- 06 oct. 2015, 22:23
#159158
Extrait du 20 minutes du 2 Octobre 2015 :
SOCIÉTÉ Le Planning familial forme ses membres pour briser le tabou
Une vie sexuelle handicapée
De notre envoyé spécial à Vouneuil-sous-Biard (Vienne), Vincent Vantighem
II y a d'abord eu l'histoire de ce couple de personnes en fauteuil roulant, obligés de faire appel à un ami pour les installer nus, dans un lit et dans la bonne position. Puis celle de cette handicapée mentale demandant à son éducateur de l'emmener dans un magasin de sex-toys. Sans parler du cas du papa d'un trisomique -qui envisageait de « régler le problème » de son fils en « l'emmenant aux prostituées en Allemagne de temps en temps »... Réunis mercredi et jeudi pour une formation à Vouneuil-sous-Biard (Vienne), la vingtaine de membres du Planning familial n'a pas eu de mal à trouver des exemples illustrant les difficultés rencontrées par les personnes handicapées à avoir une vie sexuelle. Comme tout le monde.
« Certains centres interdisent le flirt dans leur règlement intérieur. » Une militante
« La sexualité est taboue. Le handicap est tabou. Alors si vous mettez les deux ensemble... », résume Christine, l'une des militantes. Pour faire évoluer les mentalités, le Planning familial a donc décidé de former ses membres sur le sujet. Charge à eux, ensuite, de diffuser la bonne parole dans les centres de soins et d'hébergement. Auprès des personnes handicapées, bien sûr. Mais aussi de leurs parents et éducateurs. Le programme s'intitule « Handicap et alors ? ». Et alors ? « Certains centres obligent les jeunes femmes à prendre la pilule pour éviter la grossesse », raconte Isabelle. « Quand ils n'interdisent pas le flirt dans leur règlement », poursuit Miléna. « Ou qu'ils nient la réalité tant qu'un résident ne s'est pas mis à se masturber compulsivement devant les autres », lâche encore Sébastien. Mercredi, Ségolène Neuville, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, s'est rendue dans la Vienne pour encourager la démarche du tarifés ». « On n'a pourtant pas d'autres choix que d'aller vers la prostitution, déplore Julia Tabath, présidente de l'association Ch(s)ose. Faire de l'éducation populaire, c'est très bien. Mais cela va encore prendre un temps considérable et ne réglera pas tous les problèmes. »
Responsable de la formation, Miléna n'ignore rien de l'ampleur de la tâche, mais préfère mettre en avant les rares personnes qu'elle a aidées, « comme ce couple qui a bataillé pour avoir une chambre commune, simplement pour pouvoir se tenir la main en regardant la télévision ».
«La solution ne doit pas se réduire à la prostitution»
Ségolène Neuville, Secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion :
Des associations d'aide aux personnes handicapées réclament la légalisation des assistants sexuels et du recours à la prostitution, estimant qu'ils n'ont pas d'autre solution pour avoir une vie sexuelle, Quelle est la position du gouvernement à ce sujet ?
Les pays qui autorisent l'assistance sexuelle autorisent en fait le proxénétisme. Le gouvernement ne reviendra pas sur la loi punissant le proxénétisme en France. La vie sexuelle des personnes handicapées ne doit pas se résumera un recours à la prostitution. Et réduire cette question à la prostitution, c'est avoir du mépris pour eux.
Que faut-il faire pour lever le tabou ?
C'est déjà une bonne chose que le Planning familial forme ses membres à cette question. Il faut ensuite que ces derniers entrent dans les établissements, qu'ils parlent aux parents et aux éducateurs pour changer les mentalités. Je vais d'ailleurs demander aux agences régionales de santé d'orienter des financements spécifiques là-dessus. Ça va être une priorité.
Que pensez-vous des centres de soins ou d'hébergements qui interdisent le flirt dans leur règlement intérieur pour éviter les problèmes ?
Ce n'est pas normal. Je pense à réunir les fédérations d'associations qui gèrent les centres pour évoquer ce problème avec eux. D'autre part, j'aimerais beaucoup que le Planning familial rédige un guide, simple et pratique, sur ce sujet. Cela ferait avancer le débat. •
Propos recueillis par Vincent Vantighem
SOCIÉTÉ Le Planning familial forme ses membres pour briser le tabou
Une vie sexuelle handicapée
De notre envoyé spécial à Vouneuil-sous-Biard (Vienne), Vincent Vantighem
II y a d'abord eu l'histoire de ce couple de personnes en fauteuil roulant, obligés de faire appel à un ami pour les installer nus, dans un lit et dans la bonne position. Puis celle de cette handicapée mentale demandant à son éducateur de l'emmener dans un magasin de sex-toys. Sans parler du cas du papa d'un trisomique -qui envisageait de « régler le problème » de son fils en « l'emmenant aux prostituées en Allemagne de temps en temps »... Réunis mercredi et jeudi pour une formation à Vouneuil-sous-Biard (Vienne), la vingtaine de membres du Planning familial n'a pas eu de mal à trouver des exemples illustrant les difficultés rencontrées par les personnes handicapées à avoir une vie sexuelle. Comme tout le monde.
« Certains centres interdisent le flirt dans leur règlement intérieur. » Une militante
« La sexualité est taboue. Le handicap est tabou. Alors si vous mettez les deux ensemble... », résume Christine, l'une des militantes. Pour faire évoluer les mentalités, le Planning familial a donc décidé de former ses membres sur le sujet. Charge à eux, ensuite, de diffuser la bonne parole dans les centres de soins et d'hébergement. Auprès des personnes handicapées, bien sûr. Mais aussi de leurs parents et éducateurs. Le programme s'intitule « Handicap et alors ? ». Et alors ? « Certains centres obligent les jeunes femmes à prendre la pilule pour éviter la grossesse », raconte Isabelle. « Quand ils n'interdisent pas le flirt dans leur règlement », poursuit Miléna. « Ou qu'ils nient la réalité tant qu'un résident ne s'est pas mis à se masturber compulsivement devant les autres », lâche encore Sébastien. Mercredi, Ségolène Neuville, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées, s'est rendue dans la Vienne pour encourager la démarche du tarifés ». « On n'a pourtant pas d'autres choix que d'aller vers la prostitution, déplore Julia Tabath, présidente de l'association Ch(s)ose. Faire de l'éducation populaire, c'est très bien. Mais cela va encore prendre un temps considérable et ne réglera pas tous les problèmes. »
Responsable de la formation, Miléna n'ignore rien de l'ampleur de la tâche, mais préfère mettre en avant les rares personnes qu'elle a aidées, « comme ce couple qui a bataillé pour avoir une chambre commune, simplement pour pouvoir se tenir la main en regardant la télévision ».
«La solution ne doit pas se réduire à la prostitution»
Ségolène Neuville, Secrétaire d'Etat aux Personnes handicapées et à la Lutte contre l'exclusion :
Des associations d'aide aux personnes handicapées réclament la légalisation des assistants sexuels et du recours à la prostitution, estimant qu'ils n'ont pas d'autre solution pour avoir une vie sexuelle, Quelle est la position du gouvernement à ce sujet ?
Les pays qui autorisent l'assistance sexuelle autorisent en fait le proxénétisme. Le gouvernement ne reviendra pas sur la loi punissant le proxénétisme en France. La vie sexuelle des personnes handicapées ne doit pas se résumera un recours à la prostitution. Et réduire cette question à la prostitution, c'est avoir du mépris pour eux.
Que faut-il faire pour lever le tabou ?
C'est déjà une bonne chose que le Planning familial forme ses membres à cette question. Il faut ensuite que ces derniers entrent dans les établissements, qu'ils parlent aux parents et aux éducateurs pour changer les mentalités. Je vais d'ailleurs demander aux agences régionales de santé d'orienter des financements spécifiques là-dessus. Ça va être une priorité.
Que pensez-vous des centres de soins ou d'hébergements qui interdisent le flirt dans leur règlement intérieur pour éviter les problèmes ?
Ce n'est pas normal. Je pense à réunir les fédérations d'associations qui gèrent les centres pour évoquer ce problème avec eux. D'autre part, j'aimerais beaucoup que le Planning familial rédige un guide, simple et pratique, sur ce sujet. Cela ferait avancer le débat. •
Propos recueillis par Vincent Vantighem
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