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par Gilbert
Homme de 46 ans non vierge
#255915
Eno,
Il ne faut pas voir les choses du point de vue des handicapées mais de c'est celui des travailleurs. Ce seront des personnes issues du bas de l'échelle sociale qui s'y colleront et seront totalement exploitées par le marché. Je ne pense pas qu'il y aura une utilisation "thérapeutique" de ces services avec remboursement par la sécu ou les mutuelles : seuls les handicapés aisés pourront se payer ça.
Cela fera comme la Gestation Pour Autrui, qu'on nous présente comme quelque chose d'humaniste alors qu'il s'agit de l'exploitation totale des personnes les plus pauvres au profit des plus riches (consommateurs et entrepreneurs).
Il faut avoir une vision globale de ces questions.
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par Lux
Femme de 37 ans non vierge
#255928
Eno a écrit : 05 janv. 2024, 15:42 Il est vrai que la page Wikipédia de Guillaume Pley est relativement gratinée... :skull:
Enfin, vous aurez compris que c'était pas spécialement pour lui faire de la pub que j'ai partagé la vidéo évidemment, mais juste pour parler du sujet de fond.
Je sais, ne t'inquiète pas. Ca me faisait juste du bien de le rappeler car je pense que beaucoup de gens ne le savent pas, ou ne s'en souviennent pas. Je ne voulais pas dire que tu avais tort d'avoir posté sa vidéo, je comprends tout à fait qu'on ne sache pas qui il est, puisqu'il le cache...


Eno a écrit : 05 janv. 2024, 15:42
Sinon je pense que le sexe même tarifé, s'il est pratiqué de façon « thérapeutique » (ce qui est ici l'objectif affiché), peut évidemment aider. Après c'est comme pour n'importe quelle pratique thérapeutique : ça dépend de chaque personne, du contexte, de la qualité du praticien, etc. Bref faut voir au cas par cas, y a pas de règle générale définitive. Mais, dans l'absolu, pourquoi ce serait forcément néfaste et/ou inutile ? Bien sûr que ça peut aider des gens, c'est affirmer l'inverse qui est présomptueux. Mais pas pour qu'ils restent confis à jamais dans ce type de relations ! Justement pour permettre, comme toute thérapie digne de ce nom, une évolution et une réappropriation. Pour retourner précisément vers cette sexualité libre et spontanée que tu appelles de tes vœux. Ce n'est jamais qu'une béquille temporaire. Mais les béquilles c'est utile quand tu as besoin de réapprendre à marcher.
Ma réflexion était d'ordre empirique et se basait sur ce que j'ai pu lire ici. Tu as raison, ce n'est pas scientifiquement valable, donc il est possible que parfois cela puisse aider les gens.
Néanmoins, la prostitution "thérapeutique" que tu appelles de tes voeux, je pense que ça n'existe pas, à part effectivement l'assistance sexuelle mais qui est généralement réservée aux personnes souffrant d'un handicap physique.
Généralement, les hommes (car ce sont surtout eux qui ont recours à la prostitution) qui n'arrivent pas à avoir de relations sexuelles et qui en souffrent vont aller voir une prostituée "classique". Pas quelqu'un qui va les aider à prendre confiance en eux, ou à se réapproprier leur corps et leur sensualité.

Je vais vous faire une confidence (je ne sais plus si j'en avais parlé ici, tant pis) : très ponctuellement, je me suis prostituée quand j'étais plus jeune. J'ai dû le faire une dizaine de fois maximum. C'était une sorte de fantasme que j'avais, et puis j'étais étudiante, je me suis dit que ça mettrait un peu de beurre dans les épinards. Bref, je prenais contact avec des hommes sur une plateforme internet. Une fois, je suis allée chez un homme qui n'était pas vierge tardif (il avait été divorcé), mais qui avait un énorme problème de confiance en lui. Je pense qu'il avait dû probablement subir une opération bariatrique, perdre beaucoup de poids, son corps était objectivement assez déformé.
Je pense que je n'ai pas bien géré la situation. Il était adorable et je pense n'avoir pas été désagréable non plus. Je ne l'ai pas repoussé, j'ai fait ce dont il avait envie, ce qu'on avait convenu. On est restés au lit un moment, il s'est même mis à pleurer dans mes bras... mais j'étais honnêtement un peu pétrifiée parce que je ne savais pas quoi faire. Je n'étais absolument pas formée à ça, et en plus, je ne m'attendais pas à ça car il avait pris contact avec moi sans m'expliquer ses difficultés (je ne dis pas qu'il avait à le faire, non plus, c'est très délicat).
Je ne pense pas avoir eu suffisamment de gestes doux pour le rassurer. Je ne suis pas une professionnelle de santé, les prostituées ne bénéficient évidemment d'aucune formation.
C'est pour ça qu'à mon sens, se tourner vers la prostitution n'est jamais la solution. Dans 90% des cas, vous avez en face de vous quelqu'un qui peut être humain mais qui vient pour une prestation d'une heure et qui veut toucher son billet.

Je pense que, sans arriver jusqu'à des actes sexuels, on peut aussi reprendre confiance en soi et reprendre attache avec son corps grâce à des professionnels : des psys et/ou des masseurs, qui sont aussi là pour vous remettre en lien avec votre corporalité. Je ne suis pas complètement sûre qu'il faille nécessairement un acte sexuel pour aider les gens qui ont ce genre de difficultés.

Dernière remarque : vous noterez quand même que, hors du spectre du handicap, les femmes ne font quasiment jamais appel à la prostitution quand elles sont vierges tardives. Pour avoir écumé ce forum pendant des années, j'ai très, très rarement lu une femme dire qu'elle allait faire appel à un escort pour se débarrasser de sa virginité et se reconnecter à son corps.
La question de l'accès la prostitution, et de l'accès au corps de l'autre, reste une question très genrée, qui pose quand même beaucoup de questions. Personnellement, je n'ai jamais envisagé, même quand j'étais vierge et que je me sentais la plus hideuse du monde, avoir recours à un escort. En revanche, il a toujours trotté dans ma tête l'idée qu'un jour un homme pourrait me payer pour coucher avec moi.
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par Eno
Homme de 41 ans non vierge
#255944
En fait on mélange deux trucs je crois, mais c'est de ma faute. C'est moi qui les ai mélangés dès le premier message de ce topic.

1 • Les personnes qui ont un handicap physique qui les empêche formellement de se toucher ou d'avoir une sexualité ordinaire.
2 • Les personnes handicapées dans un sens plus général du terme (incluant donc aussi le handicap intellectuel et le handicap psychique) mais qui ont accès théoriquement à une vie intime.

Cela dit je ne suis pas le seul à mélanger ces sujets, puisque par exemple Cybèle, l'assistante sexuelle interviewée dans les vidéos postées par MathSo en première page, ne semble pas non plus cloisonner les différents handicaps. Le site officiel de l'APPAS (Association Pour la Promotion de l'Accompagnement Sexuel) ne semble pas plus faire de distinction, et parle simplement de « personnes en situation de handicap », sans précisions sur la nature du handicap.

Pour le premier cas, je ne vois pas trop comment on peut faire sans assistance sexuelle à vrai dire. Il y a un problème mécanique évident. Et il y a aura toujours plus d'acceptabilité sociale pour ces cas-là, qui sont moins « discutables » parce que visibles au premier coup d'œil.

Pour le second, qui inclut une variété extrême de profils et de difficultés, là oui ça devient plus subtil. Et c'est là où cette citation peut s'entendre :

Lux a écrit : 06 janv. 2024, 13:42
Je pense que, sans arriver jusqu'à des actes sexuels, on peut aussi reprendre confiance en soi et reprendre attache avec son corps grâce à des professionnels : des psys et/ou des masseurs, qui sont aussi là pour vous remettre en lien avec votre corporalité. Je ne suis pas complètement sûre qu'il faille nécessairement un acte sexuel pour aider les gens qui ont ce genre de difficultés.

Tu as peut-être raison. Peut-être que des thérapies classiques (psychologue, sexologue...) et/ou des activités corporelles (massages...) peuvent suffire à (re)trouver un équilibre dans sa sexualité, même quand celle-ci est complètement chamboulée à la base. C'est d'ailleurs ce vers quoi je m'oriente personnellement, étant dans le handicap psychique, sans déficience intellectuelle ni problème physique.

Mais franchement c'est à voir au cas par cas, parce que c'est tellement varié les profils de handicaps que j'ai pu croiser dans ma vie... Pas sûr qu'on puisse faire une réponse définitive pour tout le monde.
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par Lux
Femme de 37 ans non vierge
#255972
Je suis d'accord. Il y a bien deux situations différentes à mon sens.
D'un côté, un besoin d'aide mécanique (mais qui passe sous silence la question de l'intimité et de la relation amoureuse : oui, c'est bien d'avoir une aide "technique" mais même une personne paralysée peut avoir envie d'aimer, d'être aimée, et de vivre une histoire d'amour qui ne se résume pas à une branlette tous les deux mois...) ; de l'autre, un besoin thérapeutique sur le plan psychique.
Dans les deux cas, l'envie d'intimité, d'une relation à l'autre, ne sera jamais assouvie par des professionnels ou des thérapeutes. Ils peuvent juste aider à créer les conditions de se sentir capable d'aller vers l'autre.