Venez ici pour discuter de vos complexes sexuels.
par Espoir78
Femme de 46 ans vierge
#174990
Voilà tout est dans le titre. Puisque nous sommes plusieurs à avoir eu au moins un parent violent, je souhaite partager cette expérience en créant ce topic.

Comme expliqué dans d'autres posts, mon père a un passé d'homme violent et mes deux grands frères qui ont vu cela étant petits ont ensuite reproduit ce schéma.

Mon père a commencé à me frapper quand j'avais à peine deux ans. Je ne pouvais pas m'en souvenir, mais ma mère me l'a raconté. Il a même failli lever la main sur elle, mais la levait déjà sur mes frères, ce qui a entraîné le divorce de mes parents, car ma mère n'acceptait plus qu'il nous frappe, mes frères et moi.

Mon père n'a pas eu notre garde lors du jugement de divorce prononcé lorsque j'avais un an. Du coup, il a décidé de retourner dans sa région d'origine sans rien nous dire. Mais avant cela, il nous avait en garde alternée. Et je faisais des pieds et des mains à ma mère pour qu'elle ne nous y amène pas les week-ends sur deux et certaines vacances scolaires, car je savais qu'il allait me frapper. Mais c'était les conditions actées lors du jugement de divorce. Son départ précipité quand j'avais 8 ans, a à la fois été un soulagement et une trahison, parce qu'il est parti sans rien nous dire. Mais en même temps, je n'allais plus me prendre des coups !

Mais mes frères, en grandissant ont, pour ainsi dire, pris la relève en reproduisant ces actes de violence, en me frappant et en me rabaissant à leur tour, au moins jusqu'à l'adolescence. Et là, je continuais à vivre le calvaire à la maison (coups, insultes, agressions verbales, humiliations...) Et ce faisant, dès l'école primaire, j'étais une enfant extrêmement fermée. Je ne parlais pas du tout et ne jouais pas avec les autres enfants dans la cour. Cela m'avait même valu de participer à un programme pédagogique spécifique organisé par le psychologue de l'école, où il s'agissait d'aider les enfants à sortir de leur timidité par le théâtre. Et nous étions même partis deux semaines en classe de théâtre, dans le cadre de ce programme d'expérimentation. J'étais en CM2 à l'époque. Ça allait un peu mieux à la suite de cela, car avant de le commencer, je ne parlais pas du tout. Mais après, j'allais davantage vers les autres et je m'étais fait de nouvelles copines.

Sauf que les violences physiques et verbales et les humiliations continuaient à la maison et que je me suis retrouvée dans un collège où je ne connaissais personne. Alors, j'ai recommencé à me replier sur moi, avec le sentiment que mes appels au secours étaient devenus de nouveau inaudibles. À l'école primaire, mon mal être avait été décelé par les équipes pédagogiques. Mais là, j'étais de nouveau invisible.

Et lorsqu'on est enfant , on ne comprend pas ce qui se passe. On finit par penser que c'est normal de se faire taper au quotidien. Et on banalise la violence. On devient ensuite une proie facile aussi dans le monde extérieur. En effet, comme au lieu d'avoir évolué dans un environnement sain, où on nous aide à construire notre confiance en nous enfant, pour apprendre à se prémunir du danger de l'extérieur plus tard, les gens du monde extérieur décèlent notre impuissance et nos faiblesses. Il est malheureusement dans la nature humaine de profiter de la vulnérabilité d'autrui. Ainsi, j'ai aussi été victime de harcèlement scolaire avec violence physique et verbale à l'école puis de harcèlement moral au travail, avec menaces répétées de licenciement pendant un stage de fin d'études, lors d'un échange européen. Et avec le stress, cela m'avait provoqué de graves problèmes de santé, par la suite.

Tout ça pour dire que ça n'a rien d'une série de hasards malheureux ou d'une malédiction. Ça commence par de la violence à la maison, puis ça continue à l'école, avec le harcèlement scolaire et le cyber harcèlement et enfin au travail avec le harcèlement moral. On sait que lorsque la famille ne nous a pas aimés et protégés comme elle se le devait, et bien ensuite, on est une proie facile pour le monde extérieur.

On a aussi plus de difficulté à faire des rencontres, ou du moins "les bonnes" rencontres, car c'est peut-être plutôt cela, la problématique. Et puis, avec l'âge, si on n'a pas d'ami, on finit par avoir de moins en moins d'opportunités. Parallèlement, comme on sort rarement indemne d'une longue expérience de violences à la maison et à l'école, il devient très difficile de prendre confiance en soi et de se construire, car ça n'a pas pu être fait en tant voulu avec l'aide de la famille à la maison et des équipes pédagogiques à l'école.

Alors, il faut se faire aider. Et c'est parfois long, très long. Moi, j'ai vu beaucoup de psys jusqu'à présent. Et aucun ne m'a convenu. Donc maintenant, je viens d'en changer juste avant les vacances. Je la revois d'ailleurs demain. Et pour l'instant, le feeling est bien passé. Et encore faut-il en avoir aussi l'énergie. Il m'arrive parfois d'être découragée. Mais je veux m'en sortir et pourquoi pas moi aussi un jour finir par militer contre les violences faites aux femmes en sensibilisant les enfants qui ne doivent pas les reproduire. Pour l'instant, je n'en ai bien évidemment pas l'énergie. J'ai tendance à avoir des épisodes dépressifs chroniques. Je me sens très fatiguée à certaines périodes. Mais j'arrive à sortir, au moyen de sites de sorties du type OnVaSortir, car n'ayant pas d'ami, cela me permet de sortir avec des gens, ce qui n'est pas négligeable. J'avais, par le passé, des compulsions alimentaires qui me faisaient grossir, en réponse à cette violence et à ce rejet des autres. Mais je m'en suis débarrassée pour de bons en mars dernier, après mon emménagement.

L'heure est maintenant pour moi à la construction de soi et de la confiance en soi, pour mettre fin à ces épisodes dépressifs. Je ne dois plus me focaliser sur cette obsession d'être en couple, d'avoir des enfants et d'évoluer dans ma carrière, pas seulement comme une fin en soi, mais comme une victoire par rapport à ce passé (violence, problèmes de santé, etc).

La victoire, c'est déjà de guérir de cette dépression épisodique qui va et qui vient et de renouer avec la confiance en soi. Je me dis que je peux y arriver. J'ai appris à nager à l'âge de 12 ans, dans le Var, alors en vacances. J'ai eu des cours particuliers, où j'ai réussi à surmonter ma peur de l'eau. J'ai pris confiance et m'y appuie à chaque fois que je vais nager. Dans l'eau, je ne suis plus la même qu'au quotidien. Cet exemple a une valeur très symbolique pour moi, car mes progrès en la matière ont été spectaculaires ! Alors je me dis que si ça a fonctionné dans ce domaine, je réussirai parallèlement à surmonter mes autres peurs, par le biais du même processus. Je vais dans un premier temps capitaliser là-dessus, continuer dans mon élan de nouvelles rencontres en parallèle et nous verrons bien ce qu'il en sera.

Mais rien n'est simple. L'important demeure dans la volonté de vouloir aller mieux. Je me suis sentie humiliée diminuée et rabaissée par cette expérience de violence. Mon père revient de temps à autre dans la région (à peu près une fois par an). En 2000, cela faisait 14 ans qu'on ne l'avait pas vu. Maintenant, je ne le vois plus vraiment, ni mes frères, d'ailleurs, ou rarement. Je leur en veux encore profondément, parfois, et ressens toujours de la colère, cette colère dont je n'ai jamais pu me débarrasser et dont je veux aujourd'hui me libérer. Car ces violences et humiliations qu'ils m'ont fait subir m'ont déstabilisée et ce faisant empêchée de construire ma vie d'adulte, une relation durable avec un homme, fonder une famille, etc. Cette expérience m'a en effet complètement détruite et brisée. Alors, je suis subjuguée quand j'apprends que d'autres personnes réussissent à être solides et à avoir un beau parcours linéaire en ayant vécu la même chose. Je me dis, mais comment ont-elles fait pour trouver une telle force psychologique qui leur ont donné confiance en elles ? C'est si rare en effet. Je pense que dans la majorité des cas, les gens réagissent comme moi. Voilà, encore désolée pour ce pavé.
Frederim aime ça
Avatar de l’utilisateur
par Lereveur
Homme de 42 ans non vierge
#175061
Ne t'excuse pas pour le pavé, il faut ce qu'il faut pour exprimer clairement son ressenti.

Je peux me faire une idée de ce que par quoi tu es passée, car bien que n'ayant pas eu des parents violents, j'ai connu le harcèlement scolaire. En tout cas je trouve lamentable l'aveuglement des systèmes judiciaire et scolaire. Si des adultes ont décelé ton mal-être, personne ne t'a demandé pourquoi ça n'allait pas ? Et si ils l'ont fait, personne ne t'a cru ?

Tu ne dois évidemment absolument rien à ton père et à tes frères vu leur comportement. Des excuses de leur part seraient déjà le minimum du minimum...

Mais tu fais en sorte d'avancer, c'est déjà bien.
Avatar de l’utilisateur
par Florent
Homme de 41 ans vierge
#175073
J'ai aussi été battu par mes parents.
Ma mère était folle, atteinte d'une grave maladie (je n'ai jamais vraiment su ce que c'était, mais mon père, des années et des années après, m'avait dit que c'était proche de la folie). Elle me battait pour passer ses nerfs. Elle était aussi suicidaire, à entendre mon père encore une fois, les pompiers devaient souvent venir l'en empêcher.
Mon père à cette époque était très absorbé par son travail. Mais quand elle me battait, il venait souvent l'en empêcher.

Puis quand ma mère s'est suicidé (devant moi), mon père s'est mis à l'alcool. Et à force de boire, il est devenu à son tour très violent. En gros, tout ce qu'il arrivait, c'était ma faute. Niveau violence, ça oscillait entre gros coups dans la gueule (à cette époque, mon père avoisinait les 160 kilos) et coups de ceinture. Et une fois, il m'a couru après, un couteau de cuisine à la main, pour "rigoler" (il a chialé quand il a compris ce qu'il faisait, et pour ma part la pitié a succédé à la peur). Mais plus que la violence physique, la violence verbale était très forte. Si c'est bien vrai ce que mon père m'a raconté, en gros ma mère et lui envisageaient de divorcer depuis belle lurette. Et ils se battaient pour savoir qui allait me garder. Ce que personne ne voulait.

Ma soeur est née quelques années avant le suicide de ma mère. C'était l'enfant chouchou de mon père. Je me souviens d'un jour, je devais avoir une dizaine d'années (ma soeur ets née 4 ans après moi), mon père rentrant furibard et bourré dans notre chambre et venant claquer sa ceinture sur ma peau (les voisins voyant toute la scène) parce que je ne jouais pas avec ma soeur. Et une autre fois où ma soeur avait écrit "papa est un gros idiot !" avec ses excréments sur un mur de ma chambre. Devinez qui a tout pris...
Ou mon père venant me frapper parce que je n'emmenais jamais de nanas ce qui prouvait que j'étais un "sale homosexuel" (oui, mon père déteste les homosexuels, les arabes, les femmes, etc).

A un moment, il était devenu tellement violent que je me suis mis à dormir dans la rue. Et ce qui me faisait le plus mal, c'est que quand il se rendait compte de ce qu'il faisait, il chialait et me disait qu'il fallait mieux que lui aussi en finisse "comme ma mère" pour qu'il ne me fasse plus de mal.

J'en ai beaucoup voulu à ma soeur, et à mon père. Puis j'ai commencé à pardonner. J'avoue que mon père n'a pas eu non plus une vie facile (pas d'amis, que la bouteille avec lui, des difficultés financières de plus en plus importantes (je me rappelle, un jour, on est allé quémander aux voisins s'ils avaient quelques aliments, même périmés, à nous refiler. Ils nous ont donné de la chapelure à manger et nous, on était tout content...). Ma soeur a vite mûri, et j'avoue que j'ai de bons rapports avec elle depuis pas mal d'années. Il y a peu, je lui ai même avoué ma VT, chose que je ne ferais jamais à mon père.
Mon père a perdu toute sa violence avec l'âge, mais est devenu dépressif depuis le temps. Je le vois une fois tous les 2 mois.

Sinon, niveau collège et lycée, j'ai été aussi la tête à claques. Je pesais beaucoup à l'époque pour mon âge, j'avais une touffe à la Jackson Five car pas de sous pour aller au coiffeur, et bon j'étais quand même très moche avec des grosses lunettes à la Alain Deloin des Inconnus.
Un jour, des nanas ont fait une simulation de viol avec moi. Pas du viol à proprement parler, non. Plusieurs m'ont maintenu plaqué au sol, et l'une a déboutonné mon jean, car j'avais "une grosse b.ite pour mon âge" et elles voulaient savoir si c'était vrai ou du chiqué.
Et des mecs qui venaient se moquer de mon physique ou de mon accoutrement ("sale paysan", "gros", "moche", etc).
La seule fois où je me suis battu avec des gars, la proviseur du collège m'avait appelé dans son bureau en me disant qu'elle savait que ce n'était pas facile pour moi, mais qu'il fallait que je ne réponde pas aux moqueries de mes camarades.
Je n'en veux pas à mon père (il est plus à plaindre qu'autre chose), je n'en veux pas non plus à mes camarades de classe, d'autant plus que tout n'était pas gris et que j'avais pas mal de copains quand même (et de très bons souvenirs aussi de cette période-là).

Bref voilà.
Le problème, c'est que tous les psys que j'ai consulté au sujet de ma VT sont persuadés que ma VT et mon manque de confiance en moi viennent de tout mon passé. Je ne pense pas. Ca doit surement jouer, mais bon c'était il y a tellement longtemps tout ça... Et je connais des gens qui ont eu un passé beaucoup plus lourd et néfaste que le mien, et ils ne sont pas VT.
par Espoir78
Femme de 46 ans vierge
#175180
Lereveur a écrit :Ne t'excuse pas pour le pavé, il faut ce qu'il faut pour exprimer clairement son ressenti.

Je peux me faire une idée de ce que par quoi tu es passée, car bien que n'ayant pas eu des parents violents, j'ai connu le harcèlement scolaire. En tout cas je trouve lamentable l'aveuglement des systèmes judiciaire et scolaire. Si des adultes ont décelé ton mal-être, personne ne t'a demandé pourquoi ça n'allait pas ? Et si ils l'ont fait, personne ne t'a cru ?

Tu ne dois évidemment absolument rien à ton père et à tes frères vu leur comportement. Des excuses de leur part seraient déjà le minimum du minimum...

Mais tu fais en sorte d'avancer, c'est déjà bien.

Moi, mes problèmes de harcèlement scolaire venaient du fait que les autres sentaient ma fragilité. Alors ça les a incités à m'attaquer. Le pire a été au lycée.

Ça a commencé ainsi. Un jour, il y avait deux filles dans ma classe qui ont commencé à prétendre en classe que je les avais regardées de travers, ce qui était faux, bien sûr. Et puis après le cours, dans les couloirs, l'une d'elles avait essayé de m'étrangler. Et c'était parti pour des mois durant. Une de mes enseignantes était témoin de ces agressions physiques et verbales et intimidations répétées, mais était restée impuissante à ce niveau.

Ça a duré toute l'année de la classe de première. Et à la sortie des écrits du bac de français, je me suis fait tabasser. Ensuite, en Terminale, elles n'étaient plus dans ma classe, mais elles avaient trouvé où j'habitais et elles venaient sonner chez moi. Mais je n'ouvrais pas la porte . Et puis après, elles ont arrêté.

Concernant les violences scolaires et faites aux femmes, j'ai vu qu'il y avait des numéros d'urgence mis en place. Mais en effet, à l'époque tout ça n'existait pas. Mais maintenant, il semblerait qu'on soit mieux protégé.

Personne ne me demandait pourquoi ça allait mal à l'école primaire et au collège. Et ma mère m'avait défendu de raconter à l'extérieur ce qui se passait à la maison. Les excuses de la part de mon père et de mes frères, je crois que je ne peux pas y compter.

Ajouté 19 minutes 44 secondes après :
Florent a écrit :J'ai aussi été battu par mes parents.
Ma mère était folle, atteinte d'une grave maladie (je n'ai jamais vraiment su ce que c'était, mais mon père, des années et des années après, m'avait dit que c'était proche de la folie). Elle me battait pour passer ses nerfs. Elle était aussi suicidaire, à entendre mon père encore une fois, les pompiers devaient souvent venir l'en empêcher.
Mon père à cette époque était très absorbé par son travail. Mais quand elle me battait, il venait souvent l'en empêcher.

Puis quand ma mère s'est suicidé (devant moi), mon père s'est mis à l'alcool. Et à force de boire, il est devenu à son tour très violent. En gros, tout ce qu'il arrivait, c'était ma faute. Niveau violence, ça oscillait entre gros coups dans la gueule (à cette époque, mon père avoisinait les 160 kilos) et coups de ceinture. Et une fois, il m'a couru après, un couteau de cuisine à la main, pour "rigoler" (il a chialé quand il a compris ce qu'il faisait, et pour ma part la pitié a succédé à la peur). Mais plus que la violence physique, la violence verbale était très forte. Si c'est bien vrai ce que mon père m'a raconté, en gros ma mère et lui envisageaient de divorcer depuis belle lurette. Et ils se battaient pour savoir qui allait me garder. Ce que personne ne voulait.

Ma soeur est née quelques années avant le suicide de ma mère. C'était l'enfant chouchou de mon père. Je me souviens d'un jour, je devais avoir une dizaine d'années (ma soeur ets née 4 ans après moi), mon père rentrant furibard et bourré dans notre chambre et venant claquer sa ceinture sur ma peau (les voisins voyant toute la scène) parce que je ne jouais pas avec ma soeur. Et une autre fois où ma soeur avait écrit "papa est un gros idiot !" avec ses excréments sur un mur de ma chambre. Devinez qui a tout pris...
Ou mon père venant me frapper parce que je n'emmenais jamais de nanas ce qui prouvait que j'étais un "sale homosexuel" (oui, mon père déteste les homosexuels, les arabes, les femmes, etc).

A un moment, il était devenu tellement violent que je me suis mis à dormir dans la rue. Et ce qui me faisait le plus mal, c'est que quand il se rendait compte de ce qu'il faisait, il chialait et me disait qu'il fallait mieux que lui aussi en finisse "comme ma mère" pour qu'il ne me fasse plus de mal.

J'en ai beaucoup voulu à ma soeur, et à mon père. Puis j'ai commencé à pardonner. J'avoue que mon père n'a pas eu non plus une vie facile (pas d'amis, que la bouteille avec lui, des difficultés financières de plus en plus importantes (je me rappelle, un jour, on est allé quémander aux voisins s'ils avaient quelques aliments, même périmés, à nous refiler. Ils nous ont donné de la chapelure à manger et nous, on était tout content...). Ma soeur a vite mûri, et j'avoue que j'ai de bons rapports avec elle depuis pas mal d'années. Il y a peu, je lui ai même avoué ma VT, chose que je ne ferais jamais à mon père.
Mon père a perdu toute sa violence avec l'âge, mais est devenu dépressif depuis le temps. Je le vois une fois tous les 2 mois.

Sinon, niveau collège et lycée, j'ai été aussi la tête à claques. Je pesais beaucoup à l'époque pour mon âge, j'avais une touffe à la Jackson Five car pas de sous pour aller au coiffeur, et bon j'étais quand même très moche avec des grosses lunettes à la Alain Deloin des Inconnus.
Un jour, des nanas ont fait une simulation de viol avec moi. Pas du viol à proprement parler, non. Plusieurs m'ont maintenu plaqué au sol, et l'une a déboutonné mon jean, car j'avais "une grosse b.ite pour mon âge" et elles voulaient savoir si c'était vrai ou du chiqué.
Et des mecs qui venaient se moquer de mon physique ou de mon accoutrement ("sale paysan", "gros", "moche", etc).
La seule fois où je me suis battu avec des gars, la proviseur du collège m'avait appelé dans son bureau en me disant qu'elle savait que ce n'était pas facile pour moi, mais qu'il fallait que je ne réponde pas aux moqueries de mes camarades.
Je n'en veux pas à mon père (il est plus à plaindre qu'autre chose), je n'en veux pas non plus à mes camarades de classe, d'autant plus que tout n'était pas gris et que j'avais pas mal de copains quand même (et de très bons souvenirs aussi de cette période-là).

Bref voilà.
Le problème, c'est que tous les psys que j'ai consulté au sujet de ma VT sont persuadés que ma VT et mon manque de confiance en moi viennent de tout mon passé. Je ne pense pas. Ca doit surement jouer, mais bon c'était il y a tellement longtemps tout ça... Et je connais des gens qui ont eu un passé beaucoup plus lourd et néfaste que le mien, et ils ne sont pas VT.
Florent,

Ton histoire est également édifiante. :frowning: L'un de mes frères aussi c'était mis à boire et l'autre à fumer du cannabis quand ils étaient adolescents puis jeunes adultes. Mais ils ont fini par arrêter à terme.

Toi aussi alors, tu as subi du harcèlement scolaire. C'est incroyable que les adultes n'aient pas vu tout ça (tes parents et tes camarades de classe violents).

Tu as plein d'amis, ça c'est un point positif. Moi, je n'en ai pas pour l'instant.

Pour tes psys, n'hésitez pas à en changer, car comme expliqué, j'ai dû en changer plusieurs fois ! Là maintenant, la mienne me dit d'oublier ce passé, car c'est vrai, on ne choisit pas sa famille. Ultérieurement, d'autres choix sont possibles. Je suis maintenant tranquille, car j'ai mon chez moi. Donc, je peux éviter les repas de famille, surtout que ça se passe toujours très mal, notamment â Noël. Une fois, j'ai dû quitter la table en plein Réveillon, car l'un de mes frères n'a pas voulu que je me serve à manger (les autres pouvaient, pas moi, car c'était quelque chose qu'il avait apporté.) Et il m'a hurlé dessus par la suite en me disant : "Casse-toi d'ici. Casse-toi !" J'avais donc erré dans la rue, toute seule, pendant que d'autres fêtaient le Réveillon en famille. C'est toujours la pire période pour moi. Je n'avais pas encore les clés de mon appartement à l'époque, car il a été livré avec beaucoup de retard. Mais maintenant que j'ai enfin mon chez moi, ma vie va changer.

Et puis, c'est bien que tu t'entendes bien avec ta sœur. Moi, comme tu l'as compris, avec mes frères, c'est loin d'être le grand amour et les violences verbales continuaient encore il y a deux ans. Maintenant, j'essaie de faire ma vie, seule et même sans ami pour l'instant. L'important demeure que je prenne enfin confiance en moi, pour de bon !

Je suis retournée nager pour retrouver cette confiance que j'avais dans l'eau, ce domaine pleinement conquis, où j'ai réussi à construire de la confiance de façon spectaculaire. Je sens cette eau caresser mon corps et ma peau et m'apaiser toujours plus, lorsque je nage dans la piscine. J'ai cette sensation partout : je l'avais aussi à la piscine de l'hôtel et dans l'eau de mer d'une plage abritée au Portugal pendant mon séjour. C'est toujours agréable de renouer avec cette confiance que je n'ai pour l'instant que dans l'eau. Mais je garde espoir. Demain, j'aurai cette confiance hors de l'eau. Je me sentirai protégée même partout. Je vais me lancer plein de nouveaux défis à la rentrée au travail, ou en dehors, en militant, par exemple, en cette période d'approche d'échéance électorale. Je veux maintenant enfin grandir. Aujourd'hui, je me sens en sécurité dans l'eau. Il n'y a pas de raison que je ne me le sente pas hors de l'eau demain.
Frederim aime ça
Avatar de l’utilisateur
par rooter
Homme de 39 ans vierge
#181544
Je n'ai pas une histoire aussi dur que la votre, mais j'ai eu mon lots. Mes parents ne m'ont jamais frappés gratuitement, mais j'étais souvent punis comme cela. En utilisant une balayette en bois, un kochloeffel , ou une ceinture, en général. C'était assez ritualisé, en fin de compte, je devais accepter la punition de moi-même. Je me suis aussi retrouvé quelques fois jeté dehors. Ma mère m'a souvent culpabilisé, de façon assez toxique.

J'ai également été victime de harcèlement scolaire, jusqu'au lycée, en gros. J'étais souvent, encerclé, ou coincé dans un coin, ou parfois suivi pour être passé à tabac, ou recouvert de crachats. On m'a jeté dans une poubelle, une fois. Je crois que c'est très fréquent chez les Asperger de subir ce genre de traitement.

Clairement, ç'a a joué dans la construction d'une méfiance de la proximité, des autres,... Ce qui a un grand rôle dans la vt.
Frederim aime ça
par Frederim
Homme de 46 ans vierge
#182773
J'ai vécu les mêmes choses.

Oui les gamins sentaient ma fragilité aussi. Du coup c'était humiliation sur humiliation.

Extérieurement, je n'en laisse rien paraitre, mais j'éprouve une rage folle contre tous les agresseurs de faibles quels qu'ils soient.

contre mes parents aussi, indirectement, ils n'ont rien fait contre ça, ma mère qui me disait garde ça pour toi.

6 ans j'ai subi ça ! Le meilleur de l'enfance, voila comment je l'ai passé.

Je connais leurs noms et je pense que je vais me les faire un de ces jours.
par Kouker
Homme de 40 ans vierge
#182781
J'ai assisté -et continue d'assister- à la violence que subit mon père de la part de ma mère.
Je n'ai pas été battu et je pense que j'aurais préféré l'être; j'aurais au moins pu me défendre et ne pas me sentir aussi impuissant que je le suis maintenant.
Avatar de l’utilisateur
par impala
Femme de 40 ans non vierge
#182787
?
Je ne pense pas que si tu avais été battu étant enfant, tu aurais pu te défendre à cette époque...
Ton discours est surprenant : des violences que tu aurais subies directement te donneraient-elles davantage le pouvoir de réagir à une situation qui te semble injuste ? Te sens-tu illégitime à le faire sinon ?

(Je dis cela tout en sachant que dans des situations familiales compliquées, à cause de notre position justement au sein de cette famille, on n'est pas toujours la personne la mieux placée pour agir de façon efficace. Mais je ne pense pas qu'il faille avoir subi des violences soi-même pour agir et protéger d'autres personnes.)
par Kouker
Homme de 40 ans vierge
#182790
Je ne pense pas que si tu avais été battu étant enfant, tu aurais pu te défendre à cette époque...
Ton discours est surprenant : des violences que tu aurais subies directement te donneraient-elles davantage le pouvoir de réagir à une situation qui te semble injuste ? Te sens-tu illégitime à le faire sinon ?
Vers 13 - 14 ans ma mère découvre des magazines porno dans ma chambre.
Elle m'engueule, engueule mon père: je suis un pervers, la masturbation s'est mal, ça rends malade.
J'entendais ses pas dans le couloir quand après ça, elle passait le soir; quand elle croyait que je dormais, elle soulevait ma couverture et vérifierait que je ne me masturbais pas.
Plus-tard, elle s'est invité dans la salle de bain quand je me baignais pour me "nettoyer le zizi" parce-qu’il fallait que je sois propre.

Vers 15 ans, bourré, le jour de Noel, elle fait une scène à mon père, le frappe, casse les assiettes et le fout dehors.
Moi et mes frères on s'est d'avance que c'est pour nous.
On s'enferme dans l'une de nos chambre, la seul qui ferme à clef.
On sait quelle va encore nous insulter, insulter notre père et nous humilier.
On lui réponds pas en espérant qu'elle s'en aille.
En général ca marche, mais là c'est noël. C'est la fête et la pauvre femme malheureuse (parce-que oui c'est elle la victime dans l'histoire) ne l'entends pas de cette oreille.
Elle profite que mon père est dehors -à courir les filles d'après elle - (alors que c'est elle-même qui l'a mis a la porte a coup de pieds et de crachats) pour descendre à la cave et revenir avec la masse (une de celle de 50 kg qu'on utilise pour casser les pavés).
Elle attaque la porte avec la masse pour nous "libérer".
On est là terrorisés à se regarder, en se demandant ce qu'il va nous arriver.
On voit la porte qui cède un peu plus à chaque coup, le bois qui craque et se gondole.
Mon frère, l’aîné, n'en peu plus: il tourne la clef, ouvre difficilement la porte et la repousse en hurlant.
Elle fait quelques pas en arrière, tombe et se cogne la tête contre le mur.
Elle se lève, sans un mot, s'enferme dans la salle de bain.
On ne sait toujours pas ce qu'elle y a fait, mais on a de gros soupçons: on a retrouver plus tard des bout de cotons avec du sang dans la poubelle et le ciseau sorti de l'armoire dans un coin.

Elle a forcé mon père, le soir même, à l’emmener au commissariat pour porter plainte : son fils l'a battu et lui a ouvert la tête.
Mon père a tenté de l'en dissuader.
Il nous a raconté plus-tard que c'était pas passé loin, que par chance le policier était pas idiot et qu'il a vu qu'il se passait des choses pas net avec elle. Mon frère aurait pu se retrouver au commissariat.
Il nous a rassemblés et nous a demandé de resté calme, qu'il savait que c'était difficile, mais que porter la main sur elle ne ferait qu’aggraver la situation.
Dans son délire, elle nous a tenu comme ça: en nous disant qu'elle était allé a l’hôpital qu'ils avaient des preuves médicales et que la police était au courant; on était des monstres, elle la victime.

Les insultes, les humiliations sont devenu quasi quotidiennes après cela pendant 1 mois.
Bien-sur on savait qu'il n'y avait rien a l’hôpital et que la police avait refusé de prendre la plainte; mais on savait aussi qu'elle était capable de remonter le même coup si on lui résistait encore.

Plus tard s'est devenu supportable, on a économiser notre argent de poche pour nous payer des cadenas qu'on a fait poser sur nos portes. Notre père aurait pu le faire, mais si elle l'avait vu, il en aurait à nouveau pris plein la gueule.

Ça ne s'est pas calmé avec l'age.
Elle est devenu plus sournoise encore et lui de plus en plus faible.
Il y a 4 jours, elle tambourinait à la porte de sa chambre en le traitant de gros lard inutile parce-qu’il n'avait pas poncé et réparer le plafond (problème de fuite d'eau, la peinture s'écaillait).
Mon père est vieux, il fait des apnées du sommeil et il a du mal à dormir.
Elle n'a pas arrêté de tambouriner à sa porte en l'insultant, simplement pour l’empêcher de dormir.
On a du lui téléphoner sur son portable (alors qu'on était dans la chambre a coté) pour lui proposé de sortir avec nous et de changer d'air.

Réponses édifiantes:
-Je ne veux pas sortir, je suis chez moi: je ne veux pas me faire virer de ma maison.
-Si je sort, en revenant, ce sera pire.

Voila à quoi en est réduit mon père que j'admirais tant:
Un pauvre vieux qui se fait exploité la journée et qui s'emprisonne lui même le soir dans sa chambre, pour ne pas avoir à subir sa femme.

Des épisodes comme ça je pourrais en raconter des journées durant.

Le pire dans tout ça?
Ma mère n'a jamais travaillé, c'est mon père qui a toujours subvenu à nos besoins.
Elle ne fait quasiment rien à la maison et considère avoir suffisamment donné en faisant 4 enfants.
Elle a fait son "travail".
A eux maintenant de subvenir à ses besoins à elle.

Oui, j'aurais préféré qu'elle me batte et qu'elle laisse des marques; là j'aurais pu porter plainte ou j'aurais pu me défendre physiquement.
On ne combat pas le terrorisme conjugale, tout ce qu'on peut faire c'est le fuir ou le subir quand on ne peut pas.
Avatar de l’utilisateur
par rooter
Homme de 39 ans vierge
#182791
On s'imagine toujours réagir "bien" face à la violence physique. La réalité est tout autre. Déjà, elle s'accompagne obligatoirement de violence psychologique. Ensuite, elle ne laisse pas nécessairement de marques visibles, ou exoitable en médecine légale. Enfin, face à ce genre de violence, ton cerveau dispose de tout un tas de techniques de survis (relativisation, auto-culpabilisation, amnésie psychologique, stupéfaction, déni,...) qui empêche la plupart du temps la victime de faire quelque chose sur le plan légal.