- 22 juin 2016, 04:55
#172069
A lire : "L'enfant Louis XIII" de Madeleine Foisil, alimenté par le célèbre Journal d'Héroard, médecin du Dauphin.
On y voit comment, dès le plus jeune âge, on a enseigné au Dauphin l'importance de sa "guillery" pour l'histoire de son pays. Dès l'âge de trois ans, Louis sait ce qu'est le "mignon de l'infante" , mime l'acte sexuel, encouragé par son entourage, et notamment son papounet adoré, qui était fort porté sur la chose. (Tous les enfants d'Henri IV , royaux et illégitimes, étaient élevés ensemble au château de Saint-Germain en Laye. ) Et ce genre de choses parait naturel à un pédagogue et moraliste tel qu'Erasme. Dans une certaine mesure, les enfants du XVIIème siècle en savaient beaucoup plus que ceux de notre époque.
Les femmes accouchaient chez elles (et je déconseille la lecture du traité d'accouchement de Mauquest de la Motte "accoucheur de campagne" au temps du Roi-Soleil, aux âmes sensibles. Elles n'ont pas toujours rigolé, nos arrière-arrière-grands mères, au moment de donner la vie.)
Pour Louis XIII, cette "éducation sexuelle libérée" aura l'effet inverse de celui attendu : lorsqu'il épouse Anne d'Autriche, en novembre 1615, il a 14 ans, (et elle 13), les deux enfants royaux doivent consommer ce mariage évidemment politique, et c'est une catastrophe.
La lecture des romans du XIXème siècle, ou du chapitre sur la sexualité du "Monde d'hier" de Stefan Zweig nous montre que l'idée qu'on a aujourd'hui d'une société très puritaine, très morale, basée sur le mariage et la famille, ... n'est qu'une image d'Epinal. Il y a le mariage et ses conséquences juridiques, il y a les convenances, et puis il y a la réalité, qu'on cache soigneusement.
Donc, actuellement, ce n'est pas tellement l'âge qui fait la différence, ni même les pratiques, mais la sur-exposition de ce qu'on cachait autrefois, le passage de l'alcôve aux réseaux sociaux, et surtout la banalisation anti-romantique de la séparation du sexe et de l'amour.
Je ne suis même pas sûre que la démarche qui consiste à exhiber des images d'un ex ou d'un rival qu'on diffuse avec la claire intention de nuire soit si nouvelle. Mais Valmont n'avait pas de smartphone, ni d'internet.
Dio, dammi l'umiltà di accettare le cose che non posso cambiare, il coraggio di cambiare le cose che posso cambiare, e l'intelligenza sufficiente per distinguere i due tipi di cose. S. Francesco di Assisi