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#226100
Je ne savais pas où mettre cette interview de Zep mais je vais la poster ici dans ce nouveau sujet.
Il est interviewé par Jérôme Colin, le M. Culture de la RTBF.

https://www.facebook.com/LaPremiereRTBF ... 577387335/

Sa citation est assez rigolote
Zep a écrit : Le trio pénétration-sodomie-éjac’ faciale, c’est rare que ça fasse jouir sa partenaire
Il a fait une BD humoristique dans le style qu'il emploie pour dessiner Titeuf (il a un autre style de dessin, plus réaliste), Happy Sex que j'ai trouvé très drôle. C'est aussi un sujet aussi pour parler de la sexualité, comment elle est représentée au cinéma, en BD et dans le dessin, au théâtre pourquoi pas ? Je pense que ça peut être un débat fort intéressant.
Florent, Viride aime ça
#235183
Je me permets de déterrer ce topic ^^ j'hésitais entre celui-ci ou "Le coin BD"

Ces derniers temps j'ai découvert la BD de JeanLouis Tripp, "Extases".
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L'ouvrage, sous forme principalement autobiographique, traite du parcours sexuel (et parfois politique et spirituel) de la vie de l'auteur, qui en profite pour livrer ses réflexions personnelles sur la sexualité et comment celle-ci est perçue en société. Tripp ne cache pas ses convictions très libertaires sur la question, partisan de l'amour libre voire l'échangisme.

Ses premières expériences sexuelles à l'adolescence, avec des femmes, avec des hommes, ses expériences avec le sexe en groupe, les relations libres, ou tarifées, Tripp se dévoile dans un témoignage apparemment sans tabous. Deux tomes sont sortis à ce jour.

Personnellement, j'ai beaucoup apprécié cet ouvrage, que j'ai trouvé très instructif. Le trait de Tripp est à la fois expressif et plein de tendresse, et je trouve ses réflexions profondes et d'une rare franchise sur le sujet, que l'on soit d'accord avec lui ou non. Et bien qu'on pourrait imaginer Tripp comme un "routard" qui a tout vu sur la question sexuelle, un VT comme moi s'est parfois amusé à se retrouver dans son témoignage, comme sur son rapport aux femmes, l'amour ou le "jeu" de la séduction... Bref, je le recommande pour peu que vous soyez ouvert.e.s d'esprit.

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Puisqu'on parle de sexualité, je pourrais également citer des œuvres qui traitent de... l'absence de sexualité. Et cela comprend la VT bien entendu. A moins que vous préfèreriez qu'on ne ramène pas ce sujet dans cette partie du forum ? Dites-moi ce que vous en pensez ^^
VACN aime ça
#235208
Merci Lereveur ! Alors je me lance...
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Comment évoquer la VT, ou la frustration sexuelle en général dans les arts, sans parler de Michel Houellebecq ? L'écrivain a fait de la "misère sexuelle" un sujet récurrent dans ses œuvres. Je me pencherai en particulier sur Extension du domaine de la lutte qui, je pense, couvre le plus la question.

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Dans ce premier roman de Houellebecq, écrit à la première personne, on suit les états d'âme du narrateur anonyme, informaticien trentenaire, solitaire et misanthrope, vivant à Paris. Celui-ci, qui ne s'est jamais vraiment remis de son divorce deux ans auparavant, n'a eu aucune relation amoureuse ou sexuelle depuis. Apparemment sans amis et sans famille, il passe son temps libre à écrire des "fictions animalières" jusqu'à sa rencontre avec un collègue décrit comme à la fois repoussant et insipide, toujours puceau à l'âge de vingt-huit ans. Les deux comparses erreront, liés par leur vide affectif, au cours d'un déplacement professionnel pendant les fêtes de fin d'année.

Peu remarqué à sa sortie en 1994, l'ouvrage a parfois été décrit comme "prophétique" sur l'évolution des mœurs en Occident. Personnellement, je trouve qu'il a le mérite de traiter du sujet de la frustration sexuelle, mais, peut-être par excès de réalisme, je trouve son style assez austère et son intérêt limité. Je le déconseille d'ailleurs si vous êtes dépressif ; à la limite je conseillerais l'adaptation en téléfilm, réalisée par Philippe Harel, avec Harel dans le rôle du narrateur et José Garcia dans le rôle de son malheureux collègue. Cette adaptation prend quelques libertés avec le roman original, se terminant notamment sur une note un peu plus positive que l’œuvre dont elle s'inspire.



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Direction le Japon, pays dont la culture présente de multiples contradictions sur l'amour et le sexe. Selon les statistiques, malgré (ou à cause ?) des médias modernes hypersexualisés et loin des tabous judéo-chrétiens, environ un quart des Japonais.e.s de plus de 30 ans n'auraient jamais eu de rapport sexuels. Cette situation, préoccupante pour la natalité du pays, est couverte en partie dans le manga La virginité passé 30 ans :

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Cette œuvre de non-fiction est réalisée par Atsuhiko Nakamura, journaliste "choc" connu pour couvrir le milieu de l'industrie pornographique, qui suite à une expérience traumatisante en tant que directeur d'EHPAD (!) traite ici de ceux qu'il appelle les "puceaux tardifs", autrement dit : les hommes japonais de plus de 30 ans qui n'ont jamais fait l'amour. S'en est suivie une série d'articles, dont les portraits de huit de ces "puceaux", qui dans cette adaptation dessinée sont croqués sans indulgence par Bargain Sakuraichi - pseudonyme de Toshifumi Sakurai, dessinateur de mangas connu comme auteur du délirant Lady Boy vs Yakuzas ainsi que plusieurs œuvres à caractère érotique.

Ces portraits, intéressants et offrant un bref aperçu des laissés-pour-compte de la société japonaise, restent bien sûr peu exhaustifs et assez subjectifs, de la part de l'auteur qui a choisi de se concentrer uniquement sur les hommes. Un autre témoignage, d'un point de vue féminin, fut livré par Kabi Nagata dans son œuvre autobiographique, Solitude d'un autre genre :

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La dessinatrice de manga Kabi Nagata, après avoir lutté pendant dix ans contre sa dépression, son isolement social et ses troubles alimentaires, se rend compte à vingt-huit ans qu'elle n'a jamais eu de rapport amoureux ou sexuel. Longtemps dans le déni de sa libido, Nagata réalise son homosexualité, et désespérée, finit par faire appel aux services d'une agence d'escort-girls...

C'est sans tabous que la jeune autrice se livre dans ce manga autobiographique très personnel et touchant, d'abord prépublié sur Internet. Plus que l'homosexualité ou la virginité, le thème central de l’œuvre est la dépression. Personnellement ce manga m'a beaucoup parlé, même si je l'ai parfois trouvé un peu brouillon dans sa narration, de l'aveu de l'autrice même il y a plusieurs choses dont elle a préféré ne pas parler, ce qui donne parfois une impression d'inachevé. Mais au vu du caractère extrêmement personnel de l’œuvre c'est tout à fait compréhensible. Nagata a depuis réalisé un autre ouvrage, Journal de ma solitude, où elle traite de sa lutte continue contre la dépression et sa vie et son rapport à son entourage après la publication du premier manga.
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Pour information les œuvres que je viens de citer comportent des images et des situations très dures, déconseillées aux dépressifs et aux âmes sensibles... et vous, qu'en pensez-vous ?
Viride aime ça
#235210
Le manga « La virginité passé à 30 ans » me tente bien...
Les quelques scans que j’ai vu m’ont plutôt bien plu (le dessin, grotesque, tient bien la route).

Le mec qui dessinait ses waifus me fait penser à moi (je dessinais - et dessine encore - des portraits féminins, ça m’a aidé à améliorer mon dessin) mais je ne fais pas de loli 🧐
#235212
Pour moi, Houellebecq est un poison. Le bonhomme aussi bien que ses œuvres. Il fait partie de ces gens qui semblent faire tout leur possible pour rendre les autres misérables et misanthropes. Dans son cas, ça confine au surnaturel. C'est pas en rendant les gens cyniques qu'on les aide à faire face aux dures réalités.
#235417
J'ai lu le manga "Solitude d'un autre genre"
Au début elle parle plutôt de ses problèmes personnels de type trouble alimentaire. Vers la fin elle parle de la VT : de la répression de son désir. Et sa relation avec sa propre féminité.

C'est court (un volume), bien écrit et avec un brin d'humour. Je la trouve courageuse et déterminée, malgré ses difficultés.
Merci pour la recommandation. Je vais peut-être lire les autres ici.
Athanagor aime ça
#235640
SnapBack a écrit : 05 oct. 2020, 20:01 Le manga « La virginité passé à 30 ans » me tente bien...
Les quelques scans que j’ai vu m’ont plutôt bien plu (le dessin, grotesque, tient bien la route).
Personnellement j'ai été plutôt rebuté par le dessin. Il y a "grotesque", "caricatural" mais ici je trouve le design des personnages assez inégal, notamment les proportions et les poses qui sont hasardeuses. On notera également que l'artiste présente généralement les hommes comme plutôt laids et la plupart des femmes comme d'immenses poupées Barbie aux proportions impossibles. Peut-être est-ce une volonté de présenter la vision fantasmatique de ces puceaux. Après, les goûts et les couleurs...
SnapBack a écrit : 05 oct. 2020, 20:01 Le mec qui dessinait ses waifus me fait penser à moi (je dessinais - et dessine encore - des portraits féminins, ça m’a aidé à améliorer mon dessin) mais je ne fais pas de loli 🧐
J'y ai pensé aussi :sweat_smile: mais je ne fais pas de lolis non plus... et les fantasmes du gars semblaient particulièrement crades. Cette double page c'est un "grand moment" si on peut dire, au milieu du passage sur les otakus en général.
VACN a écrit : 05 oct. 2020, 20:50 Pour moi, Houellebecq est un poison. Le bonhomme aussi bien que ses œuvres. Il fait partie de ces gens qui semblent faire tout leur possible pour rendre les autres misérables et misanthropes. Dans son cas, ça confine au surnaturel. C'est pas en rendant les gens cyniques qu'on les aide à faire face aux dures réalités.
Je ne suis pas vraiment d'accord. Pour moi Houellebecq est un écrivain qui a su se trouver un public. Je pense qu'il a le mérite de parler de sujet peu abordés frontalement dans le petit entre-soi de la littérature française : l'isolement social, l'atomisation de la société, la disparition du modèle familial, l'islam politique, la désertification des campagnes... et que c'est ça qui lui a permis de se faire une place.
Sinon, j'ai effectivement du mal à voir l'intérêt d'exposer ou de lire un tel étalage de misanthropie. Je vois Houellebecq comme un gars qui veut s'adresser aux laissés-pour-compte de la société, dans leur rancœur et leur désespoir, tandis que lui reste dans son train de vie mondain. Une sorte de bobo de droite. Je me fais peut-être des idées.

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Et puisqu'on parle de Houellebecq et de misanthropie, j'aimerais rebondir sur un artiste que je considère comme son équivalent en rap : Fuzati.



Fuzati est principalement connu en tant que membre du "Klub des Loosers" dont il est l'unique M.C.. Sur scène ou dans les interviews, il se présente toujours derrière un masque façon vénitien, soucieux de préserver son anonymat et d'insister sur le fait que Fuzati n'est "qu'un personnage". Ce rappeur au succès discret, mais toujours actif depuis près d'une vingtaine d'années, est spécialiste des textes tranchants, plein de calembours et de punchlines morbides, livrant son avis désabusé et cynique sur l'état de la société moderne, sous un air faussement gamin.

Un des grands sujets de Fuzati c'est les femmes, et son insuccès auprès de la gente féminine, en particulier au début de sa carrière. Là encore, je rappelle que l'artiste a plusieurs fois dit se distancer de son "personnage" et qu'il est finalement difficile de mesurer la différence exacte entre le personnage et l'homme qui l'incarne. Moi qui l'écoutait pas mal dans mon adolescence et qui me retrouvait dans ses textes, avec le recul je dirais qu'on y sent une profonde misogynie, toute la rhétorique du "nice guy" y passe : les filles n'aiment que les bad boys, elles ignorent les gentils comme moi, pourquoi elles m'écoutent pas ces s...?? et patati et patata.

Cela se retrouve particulièrement dans son premier album, Vive la Vie (2004) dont les morceaux sont ponctués de saynètes scénarisées où notre héros tente maladroitement de conquérir le cœur d'une camarade de classe :



Morceaux choisis :
Dans la vraie vie, je suis romantique, et même sincère
Ce sont des maladies et j'espère qu'elles s'opèrent
Depuis Que J’étais Enfant

Marre de tirer des thunes pour essayer de tirer des filles
Envie de prendre ce flingue en criant pendant que je tire en l'air:
"Couchez-vous toutes bandes de p..! C'est l'heure du missionnaire !"
Le même morceau

A l'époque, j'étais encore un petit enfant
Tu sais, je n'avais pas encore fait l'amour,
Je sais, j'avais 25 ans, mais ce n'est pas grave
Où est mon Bescherelle ?

Cette fille, comment la décrire ?
Elle est, comme un petit papillon volant majestueusement dans un jardin
Où toutes les fleurs auraient été remplacées par des pénis
Officiellement rattachée à l'un, cela ne l'empêche pas de se poser sur d'autres
De se faire se prendre et avouer avoir fait peut-être une petite bêtise
Le manège des vanités

Orgasmic le Toxicologue est secrètement amoureux de vous,
Et toi, sale p..., tu t'en fous !
Orgasmic le Toxicologue est secrètement amoureux de vous (paroles) un des premiers morceaux de Fuzati, grand moment de "Nice guy"-itude apparemment dédié à un ami DJ et à l'amour d'enfance de celui ci :



Je ne sais pas si être à deux, c'est mieux pour être heureux
Mais c'est certain que être à un, c'est forcement moins bien
C'est ce que je me dis en faisant les courses le vendredi soir
Entouré de gens espérant comme moi qu'il n'est pas trop tard,
Que désormais le célibat ne colle pas à leur peau
Comme l'acné et les points noirs du temps où ils étaient ados
Un jour où ça n'ira pas, j'irai m'acheter un chat,
Il sera blanc, je l'appellerai "Ma chérie, les enfants",
Comme ça, comme tout le monde le soir, en rentrant chez moi,
Je pourrai dire : "Ma chérie, les enfants, je suis là !"
Un peu seul (paroles) un hymne au célibat



Comme j'ai dit précédemment, j'appréciais Fuzati dans mon adolescence, mais après avoir grandi j'ai un avis plus mitigé. Il a parfois des bonnes idées mais il y a aussi beaucoup de colère adolescente, sans compter la misogynie et ce qui passerait aujourd'hui pour des appels au féminicide, à côté Orelsan c'est de la petite bière - d'ailleurs Fuzati a parfois insinué qu'il trouvait qu'Orelsan lui avait repris ses thèmes. Ma théorie personnelle c'est que Fuzati n'est bien qu'un personnage et l'artiste, un peu comme Houellebecq, cherche un public mal dans sa peau et plutôt jeune, pour faire son style.
Avec le recul je me dis que Fuzati, en 2004 était le premier rappeur incel, je trouve qu'il y a un rapprochement qu'il y a entre le personnage et certaines rhétoriques de l'incel moyen :sweat_smile:
Aujourd'hui, dans ses textes Fuzati semble moins faire allusion aux femmes et parle plutôt de sa misanthropie et sa volonté de ne jamais avoir d'enfants.

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Sur un ton plus léger, mon avatar et mon pseudonyme s'inspirent d'Athanagor Würlitzer, une des premières BD de Maêster (principalement connu pour Sœur Marie-Thérèse des Batignolles). Une BD humoristique et déjantée dans le ton typique de Fluide Glacial, sur un homme timide qui se décrit comme "obsédé sexuel non-pratiquant" et que son désir pour les femmes entraîne dans tout un tas de péripéties absurdes. Une BD coquine dont les aventures sont prétexte pour présenter de belles femmes plantureuses...

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J'ai entendu parler de cette BD sur Internet, en fait je ne l'ai pas encore lue mais si l'occasion se présente je compte me les procurer :-) ça a l'air plutôt amusant.

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C'est tout pour aujourd'hui ! Je conclurai sur cette citation de Davy Mourier, auteur notamment de La Petite Mort, qui se considère comme atteint du "syndrome de Peter Pan", et qui dans cette série de comic-strips se mettait en scène avec son psy : http://badstrip.over-blog.com/article-20511594.html
Vous ne pouvez pas consulter les pièces jointes insérées à ce message.
Viride aime ça
#235641
Sujet vraiment pertinent ! Merci pour vos partages, ça permet de se sentir moins isolé, (un peu) moins ignorant face à l'expérience de la sexualité je trouve.

Deux pages instagram de dessins intimes (NSFW, pas de photographies) accompagnés de témoignages que je trouve émouvants de femmes sur leur rapport à leur corps.

www.instagram.com/boobies.galery
www.instagram.com/social.vagina
Athanagor aime ça
#235659
Athanagor a écrit :Sur un ton plus léger, mon avatar et mon pseudonyme s'inspirent d'Athanagor Würlitzer, une des premières BD de Maêster (principalement connu pour Sœur Marie-Thérèse des Batignolles). Une BD humoristique et déjantée dans le ton typique de Fluide Glacial, sur un homme timide qui se décrit comme "obsédé sexuel non-pratiquant" et que son désir pour les femmes entraîne dans tout un tas de péripéties absurdes. Une BD coquine dont les aventures sont prétexte pour présenter de belles femmes plantureuses...
On dirait du MAD.
La caricature de la taille (couverture violette) est à faire palir les femmes dessinées par Oda dans One Piece :joy:

Dans le sexy et l’art de dessiner les femmes, je me revendique plus de la BD japonaise, hentai ou non (Tsukasa Hojo surtout).

J’en ai acheté un, de hentai (le premier que j’achetais après en avoir beaucoup lu sur Internet), dans une librairie érotique de Bruxelles, une expérience à part entière. Je n’ai jamais vu autant de Playboy sur une étagère et d’hommes qui feuillètent les rayons avec une attitude à demi gênée (le cliché de l’imper’ et du chapeau n’était pas loin). Le vendeur avait pris la peine emballé mon achat dans un papier cartonné fort opaque !
Athanagor aime ça