- 12 mai 2020, 20:28
#232616
Bonsoir tout le monde !
Ce n'est pas simple de revenir ici (j'ai il y a bien longtemps fait partie du forum mais j'en suis partie) mais j'ai vraiment besoin de parler avec des personnes qui traversent les mêmes épreuves que moi. Tout d'abord, je suis contente d'être ici, parmi vous.
Je m'appelle Lynne, j'ai 31 ans (bientôt 32) et je vis en région Rhône-Alpes. Je passe beaucoup de temps à écrire et à dessiner, ça me permet de m'évader un peu et aussi d'extérioriser le trop plein d'émotions qui m'envahit la plupart du temps. Je suis une personne plutôt sympa et sociable, bien que réservée avec un gros manque d'estime et de confiance en soi. ça ne se voit pas forcément au premier contact et pourtant... Mon vécu et la façon dont je me suis construite au fur et à mesure des années m'ont rendue triste et vide d'émotions joyeuses. J'ai grandi aux côtés d'une mère toxique et très fragile émotionnellement qui a toujours utilisé la terreur et le chantage affectif pour me soumettre.
En plus d'avoir cassé l'image du père quand j'avais 10 ans (époque où mes parents se sont séparés), elle m'a toujours montré une image honteuse de la sexualité et des relations amoureuses. Très castratrice, elle a toujours été très intrusive dans ma vie et celle de mes frères. Pour elle et mes frères (qui du coup, on été complètement formatés), il ne fallait surtout pas que j'ai un petit copain, que ça ne se faisait pas, qu'il fallait se marier etc... Le jour où j'ai essayé du rouge à lèvres à l'âge de 12 ans (juste comme ça au collège, car je restais avec des filles un peu plus âgées), ma mère est devenue dingue et a insinué que j'embrassais des garçons dans les toilettes du collège, ça en plus d'insinuer d'autres choses...
Lorsque j'ai eu 12 ans, on m'a incitée à prier (ma famille est de confession musulmane) et à rejeter ma féminité, d'une certaine manière. Pas de voile mais je devais être pudique, sage et être "sérieuse". Loin de moi l'envie de dénigrer une religion mais avec le recul, je me rend compte que la religion et la toxicité de ma famille m'ont brisée de l'intérieur. J'avais peur de tout, des garçons puis des hommes, peur de ma mère et peur de vivre comme toutes les jeunes filles de mon âge. Au fur et à mesure du temps, je me suis mise à rejeter mon corps et à vivre uniquement pour ma mère et mes frères. Dès que je tombais amoureuse ou que j'avais ne serais-ce qu'une attirance pour un homme, je me sentais mal-à-l'aise.
Le temps a passé et malgré les regards et les compliments que je pouvais recevoir de la part d'hommes, je me bloquais et je déclinais. C'était systématique. Un blocage s'est crée et j'ai toujours rejeté les tentatives de drague. Je culpabilisais beaucoup, évidemment.
Il y a quelques années, j'ai déménagé pour m'installer chez une personne de ma famille, à plus de 200 km de ma mère. C'est là que tout m'a pété à la figure : mon mal-être, ma honte, mes peurs... Comme si je m'étais réveillée d'un conditionnement et d'une anesthésie et je suis tombée en dépression et j'ai fais un burn-out (avec un patron tyrannique entre-temps qui ne m'a pas aidée). Ma santé en a même pris un coup.
Aujourd'hui, j'ai 31 ans et je vis avec ce poids énorme de virginité sur mes épaules. J'ai beau me dire que chaque personne est différente et chemine différemment mais j'ai honte quand même. J'ai gâché une grande partie de ma vie, mon adolescence où on se moquait de moi (j'avais des boutons), ma vingtaine où j'aurais pu faire des rencontres. Alors voilà; je me dis que je suis coincée. On vit dans une société où la majorité des gens vivent avec des normes ancrées; où pour eux, à 30 ans révolus, on a forcément déjà couché avec quelqu'un sinon on est considéré comme anormal ou alors, c'est qu'on a un sérieux problème.
Personne ne sait, parmi le peu d'amis que j'ai, que je suis vierge et je n'ose même pas en parler à ma meilleure amie ! J'ai trop honte et peur d'être jugée. Et à côté de ça, je reste convaincue que si je rencontre un homme qui me plaît et à qui je plaît (ce dont je doute), il fuira quand il saura que je suis vierge. Je ne sais donc pas quoi faire et ma solitude me pèse de plus en plus; surtout quand je vois autour de moi mes cousines plus jeunes qui ont déjà un copain ou un mari (et des enfants pour l'une d'entre elles). Je me sens frustrée et je déteste ça. Pour vous dire, je dois prochainement voir une gynécologue et je redoute vraiment !
Bref, je suis perdue avec la désagréable sensation d'avoir gâché ma vie. quelques unes de mes tantes, qui connaissent mon histoire et qui se doutent que je sois vierge, me font parfois culpabiliser inconsciemment en me disant "n'attend pas trop longtemps car la vie passe vite"... Je sais que ça part d'une bonne intention mais elles ignorent à quel point il est dur de surmonter un tel blocage. Je suis suivie par une psy mais je ne lui ai pas parlé de ma virginité. Je lui ai simplement dit que je n'avais jamais eu de vraies relations...
Je vous ai écris un pavé, j'en suis désolée... J'espère que ça ne vous piquera pas trop les yeux^^. En tout cas merci de me lire. J'espère que les personnes qui sont dans mon cas (même celles qui ne le sont plus aujourd'hui), arrivent malgré tout à vivre au mieux avec cette VT ?
Au plaisir de vous lire prochainement :)
Lynne
Ce n'est pas simple de revenir ici (j'ai il y a bien longtemps fait partie du forum mais j'en suis partie) mais j'ai vraiment besoin de parler avec des personnes qui traversent les mêmes épreuves que moi. Tout d'abord, je suis contente d'être ici, parmi vous.
Je m'appelle Lynne, j'ai 31 ans (bientôt 32) et je vis en région Rhône-Alpes. Je passe beaucoup de temps à écrire et à dessiner, ça me permet de m'évader un peu et aussi d'extérioriser le trop plein d'émotions qui m'envahit la plupart du temps. Je suis une personne plutôt sympa et sociable, bien que réservée avec un gros manque d'estime et de confiance en soi. ça ne se voit pas forcément au premier contact et pourtant... Mon vécu et la façon dont je me suis construite au fur et à mesure des années m'ont rendue triste et vide d'émotions joyeuses. J'ai grandi aux côtés d'une mère toxique et très fragile émotionnellement qui a toujours utilisé la terreur et le chantage affectif pour me soumettre.
En plus d'avoir cassé l'image du père quand j'avais 10 ans (époque où mes parents se sont séparés), elle m'a toujours montré une image honteuse de la sexualité et des relations amoureuses. Très castratrice, elle a toujours été très intrusive dans ma vie et celle de mes frères. Pour elle et mes frères (qui du coup, on été complètement formatés), il ne fallait surtout pas que j'ai un petit copain, que ça ne se faisait pas, qu'il fallait se marier etc... Le jour où j'ai essayé du rouge à lèvres à l'âge de 12 ans (juste comme ça au collège, car je restais avec des filles un peu plus âgées), ma mère est devenue dingue et a insinué que j'embrassais des garçons dans les toilettes du collège, ça en plus d'insinuer d'autres choses...
Lorsque j'ai eu 12 ans, on m'a incitée à prier (ma famille est de confession musulmane) et à rejeter ma féminité, d'une certaine manière. Pas de voile mais je devais être pudique, sage et être "sérieuse". Loin de moi l'envie de dénigrer une religion mais avec le recul, je me rend compte que la religion et la toxicité de ma famille m'ont brisée de l'intérieur. J'avais peur de tout, des garçons puis des hommes, peur de ma mère et peur de vivre comme toutes les jeunes filles de mon âge. Au fur et à mesure du temps, je me suis mise à rejeter mon corps et à vivre uniquement pour ma mère et mes frères. Dès que je tombais amoureuse ou que j'avais ne serais-ce qu'une attirance pour un homme, je me sentais mal-à-l'aise.
Le temps a passé et malgré les regards et les compliments que je pouvais recevoir de la part d'hommes, je me bloquais et je déclinais. C'était systématique. Un blocage s'est crée et j'ai toujours rejeté les tentatives de drague. Je culpabilisais beaucoup, évidemment.
Il y a quelques années, j'ai déménagé pour m'installer chez une personne de ma famille, à plus de 200 km de ma mère. C'est là que tout m'a pété à la figure : mon mal-être, ma honte, mes peurs... Comme si je m'étais réveillée d'un conditionnement et d'une anesthésie et je suis tombée en dépression et j'ai fais un burn-out (avec un patron tyrannique entre-temps qui ne m'a pas aidée). Ma santé en a même pris un coup.
Aujourd'hui, j'ai 31 ans et je vis avec ce poids énorme de virginité sur mes épaules. J'ai beau me dire que chaque personne est différente et chemine différemment mais j'ai honte quand même. J'ai gâché une grande partie de ma vie, mon adolescence où on se moquait de moi (j'avais des boutons), ma vingtaine où j'aurais pu faire des rencontres. Alors voilà; je me dis que je suis coincée. On vit dans une société où la majorité des gens vivent avec des normes ancrées; où pour eux, à 30 ans révolus, on a forcément déjà couché avec quelqu'un sinon on est considéré comme anormal ou alors, c'est qu'on a un sérieux problème.
Personne ne sait, parmi le peu d'amis que j'ai, que je suis vierge et je n'ose même pas en parler à ma meilleure amie ! J'ai trop honte et peur d'être jugée. Et à côté de ça, je reste convaincue que si je rencontre un homme qui me plaît et à qui je plaît (ce dont je doute), il fuira quand il saura que je suis vierge. Je ne sais donc pas quoi faire et ma solitude me pèse de plus en plus; surtout quand je vois autour de moi mes cousines plus jeunes qui ont déjà un copain ou un mari (et des enfants pour l'une d'entre elles). Je me sens frustrée et je déteste ça. Pour vous dire, je dois prochainement voir une gynécologue et je redoute vraiment !
Bref, je suis perdue avec la désagréable sensation d'avoir gâché ma vie. quelques unes de mes tantes, qui connaissent mon histoire et qui se doutent que je sois vierge, me font parfois culpabiliser inconsciemment en me disant "n'attend pas trop longtemps car la vie passe vite"... Je sais que ça part d'une bonne intention mais elles ignorent à quel point il est dur de surmonter un tel blocage. Je suis suivie par une psy mais je ne lui ai pas parlé de ma virginité. Je lui ai simplement dit que je n'avais jamais eu de vraies relations...
Je vous ai écris un pavé, j'en suis désolée... J'espère que ça ne vous piquera pas trop les yeux^^. En tout cas merci de me lire. J'espère que les personnes qui sont dans mon cas (même celles qui ne le sont plus aujourd'hui), arrivent malgré tout à vivre au mieux avec cette VT ?
Au plaisir de vous lire prochainement :)
Lynne
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