Mattia43 a écrit : ↑24 déc. 2019, 13:14
Je pense qu'elle vise surtout les incels/masculinistes qui justifient ou "excusent" le viol par la misère sexuelle... Elle précise bien dans l'article que la misère affective est un problème tout à fait distinct. Elle dit que la sexualité en solo vaut celle en couple pour se débarrasser de sa frustration sexuelle, mais pas pour se débarrasser de sa frustration affective.
J'ai lu rapidement son billet et si je te rejoins sur le fait qu'elle distingue bien frustration affective et frustration sexuelle, il n'empêche que son article souffre tout de même d'imprécisions "conceptuelles" qui entretiennent la confusion.
Notamment, à mon sens, l'auteur ne distingue pas bien ce qui est de l'ordre du besoin et du désir.
L'auteur semble essentiellement soutenir que la misère sexuelle n'existe pas car la pulsion sexuelle peut être assouvie par le recours à l'onanisme, qui est aussi efficace qu'un missionnaire selon les termes même de l'article. Pour soutenir cela, la prémisse est qu'en recourant à l'onanisme on assouvit là un simple "besoin sexuel" ou un "instinct sexuel" comme boire de l'eau quand on a soif ou manger quand on a faim (la seule différence étant que ces deux derniers éléments sont des besoins nécessaires alors que le "besoin sexuel" n'est pas nécessaire).
Or, elle écrit ensuite "Pire encore, notre acharnement à faire exister la misère sexuelle en produit. On crée un faux besoin, qui physiologiquement n’existe pas."
Ben justement, si l'auteur souhaite conserver la distinction misère sexuelle/frustration affective, il est bien obligé d'admettre que la misère sexuelle résulte d'un simple besoin/physiologique, d'un besoin animal. C'est précisément parce que c'est un simple besoin physiologique qu'il peut "se balayer d'un revers de main" (je cite à nouveau l'auteur tel quel).
L'auteur écrit également : "On ne plaisante pas avec les forces telluriques du désir (y compris quand ces forces pourraient se balayer d’un revers de main) !"
Manque de pot, c'est l'inverse là. Les forces telluriques du désir ne peuvent pas se balayer d'un revers de main, c'est le besoin qui peut se balayer d'un revers de main. Le désir lui n'est pas animal mais proprement humain et consiste précisément à être aimé ou à tout le moins être désiré par la personne avec qui on veut avoir une relation sexuelle. On ne désire pas juste assouvir son besoin, seul ou avec quelqu'un, mais on désire que l'autre nous aime ou nous désire.
A la fin de l'article : "La misère sexuelle n’est pas un souci de sexe, d’orgasme, de libido, mais un souci d’identité". Là on ne comprend plus puisque l'auteur a en gros soutenu dans le début de son article (malgré les confusions) qu'en gros la misère sexuelle n'est pas problématique car c'est de l'ordre du besoin et qu'on peut donc l'assouvir sans peine seul (il s'agirait donc d'un problème relatif à la nature) pour nous déclarer ici que c'est un problème d'identité donc qui s'attache à la culture.
A la limite, elle pourrait dire que le problème de l'identité est rattaché non à la problématique de la misère sexuelle mais de la misère ou frustration affective qui elle relève du désir. Et elle pourrait interroger la question de savoir comment le concept de virilité est associé à celui d'être désiré en tant que conquérant par exemple si je reprends les termes qu'elle emploie. Ce dernier paragraphe n'est même pas une piste, ce n'est pas un thème de réflexion qui m'intéresse donc je n'y connais rien mais c'est juste pour donner un exemple.
Bref, on ne comprend pas trop ni ce que l'auteur veut démontrer ni où et comment elle veut le faire. On pressent juste qu'elle veut dire que la "misère sexuelle" ne peut pas excuser des comportements illégaux/aggressifs,
etc. mais très honnêtement et à mon sens, d'une part, ça coule de source et, d'autre part, l'auteur se mélange un peu les pinceaux dans les notions.