
Perso, je continue à penser que mater fixement comme un gros pervers (et j'insiste sur le mot, peut-être que vous comprendrez ce qu'une femme ressent quand elle en est la victime) est un manque de savoir-vivre évident ; en revanche, je ne vois pas où j'aurais dit, et Eeyore non plus, qu'il était interdit de signifier son intérêt à une femme dans un bar ou au travail. Le bar ou la boîte, pour moi ce sont typiquement les endroits où justement tu t'arrêtes, tu te poses, et tu es ouvert à la rencontre. A chaque fois que je sors avec des potes on finit par parler avec la table d'à côté, et c'est pas forcément de la drague d'ailleurs, mais personne se formalise qu'on se mette à discuter ensemble parce que le lieu est fait pour ça.
Au boulot, c'est encore différent, mais je vois pas qui vous a empêchés en aucune façon de proposer à une nana de votre taf de se voir en-dehors pour apprendre à faire connaissance. J'ai même exhorté 10 fois Azrael à le faire avec son coup de cœur, mais à part ça, on est que des méchantes qui veulent vous enlever toute possibilité de draguer et de coucher !
La rue, pour une femme, c'est pas safe. J'entends bien ce qu'a dit deadwood, mais il a bien fait de rappeler qu'il parlait d'une autre époque : Despentes aussi, quinqua de son état, a fait du stop quand elle était mineure. Bon, elle est tombée sur un groupe de mecs qui l'a menacée au couteau et violée, mais sinon, ouais, les gens s'inquiétaient pas trop de ça dans les années 70.
Après, j'ai entendu ma mère me parler des détours qu'elle faisait en revenant de l'école car y'avait des endroits où elle savait que des mecs se postaient pour tripoter les filles, et c'était dans un petit village.
Si tout ce que les femmes ont pu exprimer, avec #MeToo, et le nombre d'agressions qu'elles subissent quotidiennement dans la rue et dans les transports ne vous ont pas gênés, et que votre seule réaction c'est "onpeupludraguer", alors moi personnellement, ça me rend triste. Ça me rend hyper triste que votre "droit à draguer" passe avant les sentiments de bien-être des femmes qui pourtant vous disent et vous redisent : non, on n'a pas envie dans la rue de se faire emm*rder. Et même si t'es un gentil, t'es probablement le 6e aujourd'hui donc non, je ne veux pas.
Y'a des tas de moments dans la vie où vous socialisez. Y'a les études, la fac, le lycée, le boulot, les bars, les boîtes, etc. Mais non : faut avoir le droit de mater les meufs dans la rue et de venir leur demander leur 06, alors même qu'elles sont obligées d'avoir des lacrymos dans leur sac pour pas avoir peur de rentrer toutes seules.