- 19 juin 2021, 20:51
#238557
Bonjour à tous,
Souffrant de privation sexuelle depuis presque quinze ans, j'ai découvert l'existence de ce forum, hier, en faisant des recherches sur la souffrance qu'occasionne une abstention involontaire.
Pour situer en quelques lignes l'arrière plan sur lequel se dessine ma problématique sexuelle, voilà les informations pertinentes :
1) Je suis enfant unique et j'ai vécu de graves maltraitances de la part de mon père, de mon enfance jusqu'à la fin de mon adolescence, lorsqu'il est mort. C'étaient essentiellement des violences verbales, un dénigrement constant, des menaces de coups, des colères dévastatrices pour un rien, etc. Ma mère a aussi vécu cet enfer et, m'a-t-elle dit, se sentait trop faible psychologiquement pour le quitter et pour me protéger de lui.
2) Résultat : vers seize ans, j'ai commencé à consulter mes premiers psychiatres. Le diagnostic (qui n'a pas changé) : troubles de la personnalité (inhibition pathologique) et phobies sociales. Sous la coupe de ce père hurleur, je n'ai jamais appris à me défendre, ni même pu me constituer en tant que personne. J'avais peur tout le temps et de tout le monde. Même maintenant, bien que ce soit un peu moins fort, je ressens des vertiges, un malaise à me faire perdre connaissance quand j'entends des gens se disputer dans la rue.
3) Conséquences : Malgré que j'aie pu obtenir mon bac et une Licence de mathématiques (mais par correspondance !), je ne suis jamais parvenu à m'intégrer au monde du travail. Je suis donc reconnu handicapé adulte (pour les troubles précités) et "survis" grâce à l'AAH (ce qui n'aide pas pour attirer une femme, je vous assure...).
J'en viens maintenant à ma quasi-non-vie sexuelle :
1) Premier amour à quinze ans : ratage total. Bon, ça encore, c'est le le lot de la majorité mais ce qui fait ma spécificité c'est que jamais je n'ai pu avoir une relation sentimentale (même pas un baiser ou un vague espoir) avec une fille dont j'étais amoureux. Déjà à quinze ans, je ressentais une forte pulsion sexuelle et je tombais facilement amoureux de filles qui, poliment mais catégoriquement, me refusaient.
2) De vingt à trente ans, ce fut atroce. Je note ici que de dix-neuf à vingt-et-deux ans, j'ai vécu à Paris pour faire des études que j'ai dû interrompre à cause de mon état de santé psy (c'est après que j'ai passé ma Licence de maths). J'avais un désir énorme pour quasiment toutes les femmes que je croisais et je me sentais particulièrement excité par l'élégance qu'elles mettaient dans leur toilette : les jupes, les collants noirs, les tailleurs, etc. Je jalousais les couples que je voyais passer ou que je voyais se former là où j'étudiais : cela me crucifiait de les voir marcher en se tenant par la main ou, pire, s'embrasser.
3) A vingt-et-un an, une fille qui était dans la même année que moi et qui ne me plaisait pas du tout a commencé à me faire des avances. J'étais tellement désespéré que je pensais qu'il fallait accepter parce que de toute façon ça ne marcherait jamais avec une fille qui me plairait. J'ai donc eu quelques relations sexuelles avec cette fille. Je dois dire, pour être honnête, que j'en ai éprouvé du plaisir. Mais cette fille était pour le moins toxique et s'amusait de mes faiblesses : par exemple, il lui arrivait le soir, lorsque nous étions dans le lit, de commencer à me masturber et puis de me dire d'un coup "Maintenant on dort !" et se refuser totalement à moi. Ce qui a fait exploser le "couple" (nous ne sommes restés ensemble que trois semaines) a été sa tentative de me faire croire qu'elle était enceinte. Bref, à ce moment, j'ai commencé à ne plus aller en cours, à éprouver encore plus de frustration sexuelle et j'ai fini par quitter Paris pour rentrer chez moi, à Perpignan.
4) Par la suite et jusqu'à aujourd'hui, je n'ai eu que deux "copines" : chaque fois des filles qui ne me plaisaient pas et pour des relations qui ont duré deux semaines au maximum.
Bref, dans toute ma vie, je n'ai dû avoir qu'une vingtaine de relations sexuelles. "Techniquement", je ne suis donc pas puceau mais, en moi, je ressens une énorme frustration, je me sens, si l'on veut, "puceau de l'amour". Je n'ai jamais fait l'amour avec une fille que j'aime.
J'ai essayé les sites de rencontre (avec le "succès" qu'on imagine), j'ai également essayé les escort-girls mais sans parvenir à la moindre érection (même avec du cialis) : il n'y a pas de sentiments, c'est trop glauque. Bref, au jour d'aujourd'hui, je sens que même ma capacité à tomber amoureux est morte. Je ne ressens qu'un manque terrible de sexe, mais de sexe avec quelqu'un qui me désire. Mon grand rêve serait de rencontrer une femme, peu importe son physique, son âge, mais qui ait simplement envie de moi et de vivre avec elle une aventure sexuelle : nous n'aurions pas de tabous, nous nous livrerions à de petits jeux sexuels, etc. Mais ce n'est qu'un rêve...
En plus de mes problèmes de phobies sociales, il est vrai également que je ne suis pas physiquement extraordinaire : 1m61, plutôt mince : ça n'a rien à voir avec l'image d'Épinal du "mâle" dont rêvent les femmes. Je me sens, pour ceux qui ont lu le roman, comme Raphaël Tisserand dans Extension du domaine de la lutte de Houellebecq.
Enfin, voilà : au quotidien, en plus de mes autres ennuis, ce manque de sexualité me fait horriblement souffrir. Et la perspective de ne jamais plus faire l'amour (perspective qui me paraît malheureusement plus que probable) me fait plonger dans une dépression atroce.
J'espère ne pas vous avoir assommés avec mon récit. En tout cas, ça m'a soulagé de pouvoir l'écrire, d'avoir trouvé un endroit où d'autres peuvent comprendre, parce qu'ils le vivre également, cette souffrance immense que cause la privation involontaire.
Merci de m'avoir lu.
A bientôt sur le forum,
Bruno
Souffrant de privation sexuelle depuis presque quinze ans, j'ai découvert l'existence de ce forum, hier, en faisant des recherches sur la souffrance qu'occasionne une abstention involontaire.
Pour situer en quelques lignes l'arrière plan sur lequel se dessine ma problématique sexuelle, voilà les informations pertinentes :
1) Je suis enfant unique et j'ai vécu de graves maltraitances de la part de mon père, de mon enfance jusqu'à la fin de mon adolescence, lorsqu'il est mort. C'étaient essentiellement des violences verbales, un dénigrement constant, des menaces de coups, des colères dévastatrices pour un rien, etc. Ma mère a aussi vécu cet enfer et, m'a-t-elle dit, se sentait trop faible psychologiquement pour le quitter et pour me protéger de lui.
2) Résultat : vers seize ans, j'ai commencé à consulter mes premiers psychiatres. Le diagnostic (qui n'a pas changé) : troubles de la personnalité (inhibition pathologique) et phobies sociales. Sous la coupe de ce père hurleur, je n'ai jamais appris à me défendre, ni même pu me constituer en tant que personne. J'avais peur tout le temps et de tout le monde. Même maintenant, bien que ce soit un peu moins fort, je ressens des vertiges, un malaise à me faire perdre connaissance quand j'entends des gens se disputer dans la rue.
3) Conséquences : Malgré que j'aie pu obtenir mon bac et une Licence de mathématiques (mais par correspondance !), je ne suis jamais parvenu à m'intégrer au monde du travail. Je suis donc reconnu handicapé adulte (pour les troubles précités) et "survis" grâce à l'AAH (ce qui n'aide pas pour attirer une femme, je vous assure...).
J'en viens maintenant à ma quasi-non-vie sexuelle :
1) Premier amour à quinze ans : ratage total. Bon, ça encore, c'est le le lot de la majorité mais ce qui fait ma spécificité c'est que jamais je n'ai pu avoir une relation sentimentale (même pas un baiser ou un vague espoir) avec une fille dont j'étais amoureux. Déjà à quinze ans, je ressentais une forte pulsion sexuelle et je tombais facilement amoureux de filles qui, poliment mais catégoriquement, me refusaient.
2) De vingt à trente ans, ce fut atroce. Je note ici que de dix-neuf à vingt-et-deux ans, j'ai vécu à Paris pour faire des études que j'ai dû interrompre à cause de mon état de santé psy (c'est après que j'ai passé ma Licence de maths). J'avais un désir énorme pour quasiment toutes les femmes que je croisais et je me sentais particulièrement excité par l'élégance qu'elles mettaient dans leur toilette : les jupes, les collants noirs, les tailleurs, etc. Je jalousais les couples que je voyais passer ou que je voyais se former là où j'étudiais : cela me crucifiait de les voir marcher en se tenant par la main ou, pire, s'embrasser.
3) A vingt-et-un an, une fille qui était dans la même année que moi et qui ne me plaisait pas du tout a commencé à me faire des avances. J'étais tellement désespéré que je pensais qu'il fallait accepter parce que de toute façon ça ne marcherait jamais avec une fille qui me plairait. J'ai donc eu quelques relations sexuelles avec cette fille. Je dois dire, pour être honnête, que j'en ai éprouvé du plaisir. Mais cette fille était pour le moins toxique et s'amusait de mes faiblesses : par exemple, il lui arrivait le soir, lorsque nous étions dans le lit, de commencer à me masturber et puis de me dire d'un coup "Maintenant on dort !" et se refuser totalement à moi. Ce qui a fait exploser le "couple" (nous ne sommes restés ensemble que trois semaines) a été sa tentative de me faire croire qu'elle était enceinte. Bref, à ce moment, j'ai commencé à ne plus aller en cours, à éprouver encore plus de frustration sexuelle et j'ai fini par quitter Paris pour rentrer chez moi, à Perpignan.
4) Par la suite et jusqu'à aujourd'hui, je n'ai eu que deux "copines" : chaque fois des filles qui ne me plaisaient pas et pour des relations qui ont duré deux semaines au maximum.
Bref, dans toute ma vie, je n'ai dû avoir qu'une vingtaine de relations sexuelles. "Techniquement", je ne suis donc pas puceau mais, en moi, je ressens une énorme frustration, je me sens, si l'on veut, "puceau de l'amour". Je n'ai jamais fait l'amour avec une fille que j'aime.
J'ai essayé les sites de rencontre (avec le "succès" qu'on imagine), j'ai également essayé les escort-girls mais sans parvenir à la moindre érection (même avec du cialis) : il n'y a pas de sentiments, c'est trop glauque. Bref, au jour d'aujourd'hui, je sens que même ma capacité à tomber amoureux est morte. Je ne ressens qu'un manque terrible de sexe, mais de sexe avec quelqu'un qui me désire. Mon grand rêve serait de rencontrer une femme, peu importe son physique, son âge, mais qui ait simplement envie de moi et de vivre avec elle une aventure sexuelle : nous n'aurions pas de tabous, nous nous livrerions à de petits jeux sexuels, etc. Mais ce n'est qu'un rêve...
En plus de mes problèmes de phobies sociales, il est vrai également que je ne suis pas physiquement extraordinaire : 1m61, plutôt mince : ça n'a rien à voir avec l'image d'Épinal du "mâle" dont rêvent les femmes. Je me sens, pour ceux qui ont lu le roman, comme Raphaël Tisserand dans Extension du domaine de la lutte de Houellebecq.
Enfin, voilà : au quotidien, en plus de mes autres ennuis, ce manque de sexualité me fait horriblement souffrir. Et la perspective de ne jamais plus faire l'amour (perspective qui me paraît malheureusement plus que probable) me fait plonger dans une dépression atroce.
J'espère ne pas vous avoir assommés avec mon récit. En tout cas, ça m'a soulagé de pouvoir l'écrire, d'avoir trouvé un endroit où d'autres peuvent comprendre, parce qu'ils le vivre également, cette souffrance immense que cause la privation involontaire.
Merci de m'avoir lu.
A bientôt sur le forum,
Bruno