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par Pasta
Homme de 36 ans vierge
#218491
Je comprends le raisonnement de l’écriture inclusive, mais j’ai peur que ça ne soulève plus de problème que ça n’en résout.

Avec l’écriture inclusive, la phrase devient littéralement illisible, c’est-à-dire qu’on ne peut pas la lire à haute voix. Comment prononce-t-on « pucelle·eau » ? Moi je lis pucelleau, et pour rétablir les véritables deux mots de départ il faut faire un effort mental supplémentaire qui casse complètement le rythme de lecture.

Par ailleurs, il faut officiellement utiliser un · (point milieu) pour séparer les terminaisons, mais comme personne ne sait faire ça avec un clavier azerty, la plupart des gens font un . (point normal) ce qui rajoute encore davantage de confusion dans la phrase.

Enfin, si on pense aux personnes malvoyantes qui utilisent des logiciels pour lire les textes automatiquement en audio, et les personnes qui ont déjà des difficultés de base avec la lecture, est-ce que c’est si inclusif que ça ?
par SnapBack
ans
#218492
Pucelle.eau, je le lis "pucelle, puceau".
Une tournure de phrase que j’utilise également et que je privilégie le plus, sans oublier les synonymes.

L’écriture inclusive se prête bien pour certaines utilisations et moins à d’autres.
Je pense que la langue s’adapte en fonction d’une personne, d’une situation ou d’un public visé.

Il faut trouver le bon dosage pour ne pas alourdir le texte mais en ne laissant personne de côté (exemple il et elles = ils).
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par VACN
Homme de 30 ans non vierge
#218520
Si on accepte qu'il y a plus de deux genres, l'écriture dite "inclusive" ne l'est finalement pas tant que ça ; si on marque le masculin et le féminin, on oublie ce qu'il y a à côté, entre les deux, ou des deux côtés à la fois.

Et cette idée d'inclure les graphies des deux genres dans un texte (au-delà de ce qui se faisait déjà depuis longtemps), comme toute modification du code linguistique motivé idéologiquement, génère plein de problèmes, parce que la linguistique, justement, est complètement ignorée.
par SnapBack
ans
#218522
Justement, on n’inclut pas toujours le féminin dans un groupe mixte :confused:
Dire que ça se fait depuis longtemps n’est pas tout à fait vrai et une réforme a du se faire.

Il existe quand même des mots neutres pour désigner un ensemble (bénévole, volontaire, assemblée) à défaut d’autres choses (participant et participante).
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par VACN
Homme de 30 ans non vierge
#218523
Bah quelque part, est-ce que décréter que ne pas inclure le féminin grammaticalement quand il est sémantiquement présent est incorrect, contribue vraiment à changer les mentalités ?

Tu remarqueras que seul l'écrit pose problème ; à l'oral, on ne mentionne les formes masculines et féminines que quand elles sont différentes ("Mesdames et Messieurs" ; au passage, notez qu'on mentionne Mesdames en premier).

Ajouté 6 minutes 47 secondes après :
Il n'y a aucun lien entre la manière dont une langue gère le masculin et le féminin et le degré d'égalité entre les sexes au sein d'une société parlant cette langue.
x00 aime ça
par SnapBack
ans
#218527
Je vis dans un pays compliqué où le bilinguisme est courant pour certaines choses (mais pas partout). Et où le chipotage entre le néerlandais et le français comme langue à afficher en premier existe alors que l’affichage des deux langues est déjà une satisfaction pour deux communautés différentes.

Je le fais par soucis d’égalité, rien ne m’y oblige car je suis libre de le faire. À l’oral, certains mots n’ont pas d’énormes changements comme un professionnel ou une professionnelle mais à l’écrit, ça pose un problème surtout dans le cadre d’un recrutement : dire que l’on cherche un professionnel sous-entend que l’on cherche un homme et l’écriture inclusive (dans le cadre d’une fiche de recrutement), ça devient incontournable quand on s’aperçoit que certains métiers sont encore très marqués par le sexe de la personne (je le vois particulièrement dans mon service).

Dans le karting et le sport auto (je me disperse mais c’est pour l’exemple), très peu de femmes malgré de grandes figures et des personnalités emergeantes... à tel point que la FIA a créé une filière femme en usant de la discrimination positive. Ce fut moyennement accueilli mais c’est parfois nécessaire pour équilibrer les chances, faute de mieux. Série que j’irais voir personnellement (j’ai mes billets, c’est dans le cadre d’un meeting commun avec le DTM).
par Eeyore
ans
#218531
J'ai beau me proclamer féministe, cette nouvelle vogue de l'écriture inclusive me laisse sceptique. Est-ce utile, je n'en sais rien, mais pour moi on peut laisser tous ces auteurs, professeurs, docteurs et ingénieurs comme ils sont (d'ailleurs sur mon CV j'ai mis Ingénieur et pas Ingénieure) tant qu'on règle d'autres problèmes d'inégalités plus concrets. Après si on trouve un moyen de faire évoluer la langue pour que ça soit moins "masculin dominant" pourquoi pas mais ce que je vois des propositions d'écriture me parait lourdingue. Moi qui lis des bouquins de 600 pages je croise les doigts pour que les auteurs (es?) et les traducteurs (es?) ne s'y mettent pas. :sweat_smile:
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par Lux
Femme de 37 ans non vierge
#218533
VACN a écrit :Ajouté 6 minutes 47 secondes après :
Il n'y a aucun lien entre la manière dont une langue gère le masculin et le féminin et le degré d'égalité entre les sexes au sein d'une société parlant cette langue.
Permets-moi de te dire que c'est totalement faux, et qu'il y a des linguistes qui ne pensent pas comme toi :wink:
https://www.revue-ballast.fr/maria-cand ... politique/

Le langage est éminemment politique ; l'académie française vient enfin d'accepter qu'on féminise certains noms de métiers. Pourquoi ? parce que c'est une institution vieillissante, composée essentiellement d'hommes et qu'elle repose sur une certaine idée du rôle attribué aux hommes et aux femmes.
Qu'on voie un problème dans le terme "docteure" mais pas dans le terme "infirmière", désolée, mais ce n'est pas une question de linguistique ou d'esthétique, mais bien de vision politique de la société.

Par ailleurs, l'écriture inclusive permet justement de mettre en lumière la possibilité du neutre puisque déjà elle retire toute déclinaison d'un mot ; ensuite, il y a l'emploi de pronoms neutres comme "iel", seule façon véritable d'inclure les non binaires dans notre manière de nous exprimer (et prétendre que de rajouter le féminin au masculin n'inclut pas les non binaires est un faux procès ; commençons déjà par inclure les femmes dans nos discours habituels, ce sera déjà une première forme d'inclusion).

Lerêveur, je suis surprise que tu parles de susceptibilité (je ne sais plus quel mot tu as employé ?) ; l'écriture inclusive permet juste de montrer qu'il n'y a pas que des hommes dans la société, que non, le masculin ne l'emporte pas sur le féminin ; que la langue a été par le passé davantage féminisée mais qu'elle a été par la suite masculinisée, pour des raisons politiques (autrice était un mot courant avant le XVIIe siècle, où on a décidé de l'effacer pour n'en garder que sa version masculine) ; et qu'aujourd'hui, personne ne saute à la gorge de personne s'il n'emploie pas l'écriture inclusive (vous aurez remarqué que j'ai du mal aussi à l'utiliser quand j'écris ici rapidement, même si je me force à l'utiliser à chaque fois dans le contexte professionnel, où, quoi qu'on en dise, l'écriture inclusive ne rend absolument pas les mails ni les documents rédigés illisibles, loin s'en faut), mais que c'est un effort qui peut être appréciable pour aller vers une société plus juste.
Le langage, c'est comme l'humour : c'est dommage de ne pas voir sa portée politique et de vouloir absolument le dissocier de la cause des droits des femmes, comme si ce n'était pas important et que c'était un faux combat. L'idéologie patriarcale irrigue toute la société, et ça passe aussi forcément par la forme première de représentation du monde qu'est le langage (enfin, première, pas tout à fait, le dessin l'a précédée, mais aujourd'hui la langue est quand même le symbole premier du monde). On rate vraiment une partie du problème si on refuse de le comprendre.
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par Florent
Homme de 41 ans vierge
#218542
L'écriture inclusive n'est pas une nouveauté, quand je traînais avec des féministes il y a plus de 10 ans de cela, ça faisait déjà débat dans ce milieu.

Pour ma part, ça n'a pas changé depuis : je m'en tape. Je trouve ça ridicule, mais aussi ridicule que certains mecs qui gueulaient parce que le genre masculin englobe aussi le neutre et est donc un genre "fourre-tout" contrairement au genre féminin qui est un vrai genre bien à lui et gna gna gna
Il y a surement des problèmes plus graves au niveau sexisme à l'heure actuelle.

Après, utiliser l'écriture inclusive j'ai rien contre. L'un de mes meilleurs amis l'utilise à l'écrit d'ailleurs depuis perpét.
Les gens écrivent comme ils le veulent. Mais personne ne doit imposer aux autres son écriture (qu'elle soit inclusive ou pas).
par SnapBack
ans
#218557
Le compromis est lui aussi politique, c'est quelque chose de très compliqué à mettre en place.
Une volonté de faire avancer les mœurs mais sans brusquer les gens.

Il suffit de voir les réactions quand on apporte quelque chose de nouveau : c'est parfois accueilli avec scepticisme.
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