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par Titor
Homme de 50 ans non vierge
#238557
Bonjour à tous,

Souffrant de privation sexuelle depuis presque quinze ans, j'ai découvert l'existence de ce forum, hier, en faisant des recherches sur la souffrance qu'occasionne une abstention involontaire.

Pour situer en quelques lignes l'arrière plan sur lequel se dessine ma problématique sexuelle, voilà les informations pertinentes :

1) Je suis enfant unique et j'ai vécu de graves maltraitances de la part de mon père, de mon enfance jusqu'à la fin de mon adolescence, lorsqu'il est mort. C'étaient essentiellement des violences verbales, un dénigrement constant, des menaces de coups, des colères dévastatrices pour un rien, etc. Ma mère a aussi vécu cet enfer et, m'a-t-elle dit, se sentait trop faible psychologiquement pour le quitter et pour me protéger de lui.

2) Résultat : vers seize ans, j'ai commencé à consulter mes premiers psychiatres. Le diagnostic (qui n'a pas changé) : troubles de la personnalité (inhibition pathologique) et phobies sociales. Sous la coupe de ce père hurleur, je n'ai jamais appris à me défendre, ni même pu me constituer en tant que personne. J'avais peur tout le temps et de tout le monde. Même maintenant, bien que ce soit un peu moins fort, je ressens des vertiges, un malaise à me faire perdre connaissance quand j'entends des gens se disputer dans la rue.

3) Conséquences : Malgré que j'aie pu obtenir mon bac et une Licence de mathématiques (mais par correspondance !), je ne suis jamais parvenu à m'intégrer au monde du travail. Je suis donc reconnu handicapé adulte (pour les troubles précités) et "survis" grâce à l'AAH (ce qui n'aide pas pour attirer une femme, je vous assure...).

J'en viens maintenant à ma quasi-non-vie sexuelle :

1) Premier amour à quinze ans : ratage total. Bon, ça encore, c'est le le lot de la majorité mais ce qui fait ma spécificité c'est que jamais je n'ai pu avoir une relation sentimentale (même pas un baiser ou un vague espoir) avec une fille dont j'étais amoureux. Déjà à quinze ans, je ressentais une forte pulsion sexuelle et je tombais facilement amoureux de filles qui, poliment mais catégoriquement, me refusaient.

2) De vingt à trente ans, ce fut atroce. Je note ici que de dix-neuf à vingt-et-deux ans, j'ai vécu à Paris pour faire des études que j'ai dû interrompre à cause de mon état de santé psy (c'est après que j'ai passé ma Licence de maths). J'avais un désir énorme pour quasiment toutes les femmes que je croisais et je me sentais particulièrement excité par l'élégance qu'elles mettaient dans leur toilette : les jupes, les collants noirs, les tailleurs, etc. Je jalousais les couples que je voyais passer ou que je voyais se former là où j'étudiais : cela me crucifiait de les voir marcher en se tenant par la main ou, pire, s'embrasser.

3) A vingt-et-un an, une fille qui était dans la même année que moi et qui ne me plaisait pas du tout a commencé à me faire des avances. J'étais tellement désespéré que je pensais qu'il fallait accepter parce que de toute façon ça ne marcherait jamais avec une fille qui me plairait. J'ai donc eu quelques relations sexuelles avec cette fille. Je dois dire, pour être honnête, que j'en ai éprouvé du plaisir. Mais cette fille était pour le moins toxique et s'amusait de mes faiblesses : par exemple, il lui arrivait le soir, lorsque nous étions dans le lit, de commencer à me masturber et puis de me dire d'un coup "Maintenant on dort !" et se refuser totalement à moi. Ce qui a fait exploser le "couple" (nous ne sommes restés ensemble que trois semaines) a été sa tentative de me faire croire qu'elle était enceinte. Bref, à ce moment, j'ai commencé à ne plus aller en cours, à éprouver encore plus de frustration sexuelle et j'ai fini par quitter Paris pour rentrer chez moi, à Perpignan.

4) Par la suite et jusqu'à aujourd'hui, je n'ai eu que deux "copines" : chaque fois des filles qui ne me plaisaient pas et pour des relations qui ont duré deux semaines au maximum.

Bref, dans toute ma vie, je n'ai dû avoir qu'une vingtaine de relations sexuelles. "Techniquement", je ne suis donc pas puceau mais, en moi, je ressens une énorme frustration, je me sens, si l'on veut, "puceau de l'amour". Je n'ai jamais fait l'amour avec une fille que j'aime.

J'ai essayé les sites de rencontre (avec le "succès" qu'on imagine), j'ai également essayé les escort-girls mais sans parvenir à la moindre érection (même avec du cialis) : il n'y a pas de sentiments, c'est trop glauque. Bref, au jour d'aujourd'hui, je sens que même ma capacité à tomber amoureux est morte. Je ne ressens qu'un manque terrible de sexe, mais de sexe avec quelqu'un qui me désire. Mon grand rêve serait de rencontrer une femme, peu importe son physique, son âge, mais qui ait simplement envie de moi et de vivre avec elle une aventure sexuelle : nous n'aurions pas de tabous, nous nous livrerions à de petits jeux sexuels, etc. Mais ce n'est qu'un rêve...

En plus de mes problèmes de phobies sociales, il est vrai également que je ne suis pas physiquement extraordinaire : 1m61, plutôt mince : ça n'a rien à voir avec l'image d'Épinal du "mâle" dont rêvent les femmes. Je me sens, pour ceux qui ont lu le roman, comme Raphaël Tisserand dans Extension du domaine de la lutte de Houellebecq.

Enfin, voilà : au quotidien, en plus de mes autres ennuis, ce manque de sexualité me fait horriblement souffrir. Et la perspective de ne jamais plus faire l'amour (perspective qui me paraît malheureusement plus que probable) me fait plonger dans une dépression atroce.

J'espère ne pas vous avoir assommés avec mon récit. En tout cas, ça m'a soulagé de pouvoir l'écrire, d'avoir trouvé un endroit où d'autres peuvent comprendre, parce qu'ils le vivre également, cette souffrance immense que cause la privation involontaire.

Merci de m'avoir lu.

A bientôt sur le forum,
Bruno
par velib
Homme de 44 ans vierge
#238576
Bienvenue sur le forum Titor,

De mon point de vue, il y a quand même des éléments positifs dans ton récit :
- tu as connu le plaisir en ayant des rapports sexuels
- tu as eu des copines (même si ça n'a pas duré longtemps) : tu as donc pu plaire
Moi par exemple, je ne peux pas en dire autant : zéro rapport sexuel à mon compteur, jamais une fille ne m'a manifesté un quelconque intérêt (sur le plan sentimental/sexuel).

Les prostituées, j'ai aussi essayé et j'ai eu le même problème que toi à savoir pas d'érection. Par contre, je n'ai jamais essayé les médocs pour bander.

Et effectivement, je pense que le rêve de tous ici est de faire l'amour avec quelqu'un dont on est amoureux.
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par Lux
Femme de 37 ans non vierge
#238609
Titor a écrit : 19 juin 2021, 20:51 En plus de mes problèmes de phobies sociales, il est vrai également que je ne suis pas physiquement extraordinaire : 1m61, plutôt mince : ça n'a rien à voir avec l'image d'Épinal du "mâle" dont rêvent les femmes. Je me sens, pour ceux qui ont lu le roman, comme Raphaël Tisserand dans Extension du domaine de la lutte de Houellebecq.
Tu as déjà eu des copines, donc c'est bien que tu peux plaire, malgré ton physique qui, je pense, n'a rien à voir dans l'affaire.
Je rappelle au passage que jamais Houellebecq ne se demande ce que vivent les femmes que lui considère comme "pas baisables". Le fameux Tisserand, il ne tombe bizarrement pas amoureux de femmes grosses, vieilles, laides. Peut-être aussi est-ce là le problème ? Dans l'exigence que certains mettent dans le physique des femmes avec qui ils veulent avoir des relations amoureuses ou sexuelles ?
La scène en boîte est particulièrement choquante : Tisserand se voit comme un morceau de poulet sous plastique, mais le morceau de viande, en l'occurrence, c'est la jeune femme qui danse en boîte et qui est surveillée par des mecs qui ont deux fois son âge. Si vraiment vous accordez une telle importance au physique des femmes, ne soyez pas surpris qu'elles fassent la même chose.
par Titor
Homme de 50 ans non vierge
#238645
velib a écrit : 22 juin 2021, 21:35 Bienvenue sur le forum Titor,
[...]
Et effectivement, je pense que le rêve de tous ici est de faire l'amour avec quelqu'un dont on est amoureux.
Bonsoir et merci pour ta réponse (la mienne étant très tardive...),

Ce que tu dis est juste : il a bien fallu que "je plaise" d'une manière ou d'une autre --, et même si je ne sais ni comment ni pourquoi, afin que ces filles aient envie d'avoir des relations sexuelles avec moi. Certes, j'aurais l'air de faire la fine bouche en disant que ce n'était pas réciproque, mais le fait est là.

Cependant et quoi qu'il en soit, cela ne s'est plus reproduit depuis l'été 2009. Je ressens en moi un manque quant à la capacité de séduire. Je parle ici de séduction "active", c'est-à-dire de tenter, moi, de séduire une fille qui me plaît. Ce que j'ai vécu pendant ma jeunesse était de la séduction "passive" : j'ai plu (je ne sais pourquoi) et ce sont ces filles qui sont venues vers moi.

Quand je dis avoir l'impression qu'il me manque cette capacité à séduire, je l'entends au sens fort : à savoir comme si cette faculté n'était pas en moi à la manière, par exemple, dont un aveugle est privé du sens de la vue. Il y a quelques rares femmes qui me plaisent mais je ne sais absolument pas les aborder, je ne repère aucun des fameux "signaux" dont parlent les magazines dans leur section "relations amoureuses" et, finalement, mes échanges avec ces deux ou trois femmes qui me plaisent et que je fréquente plus ou moins régulièrement depuis des années, sont restés limités à "bonjour-aurevoir". Je ne sais même pas leur nom !

Je vois que, toi aussi, tu as connu le même problème avec les escort-girls. Concernant le médoc, le cialis, il faut une ordonnance médicale pour l'obtenir (surtout n'en achète pas sur les sites du deep web ! Tu peux par contre te le faire prescrire après une consultation par mail avec un médecin sexologue sur des sites en lignes : ils sont sérieux et à l'écoute). Cependant, ça ne fait pas de miracle, loin de là. En fait, comme me l'a dit le médecin que j'ai consulté sur un de ces sites, c'est dans la tête que ça se passe et si, lors de la rencontre, tu n'élabores aucun fantasme à partir d'affects, la fille aura beau avoir un physique de rêve, il ne se passera rien.

Je crois que l'issue passe inéluctablement par la prise de parole : il faut que nous puissions parler avec ces femmes qui nous plaisent. C'est de là que, comme par un mouvement en spirale, on se rapproche, des affinités se créent... ou pas. Mais il faut d'abord PARLER. Et c'est bien de ça dont je suis, pour ma part, incapable.

Il faut enfin mentionner le lieu où l'on vit. Ma principale expérience date de l'époque où je vivais à Paris, autant dire qu'il y avait énormément d'opportunités de rencontre. Aujourd'hui, je suis dans un trou perdu et je ne peux compter sur les fameux "sites de rencontre" faute de membres. J'ai regardé, également, la section rencontres de ce forum et, dans ma ville, il n'y a que deux messages, le plus "récent" datant de 2014... Bref, je ne vois aucune issue pour sortir de cet isolement.

Voilà, voilà.

Bon courage à toi (à nous),
Lux a écrit : 26 juin 2021, 16:22 Je rappelle au passage que jamais Houellebecq ne se demande ce que vivent les femmes que lui considère comme "pas baisables".
Ce n'est pas tout à fait vrai même si, tu as raison, ça n'est pas sa problématique principale. Il en parle un petit peu dans Extension du Domaine de la Lutte si tu te souviens de la fille qui s'appelle Brigitte Bardot, que le héros essaye de draguer quand il est au lycée, et qui se trouve être horriblement laide et grosse (il la qualifie de "truie" dans le roman). Dans Les Particules Élémentaires, Bruno, alors qu'il est en fac de lettres, se trouve une petite amie qui est très laide et obèse : elle se refuse à tout rapport sexuel excepté la fellation, elle finit par se suicider.

En tout cas le thème de la souffrance féminine due à la difficulté de séduire pour des raisons "esthétiques" n'est pas vraiment traitée dans la littérature. Un lieu commun veut que, pour les filles, il n'y a aucun problème pour avoir une relation sexuelle quand et où elles veulent : j'ai pu voir combien c'est faux en faisant la connaissance de jeunes filles obèses qui n'attiraient vraiment pas et qui en souffraient énormément.
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par Lux
Femme de 37 ans non vierge
#238654
Titor a écrit : 02 juil. 2021, 20:47 Ce n'est pas tout à fait vrai même si, tu as raison, ça n'est pas sa problématique principale. Il en parle un petit peu dans Extension du Domaine de la Lutte si tu te souviens de la fille qui s'appelle Brigitte Bardot, que le héros essaye de draguer quand il est au lycée, et qui se trouve être horriblement laide et grosse (il la qualifie de "truie" dans le roman). Dans Les Particules Élémentaires, Bruno, alors qu'il est en fac de lettres, se trouve une petite amie qui est très laide et obèse : elle se refuse à tout rapport sexuel excepté la fellation, elle finit par se suicider.

En tout cas le thème de la souffrance féminine due à la difficulté de séduire pour des raisons "esthétiques" n'est pas vraiment traitée dans la littérature. Un lieu commun veut que, pour les filles, il n'y a aucun problème pour avoir une relation sexuelle quand et où elles veulent : j'ai pu voir combien c'est faux en faisant la connaissance de jeunes filles obèses qui n'attiraient vraiment pas et qui en souffraient énormément.
Je ne me souviens pas du personnage de Brigitte, non. Mais le simple fait que tu rappelles qu'il la traite de "truie" me laisse penser qu'elle est jugée pour son physique, et assez durement. Est-ce que justement il ne va pas vers elle car il pense qu'elle est moche donc ce sera plus facile de la séduire ? Car ça aussi, c'est ignoble, comme façon de penser.
En revanche, permets-moi de te contredire car il y a bel et bien des livres qui parlent de ça, je pense évidemment à Despentes, Annie Ernaux aussi qui a un regard très aigu sur les relations amoureuses du point de vue féminin, et globalement toute la littérature féministe qui a, depuis bien longtemps, remis en cause le diktat de la beauté et de la séduction normée à destination des hommes. Récemment aussi il y a eu des livres sur le fait d'être grosse.
En réalité, je pense plutôt que c'est du côté des hommes qu'il n'y a pas de littérature intéressante quant au décalage entre ce que la société attend de vous et la réalité. Voilà pourquoi vous êtes si nombreux à vous raccrocher à Houellebecq, un type capable d'écrire que les Thaïlandaises sont vachement contentes de coucher avec des touristes européens contre de l'argent.
Franchement, vous méritez mieux.
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par Athanagor
Homme de 33 ans vierge
#238668
Bonjour Titor (référence à John Titor ? tu viens du futur ? :wink: )

Ce n'est pas un témoignage facile que tu nous livres ici. Je te souhaite la bienvenue sur ce forum et j'espère que tu y trouveras la réponse à tes questions.
par Titor
Homme de 50 ans non vierge
#238683
Athanagor a écrit : 04 juil. 2021, 17:03 Bonjour Titor (référence à John Titor ? tu viens du futur ? :wink: )

Ce n'est pas un témoignage facile que tu nous livres ici. Je te souhaite la bienvenue sur ce forum et j'espère que tu y trouveras la réponse à tes questions.
Merci pour ton message, Athanagor.

Je n'ai aucune imagination pour les pseudos et j'ai dû trouver celui-là sur un générateur en ligne :yum:
Par contre, je suis un grand fan de ce genre de films : Rambo, Terminator, Alien, The Thing, etc.

Bonne fin de soirée à toi,

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Luz a écrit : En revanche, permets-moi de te contredire car il y a bel et bien des livres qui parlent de ça, je pense évidemment à Despentes, Annie Ernaux aussi qui a un regard très aigu sur les relations amoureuses du point de vue féminin, et globalement toute la littérature féministe qui a, depuis bien longtemps, remis en cause le diktat de la beauté et de la séduction normée à destination des hommes. Récemment aussi il y a eu des livres sur le fait d'être grosse.
Est-ce que tu pourrais me donner quelques titres ? ça m'intéresserait de voir comment elles en parle. J'ai juste lu, il y a très longtemps, Baise moi ! de Virginie Despentes et me souviens d'un personnage masculin qui affectionnait avoir des relations sexuelles avec des filles pas vraiment jolies car il lest trouvait plus "reconnaissantes" que les belles qui "prenaient presque comme un dû qu'on les désire". Je ne sais pas si les choses sont aussi simples...