Venez ici pour discuter de vos complexes sexuels.
par Titor
Homme de 50 ans non vierge
#238688
Bonjour tout le monde,

Ça fait quelques années que je me demande pourquoi ça ne marchait jamais. J'en suis venu à penser que c'était peut-être dû à une perception défectueuse du monde.

Voilà, en gros ma théorie. Bon c'est peut-être un peu tiré par les cheveux et trop généralisant. Peut-être cependant, certains s'y retrouveront ?



1) Comment notre perception du monde est déterminée

Ce qu'on appelle la fonction symbolique, c'est, pour faire simple, la faculté de représenter dans son esprit des objets absents et de leur attribuer des noms. En fait, ces deux facultés (représentation, nommage) n'en font qu'une : il n'existe pas d'objet que nous pouvons penser sans lui attribuer un nom, aussi vague soit-il. Par exemple, essayez de vous représenter le néant : vous n'y parviendrez pas, vous verrez peut-être, au début, une sorte de grisaille dans votre esprit, puis vous pousserez plus loin en vous demandant à quoi peut bien "ressembler" le "rien" et vous buterez toujours sur la représentation de quelque chose et d'un nom : bref, le néant n'est pas symbolisable, on ne peut le percevoir. Objection : vous me direz que le mot "néant" existe bel et bien ; réponse : oui, mais le mot "néant" ne symbolise pas la perception "vécue" du néant mais seulement l'idée "logique" qui lui est liée, à savoir le "rien" : il en est de même pour quantité d'autres termes, comme l'infini, Dieu, les valeurs comme le Beau, le Bien, le Vrai, etc.

La fonction symbolique, qui apparaît vers l'âge de 3 ans je crois, nous permet donc de distinguer nos perceptions en les nommant : on pourrait dire que le langage nous permet de "goûter" le monde ; mettre des mots sur notre vécu c'est le "sentir". Cependant, cette capacité est le résultat d'une maturation de notre psychisme. Autrement dit nous ne pouvons parler que de ce que nous percevons et nous ne pouvons percevoir une chose que si notre psychisme est structuré de façon à pouvoir la percevoir. Par exemple, dans le cas de troubles du développement (autisme, etc.), le psychisme peut présenter des "lacunes perceptives" : certaines structures ne sont pas présentes parce qu'elles ne se sont pas développées dans le cerveau : dans une émission sur l'autisme, une personne qui en était atteinte disait, par exemple, que lorsqu'elle devait serrer la main à quelqu'un, elle ne savait pas "combien de temps" elle devait tenir cette main : cette question n'a pas de sens pour les non-autistes car ces derniers perçoivent le geste de de se serrer la main comme une convention sociale (au même titre que dire bonjour) et dans laquelle, le paramètre du temps ne tient aucun rôle ; à l'inverse, pour la personne autiste, la notion de convention sociale n'aura aucun sens.

Finalement, le monde dans lequel nous vivons est, du point de vue du sens, le résultat des perceptions que nous en avons, dont nous pouvons parler, et ces dernières sont déterminées par la façon dont notre psychisme a muri.

2) Le lien avec l'impossibilité de séduire

2-a) Les "lacunes perceptives"

Je me souviens qu'à l'adolescence, je n'arrivais pas à me figurer (comme dans l'exemple plus haut du néant) la façon dont une relation amoureuse pouvait s'amorcer et encore moins comment une relation sexuelle pouvait s'actualiser. Ce que je voyais dans mon esprit c'était moi d'un côté, une fille dont j'étais amoureux de l'autre et, entre les deux, un abîme sans fond. Je pense à présent que je n'étais tout simplement pas en mesure de percevoir cette dimension des relations sociales qu'est la relation amoureuse. On peut aussi comparer ce genre de situation au cas des gens qui sont daltoniens (trouble qui a une origine génétique) : leur système oculaire s'est développé de tel façon qu'ils ne peuvent pas distinguer entre le rouge et le vert : pour eux, cette distinction n'a aucun sens.

Bref, un développement anormal du psychisme, une maturation incomplète notamment, entraîne des lacunes perceptives, dont nous ne sommes d'ailleurs que rarement conscients, et qui sont autant de "poins aveugles" sur le fonctionnement des relations sociales. Faute de ne pas percevoir ces mécanismes fondamentaux qui règlent les échanges humains, nous ne cessons d'échouer dans les tentatives de réaliser nos désirs de la même manière qu'un daltonien échouerait à distinguer le vert du rouge.


2-b) De la nécessité de voir l'autre comme sujet

Selon moi, l'ensemble de ces lacunes se rapportant au domaine des relations sociales peut apparaître comme la conséquence d'une lacune fondamentale et qui conditionne toutes les autres : celle ne pas être capable de percevoir l'autre comme un sujet "autre que soi", de ne pas être en mesure de percevoir l'altérité. Au contraire, fort de cette lacune, en voyant l'autre, on ne voit que soi-même (sans s'en rendre compte), ce qui assigne à l'autre le statut d'un objet et d'un objet particulier : un miroir.

Là, je ne sais pas trop en dire plus car justement je pense avoir une telle lacune et ne perçois donc pas le monde comme il le faut. Cependant, je reste persuadé que pour pouvoir percevoir (et désirer) l'autre en tant qu'autre (et non en tant qu'objet-image-de-soi), il faut, précisément, s'être d'abord constitué soi-même comme sujet entier. Les gens dont la maturation du psychisme a connu des troubles développementaux, sont restés un peu au stade de "l'enfant roi", illusion dans laquelle nous sommes tout puissants en imagination et totalement impuissants en fait. Dans ce stade infantile (et qui est normal quand on est enfant), il n'y à pas à proprement parler de sujet car l'enfant n'est pas autonome : ce qu'il parvient à réussir ou se procurer ne vient pas entièrement de lui, comme il le croit, mais de l'assistance de ses parents (par exemple, il n'a pas à travailler pour se nourrir). Ce n'est que lors de l'adolescence que la séparation se faisant, l'autonomie commence à apparaître et quand la personne est autonome, tant sur le plan matériel qu'affectif, qu'elle accède au statut de sujet à part entière. Mais précisément ce passage ne peut se faire que si le psychisme se développe correctement car, le développement du psychisme déterminant notre capacité de percevoir le monde et l'acquisition de l'autonomie procédant d'une nouvelle perception du monde (c'est l'âge où on veut voyager, partir de chez soi, construire sa vie, etc.), on voit que s'il manque cette faculté de percevoir, de goûter le monde différemment, le passage ne se fera pas.

3) Conclusion

Je pense que l'impossibilité que quelqu'un peut rencontrer à séduire et avoir des relations sexuelles peut procéder d'une perception du monde inadéquate qui, en désirant l'autre, ne fait, sans s'en rendre compte que désirer non pas l'autre en tant que sujet mais le fait de se voir réussir à avoir une relation sexuelle avec cet autre objet-miroir-de-soi.

Maintenant, tout ceci dit, j'avoue n'avoir aucune idée de la façon dont on peut faire murir son psychisme quand ce dernier n'a pas connu un développement normal...

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Voilà, voilà. Je ne sais pas ce que ça vaut mais c'est une tentative d'explication comme une autre.
Mimi2020 aime ça
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par Pasta
Homme de 36 ans vierge
#238690
En ce qui me concerne je ne pense pas que l’explication soit valable. Je sais très bien au fond comment se forment les relations amoureuses, mais j’ai un peu trop la trouille de faire ce qu’il faudrait.
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par MathSo
Homme de 29 ans vierge
#238734
Ah moi je trouve que c'est un raisonnement intéressant, et qui se tient Titor. Je ne trouve pas non plus que ce soit tiré par les cheveux, bien au contraire. Moi même je n'aurais pas pensé à ce genre de chose. C'est très philosophique aussi ... Je pense que tu devais avoir de supers notes en philo au lycée :sweat_smile: .

Personnellement, j'ajouterais qu'il existe aussi des facteurs extérieurs qui sapent cette "perception inadéquate du monde", et par conséquent, des relations amoureuses.

Prenons un exemple tout simple : celui des personnes qui ont subi du harcèlement dans leur jeunesse (et même pendant leur vie d'adulte) ; ou encore des personnes qui n'ont pas eu une enfance facile ... ou même toxique (des parents absents, toxiques ou rabaissant ... Dans le pire des cas maltraitants ...).

Tout cela vient saper la confiance ainsi que l'estime que l'on a de nous même. Et inéluctablement, ce sera le genre de personne qui (une fois arrivée à l'âge adulte) sera effacée, renfermée ... . Qui n'aura que peu d'amis, car on lui aura faussé sa vision des relations humaines. On lui aura montré que les gens étaient foncièrement mauvais.

Ce que l'on a subi au cours de notre vie vient donc influer sur cette fameuse perception.

Après, quand à l'impossibilité de séduire, il y aura toujours des personnes qui ne seront pas douées dans ce domaine : condamnées à rester dans la case de l'éternel "bon pote" avec qui ca n'ira jamais plus loin.
C'est triste à dire, mais c'est la réalité :pensive:
par Titor
Homme de 50 ans non vierge
#238753
Merci à tous les trois pour vos réponses.

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MathSo a écrit : 07 juil. 2021, 22:18 Personnellement, j'ajouterais qu'il existe aussi des facteurs extérieurs qui sapent cette "perception inadéquate du monde", et par conséquent, des relations amoureuses.

Prenons un exemple tout simple : celui des personnes qui ont subi du harcèlement dans leur jeunesse (et même pendant leur vie d'adulte) ; ou encore des personnes qui n'ont pas eu une enfance facile ... ou même toxique (des parents absents, toxiques ou rabaissant ... Dans le pire des cas maltraitants ...).
Tout à fait, c'est même la source, la cause de ces "lacunes perceptives". J'ai moi-même un passé très lourd en ce domaine. Si tu en as le coeur, tu peux lire ma présentation ici : viewtopic.php?f=156&t=6916.
Je vais essayer de trouver la tienne.

Bon courage à toi,
MathSo aime ça
par Mimi2020
Femme de 44 ans vierge
#239901
Titor a écrit : 05 juil. 2021, 20:42 Bonjour tout le monde,

Ça fait quelques années que je me demande pourquoi ça ne marchait jamais. J'en suis venu à penser que c'était peut-être dû à une perception défectueuse du monde.

Voilà, en gros ma théorie. Bon c'est peut-être un peu tiré par les cheveux et trop généralisant. Peut-être cependant, certains s'y retrouveront ?



1) Comment notre perception du monde est déterminée

Ce qu'on appelle la fonction symbolique, c'est, pour faire simple, la faculté de représenter dans son esprit des objets absents et de leur attribuer des noms. En fait, ces deux facultés (représentation, nommage) n'en font qu'une : il n'existe pas d'objet que nous pouvons penser sans lui attribuer un nom, aussi vague soit-il. Par exemple, essayez de vous représenter le néant : vous n'y parviendrez pas, vous verrez peut-être, au début, une sorte de grisaille dans votre esprit, puis vous pousserez plus loin en vous demandant à quoi peut bien "ressembler" le "rien" et vous buterez toujours sur la représentation de quelque chose et d'un nom : bref, le néant n'est pas symbolisable, on ne peut le percevoir. Objection : vous me direz que le mot "néant" existe bel et bien ; réponse : oui, mais le mot "néant" ne symbolise pas la perception "vécue" du néant mais seulement l'idée "logique" qui lui est liée, à savoir le "rien" : il en est de même pour quantité d'autres termes, comme l'infini, Dieu, les valeurs comme le Beau, le Bien, le Vrai, etc.

La fonction symbolique, qui apparaît vers l'âge de 3 ans je crois, nous permet donc de distinguer nos perceptions en les nommant : on pourrait dire que le langage nous permet de "goûter" le monde ; mettre des mots sur notre vécu c'est le "sentir". Cependant, cette capacité est le résultat d'une maturation de notre psychisme. Autrement dit nous ne pouvons parler que de ce que nous percevons et nous ne pouvons percevoir une chose que si notre psychisme est structuré de façon à pouvoir la percevoir. Par exemple, dans le cas de troubles du développement (autisme, etc.), le psychisme peut présenter des "lacunes perceptives" : certaines structures ne sont pas présentes parce qu'elles ne se sont pas développées dans le cerveau : dans une émission sur l'autisme, une personne qui en était atteinte disait, par exemple, que lorsqu'elle devait serrer la main à quelqu'un, elle ne savait pas "combien de temps" elle devait tenir cette main : cette question n'a pas de sens pour les non-autistes car ces derniers perçoivent le geste de de se serrer la main comme une convention sociale (au même titre que dire bonjour) et dans laquelle, le paramètre du temps ne tient aucun rôle ; à l'inverse, pour la personne autiste, la notion de convention sociale n'aura aucun sens.

Finalement, le monde dans lequel nous vivons est, du point de vue du sens, le résultat des perceptions que nous en avons, dont nous pouvons parler, et ces dernières sont déterminées par la façon dont notre psychisme a muri.

2) Le lien avec l'impossibilité de séduire

2-a) Les "lacunes perceptives"

Je me souviens qu'à l'adolescence, je n'arrivais pas à me figurer (comme dans l'exemple plus haut du néant) la façon dont une relation amoureuse pouvait s'amorcer et encore moins comment une relation sexuelle pouvait s'actualiser. Ce que je voyais dans mon esprit c'était moi d'un côté, une fille dont j'étais amoureux de l'autre et, entre les deux, un abîme sans fond. Je pense à présent que je n'étais tout simplement pas en mesure de percevoir cette dimension des relations sociales qu'est la relation amoureuse. On peut aussi comparer ce genre de situation au cas des gens qui sont daltoniens (trouble qui a une origine génétique) : leur système oculaire s'est développé de tel façon qu'ils ne peuvent pas distinguer entre le rouge et le vert : pour eux, cette distinction n'a aucun sens.

Bref, un développement anormal du psychisme, une maturation incomplète notamment, entraîne des lacunes perceptives, dont nous ne sommes d'ailleurs que rarement conscients, et qui sont autant de "poins aveugles" sur le fonctionnement des relations sociales. Faute de ne pas percevoir ces mécanismes fondamentaux qui règlent les échanges humains, nous ne cessons d'échouer dans les tentatives de réaliser nos désirs de la même manière qu'un daltonien échouerait à distinguer le vert du rouge.


2-b) De la nécessité de voir l'autre comme sujet

Selon moi, l'ensemble de ces lacunes se rapportant au domaine des relations sociales peut apparaître comme la conséquence d'une lacune fondamentale et qui conditionne toutes les autres : celle ne pas être capable de percevoir l'autre comme un sujet "autre que soi", de ne pas être en mesure de percevoir l'altérité. Au contraire, fort de cette lacune, en voyant l'autre, on ne voit que soi-même (sans s'en rendre compte), ce qui assigne à l'autre le statut d'un objet et d'un objet particulier : un miroir.

Là, je ne sais pas trop en dire plus car justement je pense avoir une telle lacune et ne perçois donc pas le monde comme il le faut. Cependant, je reste persuadé que pour pouvoir percevoir (et désirer) l'autre en tant qu'autre (et non en tant qu'objet-image-de-soi), il faut, précisément, s'être d'abord constitué soi-même comme sujet entier. Les gens dont la maturation du psychisme a connu des troubles développementaux, sont restés un peu au stade de "l'enfant roi", illusion dans laquelle nous sommes tout puissants en imagination et totalement impuissants en fait. Dans ce stade infantile (et qui est normal quand on est enfant), il n'y à pas à proprement parler de sujet car l'enfant n'est pas autonome : ce qu'il parvient à réussir ou se procurer ne vient pas entièrement de lui, comme il le croit, mais de l'assistance de ses parents (par exemple, il n'a pas à travailler pour se nourrir). Ce n'est que lors de l'adolescence que la séparation se faisant, l'autonomie commence à apparaître et quand la personne est autonome, tant sur le plan matériel qu'affectif, qu'elle accède au statut de sujet à part entière. Mais précisément ce passage ne peut se faire que si le psychisme se développe correctement car, le développement du psychisme déterminant notre capacité de percevoir le monde et l'acquisition de l'autonomie procédant d'une nouvelle perception du monde (c'est l'âge où on veut voyager, partir de chez soi, construire sa vie, etc.), on voit que s'il manque cette faculté de percevoir, de goûter le monde différemment, le passage ne se fera pas.

3) Conclusion

Je pense que l'impossibilité que quelqu'un peut rencontrer à séduire et avoir des relations sexuelles peut procéder d'une perception du monde inadéquate qui, en désirant l'autre, ne fait, sans s'en rendre compte que désirer non pas l'autre en tant que sujet mais le fait de se voir réussir à avoir une relation sexuelle avec cet autre objet-miroir-de-soi.

Maintenant, tout ceci dit, j'avoue n'avoir aucune idée de la façon dont on peut faire murir son psychisme quand ce dernier n'a pas connu un développement normal...

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Voilà, voilà. Je ne sais pas ce que ça vaut mais c'est une tentative d'explication comme une autre.
Moi je retiens "maturation psychique" c'est ce qui me parle le plus dans ta théorie.