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par windwir
Homme de 32 ans vierge
#241436
Bonjour à tous,

Je suis un homme de 30 ans, je n’ai jamais eu de copine. J'ai pris mon courage à deux mains pour m'inscrire et poster ce message, je n'en attends pas grand-chose, mais je pense qu’en parler peut être ‘libérateur’ en quelque sorte, et que ça ne peut être que positif.

J’étais un enfant assez normal en primaire je pense, qui jouait avec tout le monde et participait en classe. Déjà j’étais de nature très calme. Tout a commencé à changer en rentrant au collège. Je n’étais plus avec mes copains. Je suis passé d’une école de village a un collège de plusieurs centaines d’élèves, et rapidement j’ai été confronté à des moqueries et des insultes, comme beaucoup de gens peut-être, sauf que quand on est plutôt réservé on ne sait pas comment réagir. Donc on baisse la tête, et on ne répond rien. Et ça continué. Et plus ça a continué, plus je me suis enfermé. Je ne disais plus rien, je ne participais plus en classe. J’ai commencé à avoir peur des autres, de leur jugement, et une barrière a commencé à se former entre moi et les gens ‘normaux’. J’étais ‘l’intello’ qui ne savais pas se défendre. La douche après le sport était une épreuve, j’ai pris conscience de mon corps d’un coup, et j’en avais honte. Et puis j’ai commencé à bégayer, d’abord sans m’en rendre compte, puis plus fortement. Lire un texte à voix haute était une épreuve. Le harcèlement n’était que verbal, mais à l’époque ça me détruisait complètement intérieurement. La moindre phrase pouvait devenir extrêmement blessante, particulièrement lorsque ça venait d’une fille, ou d’un adulte. Hors du contexte familial, j’étais quasiment muet.
Tout le collège est passé comme ça. Puis lycée, classe prépa, école d’ingénieur. Je lisais beaucoup, et me réfugiais dans le dessin. C’était tout ce que j’avais, un coup de crayon qui me permettait de m’évader et me dire que je n’étais pas un ‘looser’ complet. Je suis tombé très très bas à certains moments. Je n’avais toujours qu’un petit cercle d’amis, généralement des gens ‘marginaux’ ou ‘moins populaires’. Avec le temps les choses se sont améliorées petit à petit (il faut dire que je partais de loin), mais chaque présentation ou exposé, ou n’importe quelle situation formelle, restait une épreuve qui me terrorisait.

Impossible d’aller parler aux filles évidemment, surtout si elles étaient jolies. Très tôt je les ai idéalisées et mises sur un piédestal, comme beaucoup d’hommes je pense : une éducation ‘traditionnelle’ où on me disait de ‘protéger’ les filles, les films Disney, l’hyper-visibilité du ‘women's empowerment’ moderne… tout ça n’a fait que creuser le fossé encore plus. Encore aujourd’hui je ne me sens pas à l’aise en parlant avec une femme, surtout si elle est jolie. Jamais je n’ai embrassé ou tenu la main d’une fille. N’étant pas vraiment attirant physiquement, je n’ai jamais reçu aucune sorte d’attention de la part des femmes, que ce soit dans la vie réelle ou sur les sites de rencontres. La drague et la séduction sont des choses littéralement incompréhensibles pour moi, je ne sais pas comment agir, ou réagir, je suis pris d’une peur qui me paralyse. Et plus on grandit plus la virginité devient une honte. J’ai l’impression d’être bloqué à l’adolescence, sans pouvoir complétement devenir adulte. Le blocage est surtout psychologique d’ailleurs, je vois bien en lisant les témoignages sur ce forum qu’après la première fois la vie ne change pas vraiment concrètement. C’est plutôt dans la tête que c’est libérateur, comme si une chape de plomb disparaissait d’un coup…
En y réfléchissant c’est plus le fait de n’avoir eu aucune copine, aucune expérience amoureuse ou affective qui est une souffrance, plutôt que la virginité en elle-même. Je me sens indigne d’être aimé. L’amour est partout, j’ai l’impression de louper la meilleure partie de ce qui fait une vie humaine. Mourir sans avoir eu de vie sentimentale, sans avoir été aimé, sans avoir pris une femme dans ses bras, me semble être une des pires choses qui soient... (oui je suis romantique et hypersensible aussi, c'est le jackpot...)

Et puis j’ai commencé à me poser des questions. Une timidité ‘normale’ disparait à l’âge adulte. Prendre la parole en public me terrifie toujours, je rougis, je transpire, je bute encore sur certains mots. La solitude me pèse de plus en plus. Il y a 2 ans je suis tombé par hasard sur les pages Wikipédia sur l’anxiété, la phobie sociale, la ‘timidité amoureuse’, le Trouble de la personnalité évitante… et je suis tombé des nues. Je lisais littéralement mon portrait dans ces lignes. Ces problèmes existent, sont bien réels, et personne ne m’en avait jamais parlé. D’un côté, apprendre qu’on souffre de troubles rares, dont on se libère difficilement et qui empêche d’être pleinement heureux dans sa vie, c’est assez dur à digérer… Mais d’un autre côté, mettre des mots et des choses concrètes dessus m’a fait du bien. Je suis aussi tombé sur des vidéos YouTube /sites qui m’ont aussi permis d’être moins naïf, de moins idéaliser les femmes, de mieux comprendre la réalité des rapports, la nature, les différences entre hommes et femmes... Tout ce qu’un homme normal apprend au contact des femmes, j’ai dû l’apprendre sur internet. Des choses que j’aurais aimé connaitre beaucoup plus tôt, et qui sont d’une importance cruciale selon moi tant de plus en plus de gens semblent souffrir dans cette société moderne (ce forum n’est que la partie émergée d’un immense iceberg…). Tout ça m’a fait un peu gagner en estime personnelle, et d’une certaine façon ça m’a sauvé. Je suis moins dépressif qu’avant, j’essaie de profiter de la vie en faisant des choses que j’aime, je me suis mis à faire du sport, à changer ma façon de m’habiller. Ecrire ces lignes est aussi une victoire en soi. Je n’ai parlé de ça à personne, la honte est beaucoup trop forte…

Voilà mon histoire... Aujourd'hui je sais que je ne serais jamais vraiment délivré de cette peur intérieure, cette anxiété avec les femmes, cette difficulté à ‘lire les signes’, cette inaptitude sociale. Je sais qu’au fond de moi j’aurais toujours ce sentiment d’injustice, de ne pas mériter ce qui m’arrive, d’être passé à côté d’une partie de ma vie, d’avoir rater mon adolescence, ma jeunesse... Il m’arrive encore de pleurer le soir en pensant à ma situation. J’ai démarré mon parcours de vie avec un mauvais jeu en main. J’ai pris beaucoup de retard, mais je pense que j’aurais d’autant plus de mérite que les autres à essayer d’aller au bout. C’est aussi par les épreuves, la difficulté, le dépassement de soi, qu’on peut vraiment se construire et avancer, les films de super-héros ont raison là-dessus ! Même si c’est difficile et que ça me prendra du temps, je veux rester positif.

Merci d’avoir lu cette bouteille à la mer…
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par fopaldir
Homme de 62 ans vierge
#241440
Bonjour Windwir,

Merci pour ta présentation, ton témoignage et ta volonté d'écrire ici qui tu es tout simplement.
Bienvenue sur ce forum.

Dans ta présentation, je me reconnais plusieurs fois tel que j'étais à 30 ans, notamment lorsque tu écris "la drague et la séduction sont des choses littéralement incompréhensibles pour moi, je ne sais pas comment agir, ou réagir, je suis pris d’une peur qui me paralyse. Et plus on grandit plus la virginité devient une honte. J’ai l’impression d’être bloqué à l’adolescence". Bon, maintenant je sais que je suis asexuel dans le sens où je ne recherche et n'ai besoin d'aucune relation amoureuse ou sexuelle... bien que je me sois forcé pendant des années (des décennies !) à me plier au schéma relationnel/sexuel "normal" alors que je n'étais tout simplement pas cette personne "normale".

Je crois que ta présentation ici est un étape très positive : pour la 1ère fois, tu annonces "au monde" qui tu es véritablement et comment tu vis ta virginité tardive, ce n'est pas rien ! Tu trouveras sur ce forum des oreilles attentives et compréhensives, des hommes et des femmes qui savent ce que signifie une virginité tardive.

Aussi, il me semble que tu as jugement en partie très négatif sur toi-même. Cet auto-jugement alimente une auto-dépréciation en une sorte de cercle vicieux. Tu as fait de belles études, tu essaies de profiter de la vie et faire ce que tu aimes, tu dessines, tu fais du sport, tu as changé ta façon de t'habiller... et probablement encore plein d'autres choses pour lesquelles il y a motif à ressentir une certaine fierté.

L'acceptation pleine et entière de qui tu es actuellement sera la condition incontournable pour devenir qui tu souhaites être. Le chemin de la meilleure version de soi-même n'est pas facile à gravir... mais chaque petit pas fait sur ce chemin est une belle victoire.

Bon vent à toi !
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par MathSo
Homme de 29 ans vierge
#241457
Bonsoir Windwir, et bienvenue par ici :grin: !!

Même si tu n'attends rien, c'est déjà une bonne chose d'être venu t'inscrire et nous raconter ton histoire. Si cela te fait du bien de mettre par écrit tout ce qui te tracasse, tu verras ici que tu n'es pas le seul à vivre les mêmes craintes et à te poser les mêmes questions.

Je comprends tout à fait ce que tu ressens, puisqu'en te lisant j'ai eu l'impression de me reconnaitre : Moi aussi je n'ai jamais connu la moindre intimité physique avec une fille (jamais embrassé ou quoi que ce soit), plutôt timide, le collège a aussi été un enfer pour moi et je m'évadais grâce à la musique. Pour moi aussi, la séduction est un grand mystère auquel je n'ai pas les réponses.
windwir a écrit :En y réfléchissant c’est plus le fait de n’avoir eu aucune copine, aucune expérience amoureuse ou affective qui est une souffrance, plutôt que la virginité en elle-même. Je me sens indigne d’être aimé. L’amour est partout, j’ai l’impression de louper la meilleure partie de ce qui fait une vie humaine. Mourir sans avoir eu de vie sentimentale, sans avoir été aimé, sans avoir pris une femme dans ses bras, me semble être une des pires choses qui soient...
Tu as exactement tout résumé. En tant que VT, plus que le sexe, c'est surtout l'affection qui nous manque. Quand on est abreuvé d'histoires sentimentales à la télé ou quand tu entends les derniers potins de tes amis ou de ta famille, tu as l'impression d'être marginalisé... Jusqu'à te poser la question si tu es "digne" d'être aimé. Une fois, il y avait même un collègue qui avait sorti texto : "Ah mais si tu meurs sans l'avoir fait, tu loupes un des trucs les plus kiffants sur terre".
windwir a écrit :Tout ça m’a fait un peu gagner en estime personnelle, et d’une certaine façon ça m’a sauvé. Je suis moins dépressif qu’avant, j’essaie de profiter de la vie en faisant des choses que j’aime, je me suis mis à faire du sport, à changer ma façon de m’habiller
C'est quand même une très bonne chose que tu te sois pris en main. Cela montre que malgré tout, tu as envie de t'en sortir, et de devenir la meilleure version de toit même. Je ne sais pas aussi si pour t'aider, tu as voulu aller voir un ou une) psy).

La fin de ton message est quand même positive. Oui on est certes en retard, mais ca ne veut pas dire qu'on est définitivement fichus pour autant.

Encore bienvenue, et au plaisir de te lire :wink:
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par Lereveur
Homme de 42 ans non vierge
#241471
Bonjour et bienvenue windwir !

Le harcèlement scolaire est hélas un classique dans les parcours de vie des VTs ; de même, ton ressenti (honte, injustice, etc.), ton côté hypersensible et romantique... Tout ça, tu le retrouveras chez la plupart d'entre nous.

Par contre c'est très cool pour le dessin, nous sommes plusieurs ici à pratiquer ; plus personnellement, j'ai commencé à reprendre après un long passage à vide (et poussé par des ami-e-s qui sont des @*ù%!! de furieux en dessin), et je viens de trouver tout récemment un groupe " drink & draw " dans ma ville, avec un premier essai encourageant ; je ferai peut-être un sujet spécifique pour relater mes expériences à ce sujet (je tâche de trouver des alternatives aux SDR pour les rencontres sentimentales), mais je te suggère déjà en passant cette piste pour t'en sortir, à tout hasard.

Tâcher d'aller de l'avant et changer des trucs (sport, fringues), essayer d'être positifs, sont aussi des bons points.
par windwir
Homme de 32 ans vierge
#241478
Merci à vous 3 pour vos réponses et votre accueil !
fopaldir a écrit :L'acceptation pleine et entière de qui tu es actuellement sera la condition incontournable pour devenir qui tu souhaites être.

C'est une très belle phrase, et effectivement la clé pour s'en sortir je pense, s'accepter complètement, sans honte, avec ses imperfections. Reconnaître aussi qu'on a des qualités et qu'on ne vaut pas 'moins' qu'un autre parce qu'on est un peu en retard sur certaines choses. Pourquoi est-ce qu'on n'apprend pas ca à l’école ??... ^^
MathSo a écrit :Une fois, il y avait même un collègue qui avait sorti texto : "Ah mais si tu meurs sans l'avoir fait, tu loupes un des trucs les plus kiffants sur terre".
Dire ca à quelqu’un qui galere a trouver un partenaire c'est blessant et démontre un manque d'empathie, au final tu te dis qu'effectivement ta situation est bel et bien horrible...
MathSo a écrit :Je ne sais pas aussi si pour t'aider, tu as voulu aller voir un ou une) psy).
J'en suis pas encore a cette étape (je commence juste à en parler à des gens sur internet^^), mais effectivement je pense que c'est le moyen le plus rapide et efficace pour s'en sortir. Malheureusement le profil typique du VT étant l’anxiété sociale, la honte, une certaine peur de l'autre ou gene sociale, la thérapie fait elle-meme partie des trucs pas vraiment naturels pour nous et qu'on va éviter, c'est notre malédiction... Le pourcentage de gens qui vont aller voir un psy pour ce genre de problème doit être beaucoup plus faible que pour d'autres troubles psychologiques, ca invisibilise aussi ces problèmes.
Apres idéalement on essaie aussi de se 'soigner' nous memes, ou se renseigner... On se prend en charge et on démarre le processus, ca peut aussi être positif. Beaucoup de gens normaux auraient besoin d'aller voir un psy (et pourraient le faire) pour être plus heureux, mais ils n'en sont meme pas au courant...
Lereveur a écrit :Par contre c'est très cool pour le dessin, nous sommes plusieurs ici à pratiquer ; plus personnellement, j'ai commencé à reprendre après un long passage à vide (et poussé par des ami-e-s qui sont des @*ù%!! de furieux en dessin)
Ca fait également longtemps que je n'en ai pas fait, mon côté artiste a trouvé d'autres hobbies dans lesquels s’épanouir (piano/photo) mais le dessin me reste toujours dans un coin de la tete^^
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