- 19 janv. 2022, 22:08
#241436
Bonjour à tous,
Je suis un homme de 30 ans, je n’ai jamais eu de copine. J'ai pris mon courage à deux mains pour m'inscrire et poster ce message, je n'en attends pas grand-chose, mais je pense qu’en parler peut être ‘libérateur’ en quelque sorte, et que ça ne peut être que positif.
J’étais un enfant assez normal en primaire je pense, qui jouait avec tout le monde et participait en classe. Déjà j’étais de nature très calme. Tout a commencé à changer en rentrant au collège. Je n’étais plus avec mes copains. Je suis passé d’une école de village a un collège de plusieurs centaines d’élèves, et rapidement j’ai été confronté à des moqueries et des insultes, comme beaucoup de gens peut-être, sauf que quand on est plutôt réservé on ne sait pas comment réagir. Donc on baisse la tête, et on ne répond rien. Et ça continué. Et plus ça a continué, plus je me suis enfermé. Je ne disais plus rien, je ne participais plus en classe. J’ai commencé à avoir peur des autres, de leur jugement, et une barrière a commencé à se former entre moi et les gens ‘normaux’. J’étais ‘l’intello’ qui ne savais pas se défendre. La douche après le sport était une épreuve, j’ai pris conscience de mon corps d’un coup, et j’en avais honte. Et puis j’ai commencé à bégayer, d’abord sans m’en rendre compte, puis plus fortement. Lire un texte à voix haute était une épreuve. Le harcèlement n’était que verbal, mais à l’époque ça me détruisait complètement intérieurement. La moindre phrase pouvait devenir extrêmement blessante, particulièrement lorsque ça venait d’une fille, ou d’un adulte. Hors du contexte familial, j’étais quasiment muet.
Tout le collège est passé comme ça. Puis lycée, classe prépa, école d’ingénieur. Je lisais beaucoup, et me réfugiais dans le dessin. C’était tout ce que j’avais, un coup de crayon qui me permettait de m’évader et me dire que je n’étais pas un ‘looser’ complet. Je suis tombé très très bas à certains moments. Je n’avais toujours qu’un petit cercle d’amis, généralement des gens ‘marginaux’ ou ‘moins populaires’. Avec le temps les choses se sont améliorées petit à petit (il faut dire que je partais de loin), mais chaque présentation ou exposé, ou n’importe quelle situation formelle, restait une épreuve qui me terrorisait.
Impossible d’aller parler aux filles évidemment, surtout si elles étaient jolies. Très tôt je les ai idéalisées et mises sur un piédestal, comme beaucoup d’hommes je pense : une éducation ‘traditionnelle’ où on me disait de ‘protéger’ les filles, les films Disney, l’hyper-visibilité du ‘women's empowerment’ moderne… tout ça n’a fait que creuser le fossé encore plus. Encore aujourd’hui je ne me sens pas à l’aise en parlant avec une femme, surtout si elle est jolie. Jamais je n’ai embrassé ou tenu la main d’une fille. N’étant pas vraiment attirant physiquement, je n’ai jamais reçu aucune sorte d’attention de la part des femmes, que ce soit dans la vie réelle ou sur les sites de rencontres. La drague et la séduction sont des choses littéralement incompréhensibles pour moi, je ne sais pas comment agir, ou réagir, je suis pris d’une peur qui me paralyse. Et plus on grandit plus la virginité devient une honte. J’ai l’impression d’être bloqué à l’adolescence, sans pouvoir complétement devenir adulte. Le blocage est surtout psychologique d’ailleurs, je vois bien en lisant les témoignages sur ce forum qu’après la première fois la vie ne change pas vraiment concrètement. C’est plutôt dans la tête que c’est libérateur, comme si une chape de plomb disparaissait d’un coup…
En y réfléchissant c’est plus le fait de n’avoir eu aucune copine, aucune expérience amoureuse ou affective qui est une souffrance, plutôt que la virginité en elle-même. Je me sens indigne d’être aimé. L’amour est partout, j’ai l’impression de louper la meilleure partie de ce qui fait une vie humaine. Mourir sans avoir eu de vie sentimentale, sans avoir été aimé, sans avoir pris une femme dans ses bras, me semble être une des pires choses qui soient... (oui je suis romantique et hypersensible aussi, c'est le jackpot...)
Et puis j’ai commencé à me poser des questions. Une timidité ‘normale’ disparait à l’âge adulte. Prendre la parole en public me terrifie toujours, je rougis, je transpire, je bute encore sur certains mots. La solitude me pèse de plus en plus. Il y a 2 ans je suis tombé par hasard sur les pages Wikipédia sur l’anxiété, la phobie sociale, la ‘timidité amoureuse’, le Trouble de la personnalité évitante… et je suis tombé des nues. Je lisais littéralement mon portrait dans ces lignes. Ces problèmes existent, sont bien réels, et personne ne m’en avait jamais parlé. D’un côté, apprendre qu’on souffre de troubles rares, dont on se libère difficilement et qui empêche d’être pleinement heureux dans sa vie, c’est assez dur à digérer… Mais d’un autre côté, mettre des mots et des choses concrètes dessus m’a fait du bien. Je suis aussi tombé sur des vidéos YouTube /sites qui m’ont aussi permis d’être moins naïf, de moins idéaliser les femmes, de mieux comprendre la réalité des rapports, la nature, les différences entre hommes et femmes... Tout ce qu’un homme normal apprend au contact des femmes, j’ai dû l’apprendre sur internet. Des choses que j’aurais aimé connaitre beaucoup plus tôt, et qui sont d’une importance cruciale selon moi tant de plus en plus de gens semblent souffrir dans cette société moderne (ce forum n’est que la partie émergée d’un immense iceberg…). Tout ça m’a fait un peu gagner en estime personnelle, et d’une certaine façon ça m’a sauvé. Je suis moins dépressif qu’avant, j’essaie de profiter de la vie en faisant des choses que j’aime, je me suis mis à faire du sport, à changer ma façon de m’habiller. Ecrire ces lignes est aussi une victoire en soi. Je n’ai parlé de ça à personne, la honte est beaucoup trop forte…
Voilà mon histoire... Aujourd'hui je sais que je ne serais jamais vraiment délivré de cette peur intérieure, cette anxiété avec les femmes, cette difficulté à ‘lire les signes’, cette inaptitude sociale. Je sais qu’au fond de moi j’aurais toujours ce sentiment d’injustice, de ne pas mériter ce qui m’arrive, d’être passé à côté d’une partie de ma vie, d’avoir rater mon adolescence, ma jeunesse... Il m’arrive encore de pleurer le soir en pensant à ma situation. J’ai démarré mon parcours de vie avec un mauvais jeu en main. J’ai pris beaucoup de retard, mais je pense que j’aurais d’autant plus de mérite que les autres à essayer d’aller au bout. C’est aussi par les épreuves, la difficulté, le dépassement de soi, qu’on peut vraiment se construire et avancer, les films de super-héros ont raison là-dessus ! Même si c’est difficile et que ça me prendra du temps, je veux rester positif.
Merci d’avoir lu cette bouteille à la mer…
Je suis un homme de 30 ans, je n’ai jamais eu de copine. J'ai pris mon courage à deux mains pour m'inscrire et poster ce message, je n'en attends pas grand-chose, mais je pense qu’en parler peut être ‘libérateur’ en quelque sorte, et que ça ne peut être que positif.
J’étais un enfant assez normal en primaire je pense, qui jouait avec tout le monde et participait en classe. Déjà j’étais de nature très calme. Tout a commencé à changer en rentrant au collège. Je n’étais plus avec mes copains. Je suis passé d’une école de village a un collège de plusieurs centaines d’élèves, et rapidement j’ai été confronté à des moqueries et des insultes, comme beaucoup de gens peut-être, sauf que quand on est plutôt réservé on ne sait pas comment réagir. Donc on baisse la tête, et on ne répond rien. Et ça continué. Et plus ça a continué, plus je me suis enfermé. Je ne disais plus rien, je ne participais plus en classe. J’ai commencé à avoir peur des autres, de leur jugement, et une barrière a commencé à se former entre moi et les gens ‘normaux’. J’étais ‘l’intello’ qui ne savais pas se défendre. La douche après le sport était une épreuve, j’ai pris conscience de mon corps d’un coup, et j’en avais honte. Et puis j’ai commencé à bégayer, d’abord sans m’en rendre compte, puis plus fortement. Lire un texte à voix haute était une épreuve. Le harcèlement n’était que verbal, mais à l’époque ça me détruisait complètement intérieurement. La moindre phrase pouvait devenir extrêmement blessante, particulièrement lorsque ça venait d’une fille, ou d’un adulte. Hors du contexte familial, j’étais quasiment muet.
Tout le collège est passé comme ça. Puis lycée, classe prépa, école d’ingénieur. Je lisais beaucoup, et me réfugiais dans le dessin. C’était tout ce que j’avais, un coup de crayon qui me permettait de m’évader et me dire que je n’étais pas un ‘looser’ complet. Je suis tombé très très bas à certains moments. Je n’avais toujours qu’un petit cercle d’amis, généralement des gens ‘marginaux’ ou ‘moins populaires’. Avec le temps les choses se sont améliorées petit à petit (il faut dire que je partais de loin), mais chaque présentation ou exposé, ou n’importe quelle situation formelle, restait une épreuve qui me terrorisait.
Impossible d’aller parler aux filles évidemment, surtout si elles étaient jolies. Très tôt je les ai idéalisées et mises sur un piédestal, comme beaucoup d’hommes je pense : une éducation ‘traditionnelle’ où on me disait de ‘protéger’ les filles, les films Disney, l’hyper-visibilité du ‘women's empowerment’ moderne… tout ça n’a fait que creuser le fossé encore plus. Encore aujourd’hui je ne me sens pas à l’aise en parlant avec une femme, surtout si elle est jolie. Jamais je n’ai embrassé ou tenu la main d’une fille. N’étant pas vraiment attirant physiquement, je n’ai jamais reçu aucune sorte d’attention de la part des femmes, que ce soit dans la vie réelle ou sur les sites de rencontres. La drague et la séduction sont des choses littéralement incompréhensibles pour moi, je ne sais pas comment agir, ou réagir, je suis pris d’une peur qui me paralyse. Et plus on grandit plus la virginité devient une honte. J’ai l’impression d’être bloqué à l’adolescence, sans pouvoir complétement devenir adulte. Le blocage est surtout psychologique d’ailleurs, je vois bien en lisant les témoignages sur ce forum qu’après la première fois la vie ne change pas vraiment concrètement. C’est plutôt dans la tête que c’est libérateur, comme si une chape de plomb disparaissait d’un coup…
En y réfléchissant c’est plus le fait de n’avoir eu aucune copine, aucune expérience amoureuse ou affective qui est une souffrance, plutôt que la virginité en elle-même. Je me sens indigne d’être aimé. L’amour est partout, j’ai l’impression de louper la meilleure partie de ce qui fait une vie humaine. Mourir sans avoir eu de vie sentimentale, sans avoir été aimé, sans avoir pris une femme dans ses bras, me semble être une des pires choses qui soient... (oui je suis romantique et hypersensible aussi, c'est le jackpot...)
Et puis j’ai commencé à me poser des questions. Une timidité ‘normale’ disparait à l’âge adulte. Prendre la parole en public me terrifie toujours, je rougis, je transpire, je bute encore sur certains mots. La solitude me pèse de plus en plus. Il y a 2 ans je suis tombé par hasard sur les pages Wikipédia sur l’anxiété, la phobie sociale, la ‘timidité amoureuse’, le Trouble de la personnalité évitante… et je suis tombé des nues. Je lisais littéralement mon portrait dans ces lignes. Ces problèmes existent, sont bien réels, et personne ne m’en avait jamais parlé. D’un côté, apprendre qu’on souffre de troubles rares, dont on se libère difficilement et qui empêche d’être pleinement heureux dans sa vie, c’est assez dur à digérer… Mais d’un autre côté, mettre des mots et des choses concrètes dessus m’a fait du bien. Je suis aussi tombé sur des vidéos YouTube /sites qui m’ont aussi permis d’être moins naïf, de moins idéaliser les femmes, de mieux comprendre la réalité des rapports, la nature, les différences entre hommes et femmes... Tout ce qu’un homme normal apprend au contact des femmes, j’ai dû l’apprendre sur internet. Des choses que j’aurais aimé connaitre beaucoup plus tôt, et qui sont d’une importance cruciale selon moi tant de plus en plus de gens semblent souffrir dans cette société moderne (ce forum n’est que la partie émergée d’un immense iceberg…). Tout ça m’a fait un peu gagner en estime personnelle, et d’une certaine façon ça m’a sauvé. Je suis moins dépressif qu’avant, j’essaie de profiter de la vie en faisant des choses que j’aime, je me suis mis à faire du sport, à changer ma façon de m’habiller. Ecrire ces lignes est aussi une victoire en soi. Je n’ai parlé de ça à personne, la honte est beaucoup trop forte…
Voilà mon histoire... Aujourd'hui je sais que je ne serais jamais vraiment délivré de cette peur intérieure, cette anxiété avec les femmes, cette difficulté à ‘lire les signes’, cette inaptitude sociale. Je sais qu’au fond de moi j’aurais toujours ce sentiment d’injustice, de ne pas mériter ce qui m’arrive, d’être passé à côté d’une partie de ma vie, d’avoir rater mon adolescence, ma jeunesse... Il m’arrive encore de pleurer le soir en pensant à ma situation. J’ai démarré mon parcours de vie avec un mauvais jeu en main. J’ai pris beaucoup de retard, mais je pense que j’aurais d’autant plus de mérite que les autres à essayer d’aller au bout. C’est aussi par les épreuves, la difficulté, le dépassement de soi, qu’on peut vraiment se construire et avancer, les films de super-héros ont raison là-dessus ! Même si c’est difficile et que ça me prendra du temps, je veux rester positif.
Merci d’avoir lu cette bouteille à la mer…