- 03 nov. 2017, 23:31
#204152
Ce qui me gêne quand on parle végétarisme, c'est déjà qu'on mélange végétarisme et véganisme, qui sont deux approches différentes, et que quand on dit véganisme on ne parle que des "extrémistes".
Encore une fois, les mots ont un sens. Je n'ai vu aucun végan aller tuer des gens qui portent des chaussures en cuir et a priori, dans nos sociétés occidentales, tout le monde peut acheter de la viande, partout, tout le temps ; on nous en propose en permanence, quasiment tous les restaus proposent de la nourriture carnée et la difficulté, elle est plutôt dans le fait d'essayer de passer à une alimentation sans viande. Donc "l'extrémisme" des végans, il ne me semble pas bien gênant, dans notre société actuelle. Pas comme s'ils venaient prier devant les supermarchés pour nous faire culpabiliser de manger de la viande.
En revanche, il est vrai qu'ils défendent leurs opinions, leurs valeurs, et qu'ils disent les choses comme elles sont. Et peu de gens acceptent d'entendre qu'ils participent à un système qui crée une énorme souffrance chez des êtres vivants sensibles (effectivement, on peut arguer que les végétaux sont sensibles, mais a priori ce n'est pas encore scientifiquement avéré). Pour beaucoup, être un végan "extrémiste", c'est dire à ceux qui mangent de la viande qu'ils sont partie prenante d'un système productif non seulement atroce sur le plan humain (je vous déconseille d'aller jamais travailler dans un abattoir, où vous êtes généralement mal payé, mal considéré et psychologiquement très affecté) mais également sur le plan animal.
Personnellement, j'ai beaucoup de difficultés à limiter ma consommation de lait (dans les produits transformés comme le fromage, notamment ; j'adore ça...) mais j'ai enfin réussi à arrêter de manger de la viande.
Je fais encore quelques entorses, parce que clairement on ne vit pas dans un monde fait pour les végétariens, mais je me sens vraiment nettement mieux depuis que je réussis enfin à mettre en adéquation mes valeurs avec mes actions.
Je ne veux plus acheter de viande, alors que je n'en ai clairement pas besoin et que je sais ce que ça coûte, sur le plan écologique et sur le plan éthique. Des animaux élevés en batteries, dans des élevages minuscules ; transportés pendant des heures dans des camions sans eau ; et ensuite torturés avant d'être abattus comme de simples objets... ça me fait purement et simplement vomir. Et tant que nous n'aurons pas compris que notre système de production (et de consommation) est dangereux, alors rien ne changera. Tant qu'il faudra faire la course au profit maximal, les animaux seront traités comme des objets, parce qu'ils sont là pour faire gagner de l'argent, ni plus, ni moins.
Je ne suis pas sûre d'avoir en soi un problème avec le fait de manger de la viande. En revanche, je m'interroge beaucoup sur notre mode de consommation actuel. C'est bien gentil de rappeler que les autres animaux peuvent être carnivores, ou que nos ancêtres étaient déjà omnivores, néanmoins on parle d'espèces qui tuaient pour se nourrir.
Qui d'entre vous est capable d'aller trancher la gorge d'une vache pour ensuite en couper une tranche à faire griller dans sa poêle ? Qui est capable de tuer un cochon qui hurle pour en faire du jambon ? Je ne doute pas qu'à l'inverse, ce n'est difficile pour personne d'aller chercher un filet de bœuf en boucherie — certains ont même la coquetterie de s'en délecter en disant qu'ils détestent toucher la viande crue. Ben oui, ça nous rappellerait presque que ce sont des animaux dis donc...
Moi, je sais où je me situe. Quand je vois une vache, j'ai envie de lui faire un câlin, et l'idée de lui traverser un couteau dans le ventre me répugne suffisamment pour que je puisse me passer totalement d'en manger.
En attendant, écologiquement, le choix le plus raisonnable pour nourrir la planète, c'est de consommer moins de viande. C'est aussi un choix politique. On peut très bien vivre sans viande, d'ailleurs nos ancêtres plus récents en mangeaient très peu et travaillaient pour beaucoup aux champs, sans pour autant défaillir.
Je dois admettre que je suis souvent peinée de voir les gens autour de moi être si peu attentifs à ce qui se passe autour d'eux, à l'écologie, à la souffrance animale. Parce que finalement, si la consommation de viande diminue sensiblement, on sait que les choses peuvent changer, et évoluer.