- 14 oct. 2017, 21:09
#202798
Il suffit de voir certaines réactions ici même pour constater que Blade Runner 2049 est loin d'être un blockbuster conçu pour flatter un maximum de spectateurs, alors que c'est clairement le cas des nouveaux Star Wars...
'Le Réveil de la Force" est un divertissement pur, accessible au plus grand nombre, efficace et rentable... L'essence de la franchise n'est pas vraiment altérée par cette suite, et ce d'autant moins que son scénario n'a rien d'original... Il ne s'agit pas d'une quelconque volonté de respecter l’œuvre initiale, mais simplement d'une garantie commerciale... La fan base est très large, et la décevoir représenterait certainement une perte conséquente pour Disney... En plus, avec deux suites et des spin-offs à venir, le premier objectif était d'appâter le chaland,en se montrant rassurant et bien intentionné... Ça se traduit par un film spectaculaire, mais dont le scénario, une fois que l'on gratte la couche de fan service, sonne creux et est ultra prévisible... (Peut-être que la suite sera plus intéressante... J'irai probablement la voir, mais je ne suis franchement pas impatient...)
Considérer que c'est une "grande" suite, c'est manquer de recul, surtout sur l'objet cinématographique en lui-même... Si c'est correctement réalisé, ce n'est pas pour autant que c'est artistiquement et techniquement abouti (Et ce sur point, j'ai été pas mal déçu... On repassera sur les persos et l'animation 3D... Et ne parlons pas de la projection en relief qui était tout simplement ridicule...)...
Pour rester dans Star Wars, j'ai vu Rogue One récemment... Nécessairement, le scénario est plus original, mais bon sang que ça reste puéril... Et rempli d'un tas de choses qu'on a mis là probablement parce que les concepteurs et autres character designers sont des gros capricieux qui veulent voir à tout prix leurs créations à l'écran... On dirait qu'on a accommodé les "restes", ce qui a été rejeté pour les films principaux parce que ça manquait de consistance (Pourtant, Rey, Fin, et Poe, c'est déjà pas fameux...)... Le film n'est pas mauvais... Il y a même, selon moi, plus de Star Wars dedans que dans "Le Réveil de la Force" (D'ailleurs on le saura "May the Force be with you..."...), mais c'est fade...
(Et niveau technique, j'étais impatient de voir le grand Moff Tarkin... Mais pourquoi certains trouvent que c'est bluffant? C'est juste tellement foireux... On ressent les limites des animateurs... La plupart du temps, ils sont formés pour animer des cartoons, dans un style très courbé... Ce style peut encore passer quand il s'agit d'animer des créatures, ou des animaux, parce que nous n'avons pas l'habitude d'observer leurs mouvements... Mais pour des êtres humains, ça ne colle absolument pas...... On voit qu'ils ont voulu casser les courbes, pour créer artificiellement tous les mouvements parasites que nous effectuons malgré nous et qui font notre naturel... Résultat, si la modélisation de Peter Cushing est correcte, sa démarche et ses mimiques sont saccadées... Et c'est pareil pour Carrie Fisher...)
J'en reviens à Blade Runner 2049...
Un scénario peu imaginatif aurait réglé cette question sans détour...
Tu affirmes que Deckard a vieilli jusqu'en 2049, et que donc c'est un humain... Et tu fais fi d'un postulat que cette suite installe... Les facultés de certains réplicants n'ont pas été totalement dévoilées dans le Blade Runner initial...
Toujours sans spoiler (Mais ça devient litigieux pour ceux qui n'ont rien vu, vous êtes prévenus... ), c'est d'ailleurs l'une de ces facultés qui est à l'origine de l'enjeu principal du film... Affirmer que les réplicants ne peuvent vieillir, ce qui pour le coup était la clef des intentions des androïdes rebelles du premier film, c'est une hypothèse hasardeuse, qui s'avère être fausse... Les Nexus-6 avaient une durée de vie limitée... Celle des autres modèles n'a jamais été clairement établie...
Par ailleurs, Rachel, de base, est un réplicant à part, comme l'explique Tyrell, suite au fameux test réalisé par Deckard... On ne connait pas ses caractéristiques...
Dernier détail... Sapper Morton (Bautista...) est âgé... Il est clairement expliqué dans le film qu'il squatte sa petite ferme depuis une vingtaine d'années... Quand K se rend chez Wallace, il verra d'ailleurs des modèles identiques dans leur aquarium, et pour le coup, jeunes...
Bref, la fameuse question est bel et bien laissée en suspend...
Cette lubie des figurines de chevaux donne de l'épaisseur à cette question... Est-ce un humain qui cherche à tromper le temps, ou un réplicant en quête de sens? N'est-ce pas la preuve que lui-même ignore sa véritable nature? En plus, c'est un élément scénaristique dont le rôle dans l'enquête à proprement parler menée par K n'est pas négligeable...
C'est très loin d'être un élément vide...
(Autre chose, je ne peux pas l'affirmer, mais je ne serais pas surpris d'apprendre que ces chevaux aient été taillés par Harisson Ford lui-même... Le fait que le bois rêvet autant d'importance pour Deckard est assez amusant quand on sait que l'acteur s'est détourné un temps de sa carrière d'acteur pour devenir menuisier...)
Quant à l'évolution du personnage de K, elle est drôlement palpable, puisqu'elle est elle-même au cœur de son enquête dont il est convaincu d'être la clef... Le personnage a conscience de son artificialité, et sa patronne a même le loisir de lui répéter qu'il n'a pas d'âme (Je ne suis plus totalement sûr de ce point, j'irai refaire un tour au ciné dès que possible... )... Il me semble que sa femme virtuelle (Et je dois revoir "Her" pour me positionner quant à une réminiscence fainéante de Villeneuve...) lui précise que c'est la naissance qui permet d'affirmer que l'on en possède une (Si ça c'est pas déjà sujet à de belles prises de têtes philosophiques, et dont il n'était pas vraiment question dans Blade Runner...)... Et même si dans un premier temps, cette question semble ne pas le troubler outre mesure, on se rend rapidement compte qu'elle le travaille furieusement... Quand il prend conscience de la consistance de ses souvenirs, on ne peut pas nier qu'il est déstabilisé... Et la suite des événements a largement de quoi l'émouvoir encore plus...
Personnellement, je suis vraiment fan de ce Blade Runner (Je parle du personnage... )... C'est un miroir remarquable de Roy Batty... Ils ont les mêmes failles, les mêmes questionnements, la même humanité... Le même besoin de donner du sens à leur existence... Sauf qu'ils ne vont pas chercher à assouvir ce besoin par les mêmes moyens, dans la mesure où le Nexus-6 est restreint par le temps...
Évidemment, l'un est le héro, alors que l'autre n'est que l'antagoniste... En temps d'exposition, le protagoniste principal est nettement plus présent à l'écran... Nécessairement, sa personnalité est dosée sur la longueur du film, alors que celle méchant sera concentrée sur quelques scènes, le rendant forcément remarquable... (C'est une des raisons qui fait que Luv tient la route sans pouvoir rivaliser avec Roy... On la voit nettement plus tôt dans le film, et sa personnalité crapuleuse reste assez monocorde durant ses apparitions très régulières à l'écran...)
Evidemment, K ne débite pas un monologue final mémorable, en slip sous la pluie... Si Villeneuve avait tenté de recréer une scène aussi inclassable, on aurait senti le prétexte derrière, et on aurait pu dire qu'il suivait platement le film original... Mais non, il s'en démarque... On est même à nouveau dans l'opposition de style entre K et Roy Batty... L'un est pressé, et débite autant de choses qu'il peut... L'autre à tout son temps, et laisse les non-dits s'exprimer pour lui... Certes, c'est moins démonstratif... Mais sur le fond, c'est tout aussi touchant...
Évidemment, le charisme émane plus facilement des personnages méchants que des gentils... (Tout le monde préfère Vegeta à Sangoku... D'autant plus quand le méchant devient gentil... Et Roy Batty laisse exploser son humanité en sauvant la peau de Deckard...)
Quant à ce que le film apporte de neuf...
Un regard assez réaliste sur un avenir peut-être plus proche de nous qu'on l'imagine... La dystopie est bien plus tangible et plus lourde que dans le Blade Runner de 1982, où Deckard allait tranquillement bouffer ses nouilles au chinois du coin... (Mmmh! Les bonnes larves!)
Les conditions de vie, l'exploitation des réplicants, sont nettement plus évoquées... Quant K rentre chez lui, il en prend plein la tronche... Pour le coup, la limite excessivement ténue entre les émotions ressenties par des êtres naturels et certains êtres artificiels soulève énormément de questions... Pourrait-on traiter à notre guise des êtres humains sous prétextes qu'ils ont été créé artificiellement?
Wallace qui voudrait à tout prix doter les réplicants du don de reproduction a-t-il conscience que des gosses sont exploités afin de recycler des composants électroniques? En voyant la scène de l'orphelinat, l'utilité des androïdes est directement remise en cause... Qui est l'esclave de qui?
C'est aussi assez intéressant de voir l'attachement que K porte à Joi, sans que l'on puisse savoir à quelle point cette femme virtuelle est unique... Là aussi, ce point de vue, d'un être quasi humain, mais artificiel, conscient de son état, et qui s'entiche d'une intelligence artificielle soulève pas mal de questions... Surtout dans son rapport au corps, vu que les réplicants ne sont pas dénués de désir...
D'un point de vue cinématographique, du point de vue la SF en tant que genre, évidemment, c'est plus compliqué... On a déjà tellement dit, et tellement fait...
Ce n'est pas du tout un film identique au premier Blade Runner, ne fût-ce que parce que chacun d'entre eux est de son temps... Début des années 80, Ridley Scott nous sort un OVNI qui suinte de folie punk... Et ça sert le propos du film... 35 ans plus tard, le monde est nettement moins déjanté, et tellement plus ordonné... Et ça sert aussi le propos du film, vu qu'il y a eu un black out, et un renouveau (Après, c'est bien tout calé dans la ville, mais quand on en sort, c'est nettement plus la foire...)... C'est un élément qui transparait assez fort si l'on s'amuse à comparer les bureaux respectifs du chef de Deckard et du chef de K... (On pourrait aussi le constater en comparant l'intérieur des apparts des deux Blade Runners, mais je crois que ce n'est pas une question de style de ce côté-là, mais bien de personnalité... Deckard est convaincu d'être humain... Son appart est un chouia bordélique... K est sûr et certain d'être un réplicant, il vit quasi dans le placard de Blender... )
On pourrait aussi s'amuser à comparer le traitement des éclairages, qui est absolument hallucinant dans le film de 82... Toutes les scènes se déroulant chez J.F. Sebastian sont magiques de ce point de vue... Cette manière de jouer avec les éléments du décor pour laisser passer juste le trait de lumière qui équilibrera la construction de l'image, qui mettra en valeur tel objet ou telle action est tout simplement splendide... Pour le coup, c'est le désordre omniprésent qui contraste avec la froideur mécanique des réplicants, mais qui rajoute aussi à leur côté mystérieux...
Villeneuve joue avec d'autres éléments pour mettre en valeur son propos... Oui, il est volontairement contemplatif, mais c'est loin d'être le seul aspect notable de son film... Il n'hésite pas à jouer avec cette brume ambiante omniprésente et qui donne littéralement corps aux interrogations de K... Mais lui aussi va se permettre quelques fantaisies avec les lumières... Il s'en donne à cœur joie lorsque Deckard et K s'en mettent plein la tronche... Je pense d'ailleurs qu'à travers cette scène, il rend hommage au travail de Scott, tout en affirmant ses propres marques... Il accorde aussi un soin particulier au traitement des hologrammes... La construction des images, d'un point de vue purement esthétique, est remarquable... Il n'y a aucun plan à jeter...
Je pense que comme Blade Runner, Blade Runner 2049 va prendre le temps de s'installer... Ce qui me surprend, mais là c'est tout personnel, c'est le besoin et l'envie que j'ai de le revoir et que seuls de rares films peuvent soulever en moi (Dont le premier, forcément...)...
Par contre, il y a un point sur lequel effectivement, le nouvel opus fait le taf, sans plus de fantaisie, c'est la musique... Zimmer et ses basses, c'est banal à force... Il respecte le thème de Vangelis, c'est correct, c'est dans l'ambiance, mais il n'apporte aucune plus-value... (Déjà, pas la moindre vocalise psychédélique, c'est nul...)
Et pour en terminer avec les références... Bien sûr, il y en a quelques unes bourrées de sens, comme le coup de l'abeille qui se pose sur le bras de K, et qui fait écho à la question que Deckard posait à Rachel lors du test, à savoir ce qu'elle faisait si une guêpe se posait sur son bras (Ces ruches, seules traces de vie, au milieu de ces statues géantes, dans une zone complètement irradiée, ce n'est pas non plus dénué de symbolisme...)... Il y a aussi un plan de K derrière la vitre de sa Peugeot, et dont le reflet laisse défiler les néons de la ville... Il me plaisait d'y voir une petite allusion à Drive... Il y en a pas mal d'autres... Plus ou moins évidentes... Mais à nouveau, il faudrait revoir le film...
Les pubs sont toujours là, mais pour le reste, tout est ordonné, comme je l'expliquais plus haut, et le désordre et l'organique sont réservés à des scènes bien particulières... Oui parce que de l'organique, on ne peut pas dire qu'il n'y en a pas... Lorsque Wallace donne vie à une réplicante par exemple, ça suinte, et c'est pas frais...
Bref... Je me répète, ce film méritera certainement plusieurs relectures...
(Après, je suis d'accord... Blade Runner a quand même un charme typique qui reste incomparable...)
Tiens et sinon... Je dois quand même admettre que Gosling est un acteur qui me surprend beaucoup... Entre Drive, La La Land, et Blade Runner 2049, il est quand même en train de se constituer une filmographie assez incroyable... Pour un type à priori insipide sorti des écuries Disney, il joue drôlement bien son coup...
(Je m'arrête là... En plus j'ai même pas tout dit... )
Azrael a écrit :Bon, si je suis loin d'avoir détesté Blade Runner 49, quand je vois qu'on le vend ici et là comme la meilleure suite de tous les temps, on n'a pas dû voir le même film... Pour le coup, ça me fait penser à ce que Disney est en train de faire à Star Wars.Honnêtement, on ne peut pas dire ça...
Il suffit de voir certaines réactions ici même pour constater que Blade Runner 2049 est loin d'être un blockbuster conçu pour flatter un maximum de spectateurs, alors que c'est clairement le cas des nouveaux Star Wars...
'Le Réveil de la Force" est un divertissement pur, accessible au plus grand nombre, efficace et rentable... L'essence de la franchise n'est pas vraiment altérée par cette suite, et ce d'autant moins que son scénario n'a rien d'original... Il ne s'agit pas d'une quelconque volonté de respecter l’œuvre initiale, mais simplement d'une garantie commerciale... La fan base est très large, et la décevoir représenterait certainement une perte conséquente pour Disney... En plus, avec deux suites et des spin-offs à venir, le premier objectif était d'appâter le chaland,en se montrant rassurant et bien intentionné... Ça se traduit par un film spectaculaire, mais dont le scénario, une fois que l'on gratte la couche de fan service, sonne creux et est ultra prévisible... (Peut-être que la suite sera plus intéressante... J'irai probablement la voir, mais je ne suis franchement pas impatient...)
Considérer que c'est une "grande" suite, c'est manquer de recul, surtout sur l'objet cinématographique en lui-même... Si c'est correctement réalisé, ce n'est pas pour autant que c'est artistiquement et techniquement abouti (Et ce sur point, j'ai été pas mal déçu... On repassera sur les persos et l'animation 3D... Et ne parlons pas de la projection en relief qui était tout simplement ridicule...)...
Pour rester dans Star Wars, j'ai vu Rogue One récemment... Nécessairement, le scénario est plus original, mais bon sang que ça reste puéril... Et rempli d'un tas de choses qu'on a mis là probablement parce que les concepteurs et autres character designers sont des gros capricieux qui veulent voir à tout prix leurs créations à l'écran... On dirait qu'on a accommodé les "restes", ce qui a été rejeté pour les films principaux parce que ça manquait de consistance (Pourtant, Rey, Fin, et Poe, c'est déjà pas fameux...)... Le film n'est pas mauvais... Il y a même, selon moi, plus de Star Wars dedans que dans "Le Réveil de la Force" (D'ailleurs on le saura "May the Force be with you..."...), mais c'est fade...
(Et niveau technique, j'étais impatient de voir le grand Moff Tarkin... Mais pourquoi certains trouvent que c'est bluffant? C'est juste tellement foireux... On ressent les limites des animateurs... La plupart du temps, ils sont formés pour animer des cartoons, dans un style très courbé... Ce style peut encore passer quand il s'agit d'animer des créatures, ou des animaux, parce que nous n'avons pas l'habitude d'observer leurs mouvements... Mais pour des êtres humains, ça ne colle absolument pas...... On voit qu'ils ont voulu casser les courbes, pour créer artificiellement tous les mouvements parasites que nous effectuons malgré nous et qui font notre naturel... Résultat, si la modélisation de Peter Cushing est correcte, sa démarche et ses mimiques sont saccadées... Et c'est pareil pour Carrie Fisher...)
J'en reviens à Blade Runner 2049...
Azrael a écrit :Déjà, le rapport à l'original. Deckard est-il un Repliquant, c'est sur cette question que se termine le premier film, que la question soit ouverte donne une double lecture intéressante. Que dit Villeneuve, il ne veut peut-être pas le dire, mais le fait quand même, Deckard a vieilli jusqu'en 2049, donc en l'état c'est un humain. Rappelons que Ridley Scott était tenté de nous dire que non (en réaction aux premières versions dénaturées par les producteurs), pour lui ce serait un Repliquant.Voilà précisément pourquoi il ne s'agit pas d'une bête suite commerciale et mais d'une œuvre originale et un chouia réfléchie...
Un scénario peu imaginatif aurait réglé cette question sans détour...
Tu affirmes que Deckard a vieilli jusqu'en 2049, et que donc c'est un humain... Et tu fais fi d'un postulat que cette suite installe... Les facultés de certains réplicants n'ont pas été totalement dévoilées dans le Blade Runner initial...
Toujours sans spoiler (Mais ça devient litigieux pour ceux qui n'ont rien vu, vous êtes prévenus... ), c'est d'ailleurs l'une de ces facultés qui est à l'origine de l'enjeu principal du film... Affirmer que les réplicants ne peuvent vieillir, ce qui pour le coup était la clef des intentions des androïdes rebelles du premier film, c'est une hypothèse hasardeuse, qui s'avère être fausse... Les Nexus-6 avaient une durée de vie limitée... Celle des autres modèles n'a jamais été clairement établie...
Par ailleurs, Rachel, de base, est un réplicant à part, comme l'explique Tyrell, suite au fameux test réalisé par Deckard... On ne connait pas ses caractéristiques...
Dernier détail... Sapper Morton (Bautista...) est âgé... Il est clairement expliqué dans le film qu'il squatte sa petite ferme depuis une vingtaine d'années... Quand K se rend chez Wallace, il verra d'ailleurs des modèles identiques dans leur aquarium, et pour le coup, jeunes...
Bref, la fameuse question est bel et bien laissée en suspend...
Azrael a écrit :Certes, c'est à peu près impossible d'être aussi novateur aujourd'hui qu'en 82, mais en quoi ce nouveau film se démarque-t-il? Sans trop choisir (et avec des thématiques mal amenées), Villeneuve passe de "je vais essayer de faire mon truc" (on a notamment un rappel de Her...), à "suivons le film original", platement... Je ne vois pas en quoi il lui apporte un sens neuf, bien au contraire. Les références sont assez parlantes de ce point de vue. Dans le premier porte d'entrée dans l'univers par le reflet dans l'oeil du personnage, qui symbolise aussi la vision du monde des auteurs. Maintenant on a quoi : juste un oeil, juste un clin d'oeil. Le cheval reprend l'idée de la licorne d'une façon tout aussi vide. Du caméo type fan service... En quoi le personnage de K évolue-t-il?La licorne est précisément l'élément sur lequel repose l'interrogation du premier film concernant Deckard... On ne sait pas si Gaff a pondu cet origami par hasard (Il ne se focalisait pas sur un seul bestiau, alors que Deckard ne taille que des canassons...), ou s'il a eu accès aux rêves de son collègue...
Cette lubie des figurines de chevaux donne de l'épaisseur à cette question... Est-ce un humain qui cherche à tromper le temps, ou un réplicant en quête de sens? N'est-ce pas la preuve que lui-même ignore sa véritable nature? En plus, c'est un élément scénaristique dont le rôle dans l'enquête à proprement parler menée par K n'est pas négligeable...
C'est très loin d'être un élément vide...
(Autre chose, je ne peux pas l'affirmer, mais je ne serais pas surpris d'apprendre que ces chevaux aient été taillés par Harisson Ford lui-même... Le fait que le bois rêvet autant d'importance pour Deckard est assez amusant quand on sait que l'acteur s'est détourné un temps de sa carrière d'acteur pour devenir menuisier...)
Quant à l'évolution du personnage de K, elle est drôlement palpable, puisqu'elle est elle-même au cœur de son enquête dont il est convaincu d'être la clef... Le personnage a conscience de son artificialité, et sa patronne a même le loisir de lui répéter qu'il n'a pas d'âme (Je ne suis plus totalement sûr de ce point, j'irai refaire un tour au ciné dès que possible... )... Il me semble que sa femme virtuelle (Et je dois revoir "Her" pour me positionner quant à une réminiscence fainéante de Villeneuve...) lui précise que c'est la naissance qui permet d'affirmer que l'on en possède une (Si ça c'est pas déjà sujet à de belles prises de têtes philosophiques, et dont il n'était pas vraiment question dans Blade Runner...)... Et même si dans un premier temps, cette question semble ne pas le troubler outre mesure, on se rend rapidement compte qu'elle le travaille furieusement... Quand il prend conscience de la consistance de ses souvenirs, on ne peut pas nier qu'il est déstabilisé... Et la suite des événements a largement de quoi l'émouvoir encore plus...
Personnellement, je suis vraiment fan de ce Blade Runner (Je parle du personnage... )... C'est un miroir remarquable de Roy Batty... Ils ont les mêmes failles, les mêmes questionnements, la même humanité... Le même besoin de donner du sens à leur existence... Sauf qu'ils ne vont pas chercher à assouvir ce besoin par les mêmes moyens, dans la mesure où le Nexus-6 est restreint par le temps...
Évidemment, l'un est le héro, alors que l'autre n'est que l'antagoniste... En temps d'exposition, le protagoniste principal est nettement plus présent à l'écran... Nécessairement, sa personnalité est dosée sur la longueur du film, alors que celle méchant sera concentrée sur quelques scènes, le rendant forcément remarquable... (C'est une des raisons qui fait que Luv tient la route sans pouvoir rivaliser avec Roy... On la voit nettement plus tôt dans le film, et sa personnalité crapuleuse reste assez monocorde durant ses apparitions très régulières à l'écran...)
Evidemment, K ne débite pas un monologue final mémorable, en slip sous la pluie... Si Villeneuve avait tenté de recréer une scène aussi inclassable, on aurait senti le prétexte derrière, et on aurait pu dire qu'il suivait platement le film original... Mais non, il s'en démarque... On est même à nouveau dans l'opposition de style entre K et Roy Batty... L'un est pressé, et débite autant de choses qu'il peut... L'autre à tout son temps, et laisse les non-dits s'exprimer pour lui... Certes, c'est moins démonstratif... Mais sur le fond, c'est tout aussi touchant...
Évidemment, le charisme émane plus facilement des personnages méchants que des gentils... (Tout le monde préfère Vegeta à Sangoku... D'autant plus quand le méchant devient gentil... Et Roy Batty laisse exploser son humanité en sauvant la peau de Deckard...)
Quant à ce que le film apporte de neuf...
Un regard assez réaliste sur un avenir peut-être plus proche de nous qu'on l'imagine... La dystopie est bien plus tangible et plus lourde que dans le Blade Runner de 1982, où Deckard allait tranquillement bouffer ses nouilles au chinois du coin... (Mmmh! Les bonnes larves!)
Les conditions de vie, l'exploitation des réplicants, sont nettement plus évoquées... Quant K rentre chez lui, il en prend plein la tronche... Pour le coup, la limite excessivement ténue entre les émotions ressenties par des êtres naturels et certains êtres artificiels soulève énormément de questions... Pourrait-on traiter à notre guise des êtres humains sous prétextes qu'ils ont été créé artificiellement?
Wallace qui voudrait à tout prix doter les réplicants du don de reproduction a-t-il conscience que des gosses sont exploités afin de recycler des composants électroniques? En voyant la scène de l'orphelinat, l'utilité des androïdes est directement remise en cause... Qui est l'esclave de qui?
C'est aussi assez intéressant de voir l'attachement que K porte à Joi, sans que l'on puisse savoir à quelle point cette femme virtuelle est unique... Là aussi, ce point de vue, d'un être quasi humain, mais artificiel, conscient de son état, et qui s'entiche d'une intelligence artificielle soulève pas mal de questions... Surtout dans son rapport au corps, vu que les réplicants ne sont pas dénués de désir...
D'un point de vue cinématographique, du point de vue la SF en tant que genre, évidemment, c'est plus compliqué... On a déjà tellement dit, et tellement fait...
Ce n'est pas du tout un film identique au premier Blade Runner, ne fût-ce que parce que chacun d'entre eux est de son temps... Début des années 80, Ridley Scott nous sort un OVNI qui suinte de folie punk... Et ça sert le propos du film... 35 ans plus tard, le monde est nettement moins déjanté, et tellement plus ordonné... Et ça sert aussi le propos du film, vu qu'il y a eu un black out, et un renouveau (Après, c'est bien tout calé dans la ville, mais quand on en sort, c'est nettement plus la foire...)... C'est un élément qui transparait assez fort si l'on s'amuse à comparer les bureaux respectifs du chef de Deckard et du chef de K... (On pourrait aussi le constater en comparant l'intérieur des apparts des deux Blade Runners, mais je crois que ce n'est pas une question de style de ce côté-là, mais bien de personnalité... Deckard est convaincu d'être humain... Son appart est un chouia bordélique... K est sûr et certain d'être un réplicant, il vit quasi dans le placard de Blender... )
On pourrait aussi s'amuser à comparer le traitement des éclairages, qui est absolument hallucinant dans le film de 82... Toutes les scènes se déroulant chez J.F. Sebastian sont magiques de ce point de vue... Cette manière de jouer avec les éléments du décor pour laisser passer juste le trait de lumière qui équilibrera la construction de l'image, qui mettra en valeur tel objet ou telle action est tout simplement splendide... Pour le coup, c'est le désordre omniprésent qui contraste avec la froideur mécanique des réplicants, mais qui rajoute aussi à leur côté mystérieux...
Villeneuve joue avec d'autres éléments pour mettre en valeur son propos... Oui, il est volontairement contemplatif, mais c'est loin d'être le seul aspect notable de son film... Il n'hésite pas à jouer avec cette brume ambiante omniprésente et qui donne littéralement corps aux interrogations de K... Mais lui aussi va se permettre quelques fantaisies avec les lumières... Il s'en donne à cœur joie lorsque Deckard et K s'en mettent plein la tronche... Je pense d'ailleurs qu'à travers cette scène, il rend hommage au travail de Scott, tout en affirmant ses propres marques... Il accorde aussi un soin particulier au traitement des hologrammes... La construction des images, d'un point de vue purement esthétique, est remarquable... Il n'y a aucun plan à jeter...
Je pense que comme Blade Runner, Blade Runner 2049 va prendre le temps de s'installer... Ce qui me surprend, mais là c'est tout personnel, c'est le besoin et l'envie que j'ai de le revoir et que seuls de rares films peuvent soulever en moi (Dont le premier, forcément...)...
Par contre, il y a un point sur lequel effectivement, le nouvel opus fait le taf, sans plus de fantaisie, c'est la musique... Zimmer et ses basses, c'est banal à force... Il respecte le thème de Vangelis, c'est correct, c'est dans l'ambiance, mais il n'apporte aucune plus-value... (Déjà, pas la moindre vocalise psychédélique, c'est nul...)
Et pour en terminer avec les références... Bien sûr, il y en a quelques unes bourrées de sens, comme le coup de l'abeille qui se pose sur le bras de K, et qui fait écho à la question que Deckard posait à Rachel lors du test, à savoir ce qu'elle faisait si une guêpe se posait sur son bras (Ces ruches, seules traces de vie, au milieu de ces statues géantes, dans une zone complètement irradiée, ce n'est pas non plus dénué de symbolisme...)... Il y a aussi un plan de K derrière la vitre de sa Peugeot, et dont le reflet laisse défiler les néons de la ville... Il me plaisait d'y voir une petite allusion à Drive... Il y en a pas mal d'autres... Plus ou moins évidentes... Mais à nouveau, il faudrait revoir le film...
Azrael a écrit :C'est beau oui et après? Où est passée la signature du film noir, comment croire qu'on a là le futur de la ville? L'architecture, les pubs, la surcharge (bah maintenant y a plus grand-chose), le jeu autour du cadre, l'ambiance sordide, l'imagerie organique? On a maintenant des plans qui pour moi s'étirent à l'excès et pour le coup nuisent au rythme. Si l'image et le son de Blade Runner gardent un goût 80s (qui n'est pas forcément pour me déplaire), je ne vois toujours pas en quoi il a fondamentalement vieilli, et ce n'est pas cette suite qui m'aura convaincu du contraire.L'intrigue de Blade Runner 2049 est autrement menée et plus intéressante que celle de Blade Runner... Certainement moins dans l'ambiance d'un polar à l'ancienne, mais plus contemporaine... Le seul enjeu de Deckard, c'était de zigouiller Batty et ses potes, en suivant les ordres sans avoir le moindre cas de conscience... Le déroulement de son enquête était très linéaire... Une écaille de serpent, qui l'a fabriqué, à qui a-t-il été vendu, etc... K doit retrouver quelqu'un, mais pour le coup, étant donné qu'il est lui-même un élément de cette enquête, il ne peut pas se contenter de réagir comme le bon petit androïde servile qu'il est censé être... Il y a pas mal de rebondissements et de surprises, dont certains égarent volontairement le spectateur, ce qui fait également écho aux hésitations du héro sur sa condition (Voilà encore quelque chose qui était inexistant dans le premier film...)...
Les pubs sont toujours là, mais pour le reste, tout est ordonné, comme je l'expliquais plus haut, et le désordre et l'organique sont réservés à des scènes bien particulières... Oui parce que de l'organique, on ne peut pas dire qu'il n'y en a pas... Lorsque Wallace donne vie à une réplicante par exemple, ça suinte, et c'est pas frais...
Bref... Je me répète, ce film méritera certainement plusieurs relectures...
(Après, je suis d'accord... Blade Runner a quand même un charme typique qui reste incomparable...)
Tiens et sinon... Je dois quand même admettre que Gosling est un acteur qui me surprend beaucoup... Entre Drive, La La Land, et Blade Runner 2049, il est quand même en train de se constituer une filmographie assez incroyable... Pour un type à priori insipide sorti des écuries Disney, il joue drôlement bien son coup...
(Je m'arrête là... En plus j'ai même pas tout dit... )
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