[rooter]

Je crois que c'est une bonne partie du talent de l'artiste de surprendre quand même : objectivement, en prenant la situation initiale, on sait, la plupart du temps, quel sera la situation finale.

Je crois qu'Yvan Delporte (rédacteur en chef du journal Spirou, entre autre chose), conseillait à ses auteurs de ménager un mini suspens à la fin de chaque planche, pour tenir en haleine ses lecteurs de pages en pages, de semaines en semaine. C'est une astuce pour accrocher le lecteur, mais ça peut aussi casser le rythme, agacer les lecteurs. Donc pas mal d'auteurs abandonnent dès que possible ce dispositif.

Pour ce qui es du suspens, on a le format "feuilletons", je trouve que c'est presque dommage qu'il disparaisse peu à peu.

[Lux]

En fait on est d'accord sur les qualités littéraires. Je parle de techniques d'intrigue et rien d'autre.

Pour Belle du Seigneur, Cohen hameçonne le lecteur dès le départ :

Une femme rejette un clochard.
Le clochard lui dit qu'il reviendra, qu'elle ne le reconnaîtra pas, qu'il la séduira, qu'il sera le plus grand amour de sa vie et qu'il la fera souffrir.

Après un truc pareil, le lecteur veut savoir comment il va s'y prendre.
Et c'est exactement la même corde que titille un Levy en quatrième de couverture : « Mais comment vont ils finir ensemble ?».

Hmm. C'est ce qu'on retrouve dans tous les bouquins, en fait, même les plus nazes. Si on lit un livre, c'est qu'on veut savoir comment il va finir. Ou alors on ne se casserait pas la tête à le lire.

[Pierre]

Hmm. C'est ce qu'on retrouve dans tous les bouquins, en fait, même les plus nazes. Si on lit un livre, c'est qu'on veut savoir comment il va finir. Ou alors on ne se casserait pas la tête à le lire.

Mais c'est ce que je dis depuis le début enfin !

@Rooter. Oui Delporte était vraiment intraitable. J'ai eu la chance de discuter avec lui quand j'étais ado, je voulais vraiment le rencontrer et je l'avais attendu derrière son stand au salon du livre. Je garde un souvenir indélébile du bonhomme. Ce mec était un véritable personnage de BD.
Il a été raillé ensuite sur cette tyrannie de créer de l'attente et de la surprise chez le lecteur. Car cela revenait parfois à mettre en dernière case le héro qui fait « OH !!! » en gros plan avec une mention « à suivre ». Et une semaine plus tard, le lecteur découvrait que c'était seulement un chat qui passait la porte et qui surprenait le héro... xD

[Lux]

Hmm. C'est ce qu'on retrouve dans tous les bouquins, en fait, même les plus nazes. Si on lit un livre, c'est qu'on veut savoir comment il va finir. Ou alors on ne se casserait pas la tête à le lire.

Mais c'est ce que je dis depuis le début enfin !

Pas exactement, non, mais c'est pas grave :D

[Pierre]

Pas exactement, non, mais c'est pas grave :D

Il y a de sacré rebondissement ici !

Situation initiale :
On parle de conseils d'écriture, je dresse quatre types de rebondissement.

Élément déclencheur :
Lux rétorque que ces méthodes ne sont pas transposables ailleurs que dans "à la rigueur" un polar ou un thriller ou une daube parce-que j'ai eu le malheur de citer Fight Club.

Péripéties :
Je montre que toutes les ficelles sont transposables.

Twist :
Lux rétorque que c'est le cas partout

Attente :
Je dis ben oui, c'est ce que je te dis depuis le début

Climax :
Lux rétorque que pas tout à fait

Pfiouuuu sacré suspense les amis xD

[Amelie]

Ce que j'apprécie chez un écrivain, ce n'est pas tant les jeux de mots et l'imagination débordante mais sa sensibilité, la capacité de pouvoir décrire si bien des choses que j'ai moi même ressenties. Je me rappelle une BD où il y avait une femme devant une grande bibliothèque et qui disait "Je cherche un livre sur moi". Je pourrais dire la même chose... faute de pouvoir écrire sur nous mêmes, on se cherche à travers les livres. Et il y a des passages où l'on se retrouve...
Je ne trouve pas que l'intrigue fait tout, ni le suspens... Mes livres préférés sont d'ailleurs les autobiographies car c'est 'du vrai', bien que l'auteur a dû faire un certain tri, donner un sens à ses souvenirs et les interpréter, ce qui est toujours subjectif. J'apprécie J K Rowling pour son imagination mais Harry c'est quand même un personnage peu credible. Aucun enfant qui vit dans une telle famille ne peut avoir la confiance en soi dont il fait preuve plus tard.
D'ailleurs je n'ai pas une très bonne mémoire et j'ai du mal à me rappeller l'intrigue d'un roman. Je me rappelle que j'ai beaucoup aimé 'Vie amoureuse' de Zeruya Shalev mais je ne pourrais pas faire un résumé. Tout ce que je me rappelle c''est qu'elle a très bien réussi par une phrase, un détail, à expliquer le passé et le comportement obsessionnel de cette femme sans pour autant la juger. Un psychologue aurait pu expliquer sa névrose avec de longues phrases, l'auteur a réussi à surprendre l'essence du personnage en quelques mots. Que je ne me rappelle pas d'ailleurs, il faudra que je relise le roman.

[Pasta]

J’aime bien les livres qui font apprendre des choses, qui font réfléchir ou qui font changer de perspective. C’est pour ça que j’aime bien les romans d’anticipation. Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier les autres genres qui peuvent également avoir ces qualités.

Et du coup je peux être autant voir plus absorbé par un livre non roman, dans des thèmes variés (science, philosophie, histoire, développement personnel, sujets techniques en rapport avec mon travail) parce qu’en plus d’être passionnant ils parlent de choses réelles.

D’ailleurs, sous les conseils de Lux, j’ai commencé à lire L’Existentialisme est un humanisme de Sartre.

[Lux]

Béni sois-tu ! Ce livre a changé ma vie. Lire ça, et le Deuxième sexe de Beauvoir, ça m'a énormément apporté, personnellement et intellectuellement.

[Pasta]

J’ai fini le bouquin (il est pas trop gros) et voici ce que j’en pense :

Je suis d’accord sur le fait qu’il n’y a pas de nature humaine universelle à laquelle chaque homme doit adhérer.

En revanche, je ne suis pas d’accord sur l’idée de base, l’existence précède l’essence. Sartre dit que l’homme n’est d’abord rien, puis qu’il devient quelque chose en faisant des choix totalement libres dont il est totalement responsable. L’homme est responsable de tout ce qu’il est, y compris de ses passions et même de sa volonté.

Ça me semble si grossièrement faux que je me demande si je n’ai pas raté une pensée plus profonde. Mais le texte me parait clair. Comment l’homme peut-il faire ses premiers choix s’il n’est d’abord rien ? Comment peut-on prétendre que l’homme choisit ses passions, alors qu’il me semble évident qu’il s’agit de quelque chose qui s’impose à nous ? Comment peut-on choisir sa propre volonté sans déjà avoir une volonté ?

Au contraire, tout choix a un fondement qui, au final, ne dépend pas de nous. On peut suivre ses passions, mais nous ne choisissons pas nos passions, elles s’imposent à nous. On peut suivre un raisonnement logique, mais soit notre raisonnement est correct et il n’y a qu’une seule conclusion possible, soit il est incorrect et on a donc commis une erreur, ce qu’on ne choisit pas. Enfin, on peut s’en remettre au hasard, mais dans ce cas on ne peut pas dire que nous faisons nous-même le choix.

Bref, je crois que mon opinion est symétriquement opposée au propos du livre. Tellement symétriquement opposé que j’ai l’impression qu’ils se rejoignent par endroit. Mais c’est assez difficile à expliquer…

[Tinak]

D’ailleurs, sous les conseils de Lux, j’ai commencé à lire L’Existentialisme est un humanisme de Sartre.

C'était au programme du bac à mon époque! :)
Je l'ai toujours, je pourrais le relire, avec une vision plus adulte.