Eeyore a écrit : ↑21 juin 2020, 12:05
Merci pour ce témoignage bonbenbof! Et du coup, eventuellement, pourrais-tu nous dire justement comment est vécu par les personnes concernées les innombrables blagues, memes ou statistiques très sérieuses sur la dramatique (ironie) "prise de poids post confinement?". Si tu le souhaites bien sûr.
Dans la mesure où je n'étais pas confiné, je n'ai pas eu le loisir de m'attarder sur les innombrables articles dont les médias nous ont inondé pour meubler le temps de ceux qui à priori n'avaient plus rien à faire du jour au-lendemain... (C'est dingue ce que ces médias se sont imposés aux gens durant le confinement, comme s'il fallait absolument passer par eux pour avoir une vie... Mais c'est un autre débat...)
Du coup bah je m'en suis un peu tamponné vu que j'avais autre chose à faire...
Honnêtement, les deux ou trois trucs que j'ai survolé à ce sujet m'ont tout simplement fait marrer... Oui, il y a sûrement des gens qui ont vu leur quotidien suffisamment bouleversé pour prendre du poids. J'ai revu un sous-directeur la semaine dernière. Il a clairement pris 10 kg (Mais je sais que chez lui il n'est ni actif, ni attentif à son alimentation, alors qu'au boulot il avale les km énergiquement...). A l'inverse, je n'ai jamais autant vu de joggeurs, marcheurs, cyclistes, sur les berges de la rivière que je longe tous les jours pour aller au boulot que durant le confinement...
Je crois quand même que le commun des mortels a traversé l'événement sans réellement souffrir d'une prise de poids... Et puis quoi? 2 kg? 3 kg? En deux mois? Quand je bossais dans le bâtiment, je pouvais avoir des différences de 6 kg sur une journée tant les entrées et les sorties étaient importantes (J'emportais tous les jours deux bouteilles de deux litres de flotte chacune...)... Du coup, j'ai bien conscience que les chiffres avancés ne sont significatifs de rien du tout.
Une variation de poids de 5 kg sur une personne en pleine santé, vers le haut ou le bas, dans une grande majorité des cas, ça n'a strictement rien d'anormal ou d'inquiétant en l'absence d'autres symptômes.
Alors oui, derrière le foin qui est fait tout autour de cette prise de poids, il y évidemment tout une mécanique commerciale à l’œuvre, la même que celle qui a fait de la solidarité un pur produit marketing (Regardez comment de très nombreuses marques s'en sont emparées... C'est la mode du moment, même si dans les faits, ça a été chacun pour soi quasi partout... Je peux vous assurer qu'en étant trois au bureau dans un bâtiment qui compte habituellement 120 personnes, le fait d'être oubliés, on le remarque très vite. Et pendant ce temps, tu as l'employeur qui balance sur l'intranet des dizaines d'articles pour montrer les visios qui resserrent tellement les liens entre les employés alors que toi, si tes collègues reviennent vers toi, c'est juste pour que tu leur rendes un service qui nécessite d'être sur site. Bref, de la poudre aux yeux pour un tas de moutons bien crédules...)...
Est-ce que cette mécanique est problématique? Oui, évidemment... Est-ce qu'elle change quelque chose pour le quotidien des personnes en surpoids? Est-ce que cet enième rappel de leur condition va changer quelque chose pour eux? Objectivement? Non... C'est comme ça tout le temps, partout. Forcément que le confinement n'allait rien changer à la donne. Que ce soit pour ça, ou pour d'autres choses d'ailleurs.
Par contre, oui, je suis plutôt mal à l'aise pour ceux qui ont cru dur comme fer à ces âneries et qui se sont mis effectivement à dramatiser autour de leur alimentation et de leur activité sportive.
La pandémie était déjà en elle-même suffisamment génératrice de stress pour que l'on vienne littéralement s'encombrer de c.nneries du genre "Ouh mon Dieu, je ne vais plus savoir fermer ma chemise!"...
Après du reste... La grossophobie, c'est évidemment un problème dont j'ai conscience depuis gamin, ayant très vite été confronté à un médecin de famille qui me foutait une frousse pas possible au moindre rhume parce qu'il m'engueulait et m'humiliait à chaque consultation. T'as la grippe? Oui mais t'es gros! T'as les végétations? Oui mais t'es gros! On va te retirer l'appendice? Oui mais t'es gros! Donc oui, je peux me réjouir du fait que le phénomène soit reconnu et ait un nom.
Par contre, ben... Pas de bol... J'ai un peu l'impression qu'il devient au même titre qu'un tas d'autres cause, un problème de SJW avant tout, et que ceux qui en font leur cause soit oublient tout le reste, soit le noient dans le reste. Dans un article, l'auteur, ou la personne qui témoignait, disait que le surpoids est l'une des dernière choses dont on peut se moquer impunément (C'est vrai qu'on en est arrivé à un stade ou il faut bien faire gaffe à ce que l'on dit à une personne, ou ce que l'on dit d'elle en fonction de ses origines, de sa relation, de sa situation. Et n'interprétez pas mal ce que je viens de dire...)...
Ah? Bon... Je suis roux.
Si de manière générale, la société me rappelle constamment que je suis gros, dans la rue par exemple, je subis bien plus de moqueries pour la couleur de mes cheveux, et ça vient de TOUT le monde, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, blancs, blacks, asiatiques... Le pire étant un combo, gros/roux, lors d'un souper dans le noir (Cette incohérence...), venant d'un handicapé moteur sévère, oui oui...
Je vais aller créer mon hashtag tiens...
Les moqueries en raison de différence sont légions, et sont quasi inscrites dans l'ADN de notre société. Toute, cause, mouvement, couleur, religion, appartenance politique, ou que sais-je encore est potentiellement stigmatisante, avec des conséquences variables, qui peuvent aller de la simple taquinerie, jusqu'au génocide... Ce qui serait bien, c'est que la société parvienne à établir un seuil, qui ferait qu'au-delà de la taquinerie, la limite est atteinte, et les gens doiven se rappeler qu'il se pourrait qu'un jour, eux aussi, on se moque d'eux.
Bref.