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par victeur
Homme de 52 ans non vierge
#140896
PÉDOPHILIE Les enseignants et les parents sont démunis face aux enfants victimes

La difficulté de trouver les mots

En mettant en examen pour « viols » le directeur de l'école du Mas de la Raz de Villefontaine (Isère), les autorités n'ont pas totalement réglé le problème. Il faut désormais prendre en charge les petites victimes et rassurer les enfants des autres établissements où des faits similaires ont été signalés. « Je ne sais vraiment pas comment il faut aborder la question avec les enfants, avoue Patrick Maurey, directeur d'une école primaire de Saint-Marcellin (Isère), où l'on ne parle que de l'affaire survenue dans la commune voisine. Dans ce cas de figure, on se sent totalement démuni. » C'est la raison pour laquelle des cellules psychologiques ont été mises en place dans plusieurs établissements. Car il est nécessaire de parler de ces faits. « Indispensable même, assure Muriel Salmona (*), psychiatre et fondatrice de l'association Mémoire traumatique et victimologie. Les enfants en parlent entre eux dans la cour de récréation. Il ne faut donc pas laisser passer ça sans réagir. »

« On ne parle pas ici de sexualité, mais bien de violence. »
Muriel Salmona, psychiatre

Facile à dire lorsque l'on est rodé a l'exercice. Beaucoup moins quand on est un parent concerné. «Je n'ai pas réussi à leur parler car je n'ai pas trouvé les mots adéquats », lâche ainsi Brahim, dont les deux garçons de 7 et 8 ans sont scolarisés au Mas de la Raz. Sans doute parce qu'il faut commencer par changer de point de vue. « On ne parle pas ici de sexualité, qui peut être un sujet gênant ou tabou dans les familles, mais bien de violence, explique Muriel Salmona. On peut comparer les faits à un coup de couteau par exemple. » Et surtout ne pas hésiter à pointer du doigt la gravité des faits. « En fonction de l'âge, on explique les choses, poursuit la psychiatre. On peut par exemple dire à son enfant que montrer son zizi dans la rue, c'est vraiment interdit et très grave, car cela peut traumatiser les autres. » D'après elle, troubles alimentaires, problèmes affectifs et cauchemars risquent fort de les poursuivre une bonne partie de leur vie. « C'est très bien d'avoir mis en place des urgences traumatiques pour les victimes et les autres enfants inquiets, analyse Muriel Salmona. Mais ces enfants-là vont devoir être suivis sur le long terme. » •

* Auteur du "Livre noir des violences sexuelles", éd. Dunod, 19,90€.