- 02 mai 2021, 21:22
#237767
Bonjour
Voici 15 ans que ça me pourri la vie, que ce traumatisme me poursuit, aujourd'hui j'ai besoin de diffuser mon long témoignage afin que ça n'arrive plus à d'autres personnes. Et afin de pouvoir un jour tirer la page et m'en libérer, car je me rends maintenant compte que si je n'attaque pas ce problème plus sérieusement et de front, ça me poursuivra toute ma vie, et influencera mes relations. Le voici:
Adolescente, j'ai très vite eu des problèmes de règles (douloureuses, saignements facilement 20 à 25 jours par mois, je comptais plutôt les jours où je n'avais rien...). Je me demandais toujours comment faisaient les femmes pour être bien dans leur vie parce que ça pourrissait la mienne.
Vers 15 ans, ma mère m'a donc conduite chez son gynécologue, celui qui nous a fait naître, celui en qui elle avait toute confiance...
J'avais 15 ans, j'étais vierge, pudique, pas prête dans ma tête.
Le gynécologue a posé quelques questions, puis m'a fait l'examen gynécologique. Sauf que comme j'étais vierge, il a réalisé une échographie avec la sonde par voie rectale... "On ne voit pas bien avec une échographie abdominale" (je sais aujourd'hui que c'est faux, et il a réussi à louper un double utérus à l'échographie endorectale chez ma soeur jumelle alors que "le paysage était soit disant magnifique" : preuve qu'on ne voit pas mieux ainsi. ..).
Une fois j'aurais encore pu supporter...
Sauf que j'ai apparemment de l'endométriose (diagnostic posé après plusieurs années), ça se passait bien sous traitement Lutényl (pilule je la vomis), mais il me faisait à chaque fois prendre le traitement (écho rectale), l'arrêter (écho rectale), de nouveau problème donc à nouveau écho rectale, etc. Et ainsi pendant des années, jusqu'au jour où on a décidé que je prenne le traitement en continu et depuis c'est stable.
Chaque examen, je l'ai vécu comme un viol. J'essayais de sortir de mon corps, de me dissocier, j'aurais voulu partir. Je ne voulais pas subir ça. Je n'en dormais pas des mois avant parce que je savais très bien la date et l'heure à laquelle ça allait m'arriver J'espérais le plus possible que ça se passe "le mieux possible" parce que ça ne pouvait pas se passer bien... Et après j'avais mal, je disais à ma mère que je détestais ce moment!
Mais c'est extrêmement difficile de parler de (ressenti de) viol pour un examen médical... J'ai très longtemps été ambivalente: je l'ai chaque fois vécu comme ça mais "ce n'est pas un viol" (enfin plus d'une dizaine du coup...) vu que je l'acceptais uniquement pour un jour pouvoir avoir des enfants, me soigner et préserver mes organes.
Je me souviens aussi qu'il me faisait déshabiller le bas, et mettre ce vieux tablier blanc, avec régulièrement des traces de sang d'autres femmes...
Et je me souviens aussi le jour où, à 20 ans, il m'a dit le plus naturellement du monde que je ne pourrais peut-être jamais avoir d'enfants. Et au revoir, consultation terminée... J'étais choquée, j'en ai pleuré, je me suis sentie seule.
Pendant longtemps, j ai cherché d'autres témoignages qui ressemblent au mien, mais je n'en ai pas trouvé (je viens de relire ici le topic gynéco, et je n'ai jamais trouvé qq qui parlait d'écho rectale (heureusement pour vous, bcp de témoignages bienveillants et rassurants!)... Parce que ce n est pas normal ce qu'il me faisait...
Mon endometriose à toujours été taboue pour moi, mais je me rends compte que ce qu'il y a de difficile derrière, c est surtout les viol(ence)s vécues...
Ce qui me rend malade, c'est que des échographies abdominales auraient été suffisantes, et que ça m'a traumatisée, pourri mon adolescence et pourri ma vie sexuelle. Là où à 15 ans, les autres vivaient leurs premiers émois et premières expériences, moi je me débattais avec cette maladie et ces actes humiliants, violents et répétitifs.
Par la suite j'ai changé de gynécologue. Elle est adorable, douce et à l'écoute. Elle m'a toujours fait des échographies abdominales. Dès le premier RV, et presque à chacun des suivants, je lui ai dit que ça m'avait traumatisée ses pratiques (qui sont ancestrales selon elle et ne se font plus depuis longtemps, elle comprend que ça m'ait traumatisée). Je n'angoisse plus avant son RV car je sais comment elle travaille mais dans la salle d'attente (c'est le même cabinet que l'ancien gynéco), j'ai encore cette bouffée d'angoisse et ce stress énorme qui me remonte, d'avant... De me retrouver dans ce lieu...
Concernant ma vie sexuelle, ça m'a bloquée. Ça m'a rendue méfiante et évitante avec les hommes (d'autres raisons aussi). J'ai été vierge longtemps.
Mon corps associe le fait de se déshabiller devant quelqu'un comme une mise en danger, "le fait que ça va se reproduire à nouveau".
Mon ex (1er) était patient (je lui avais dit, sans mettre le mot "viol"), essayait d'être rassurant. Petit à petit. Je progressais.
Jusqu'au jour où il m'a dit que certaines pratiques que je refusais, il me laisserait du temps mais que je finirais par le faire, ou qu'il me quitterait (il était accro au porno, avoué plus tard dans la relation). Il m'a dit ça juste après que je lui ai parlé des flash du gynéco qui remontaient et que je comprenais plus précisément certaines choses (que ce n'était pas seulement être pudique, pas seulement son regard mais que mon corps l'assimile à une future violence, que ça se reproduise à nouveau). De me dire ça, ça m'a replongée encore plus dans ce dilemme que je pensais derrière moi: subir ces "viols programmés" par échographie anale pour un jour espérer avoir des enfants. Et à nouveau subir "des viols conjugaux" de choses que je refuse de faire pour garder mon couple. Je me suis sentie super mal, à nouveau coincée, forcée.
Il dit avoir regretté ce qu'il m'a dit, d'autres raisons supplémentaires ont fait que mon couple n'a pas survécu.
Je suis en chemin, plus de 10 ans après les dernières fois, en reconstruction. Je n'ai pas le choix si je veux passer un jour au dessus de tout ça (j'espère...)... Je tente différentes techniques : témoignage, le dire à des proches, psy, massage, EMDR? Mais ça laissera des traces...
Je suis tombée sur des gens qui m'ont aidée à valider le fait que ce n'était pas normal, et que je suis traumatisée. J'ai envoyé mon témoignage à des facs de gynéco afin de sensibiliser aux Violences gynécologiques et obstétricales, ainsi qu'une lettre à l'ordre des médecins.
J'ai aussi envoyé mon témoignage à mon frère (pas facile).
Aujourd'hui, j'ai réabordé le sujet avec ma mère (je n'en avais plus parlé depuis fin d'adolescence): j'ai dit mes démarches et comment je l'avais vécu... en pleurs... Elle m'a dit de faire attention à ce qu'on ne m'accuse pas de diffamation (ça m'a fait très mal!), qu'il était renommé, que j'étais vierge et qu'il était quand même gentil...
Elle était quand même mal je pense, et elle a toujours eu confiance en lui, c'est pour ça que je n'en avais pas reparlé avant. Je pense que, comme moi, il va lui falloir du temps pour se rendre compte que ce n'était pas normal. Surtout que plusieurs personnes à qui j'en ai parlé (gynéco, psys) avaient déjà entendu parler de lui, sans m'en dire plus vu que secret médical... Je ne sais pas combien de ses patients en ont souffert mais nous 3 (soeurs), on y a toutes eu droit (et c'est moi la plus traumatisée car endométriose et donc suivi régulier...). J'ai pleuré une bonne partie de la journée... Ambiance pour la réunion familiale... Je suis fatiguée, épuisée de devoir me battre à ce sujet...
Je ne voulais pas porter plainte car je ne voulais pas pourrir la vie de ce vieux gynécologue... Quoi qu'il en soit, il a pourri la mienne... Et je pense qu'il est maintenant dans le coma.
Voici mon long témoignage. J'espère que les jeunes filles vierges n'auront plus à subir ça parce ça ne le nécessite pas: une simple échographie abdominale est suffisante! Ne vous laissez pas faire et dites non si vous n'êtes pas d'accord.
Voici 15 ans que ça me pourri la vie, que ce traumatisme me poursuit, aujourd'hui j'ai besoin de diffuser mon long témoignage afin que ça n'arrive plus à d'autres personnes. Et afin de pouvoir un jour tirer la page et m'en libérer, car je me rends maintenant compte que si je n'attaque pas ce problème plus sérieusement et de front, ça me poursuivra toute ma vie, et influencera mes relations. Le voici:
Adolescente, j'ai très vite eu des problèmes de règles (douloureuses, saignements facilement 20 à 25 jours par mois, je comptais plutôt les jours où je n'avais rien...). Je me demandais toujours comment faisaient les femmes pour être bien dans leur vie parce que ça pourrissait la mienne.
Vers 15 ans, ma mère m'a donc conduite chez son gynécologue, celui qui nous a fait naître, celui en qui elle avait toute confiance...
J'avais 15 ans, j'étais vierge, pudique, pas prête dans ma tête.
Le gynécologue a posé quelques questions, puis m'a fait l'examen gynécologique. Sauf que comme j'étais vierge, il a réalisé une échographie avec la sonde par voie rectale... "On ne voit pas bien avec une échographie abdominale" (je sais aujourd'hui que c'est faux, et il a réussi à louper un double utérus à l'échographie endorectale chez ma soeur jumelle alors que "le paysage était soit disant magnifique" : preuve qu'on ne voit pas mieux ainsi. ..).
Une fois j'aurais encore pu supporter...
Sauf que j'ai apparemment de l'endométriose (diagnostic posé après plusieurs années), ça se passait bien sous traitement Lutényl (pilule je la vomis), mais il me faisait à chaque fois prendre le traitement (écho rectale), l'arrêter (écho rectale), de nouveau problème donc à nouveau écho rectale, etc. Et ainsi pendant des années, jusqu'au jour où on a décidé que je prenne le traitement en continu et depuis c'est stable.
Chaque examen, je l'ai vécu comme un viol. J'essayais de sortir de mon corps, de me dissocier, j'aurais voulu partir. Je ne voulais pas subir ça. Je n'en dormais pas des mois avant parce que je savais très bien la date et l'heure à laquelle ça allait m'arriver J'espérais le plus possible que ça se passe "le mieux possible" parce que ça ne pouvait pas se passer bien... Et après j'avais mal, je disais à ma mère que je détestais ce moment!
Mais c'est extrêmement difficile de parler de (ressenti de) viol pour un examen médical... J'ai très longtemps été ambivalente: je l'ai chaque fois vécu comme ça mais "ce n'est pas un viol" (enfin plus d'une dizaine du coup...) vu que je l'acceptais uniquement pour un jour pouvoir avoir des enfants, me soigner et préserver mes organes.
Je me souviens aussi qu'il me faisait déshabiller le bas, et mettre ce vieux tablier blanc, avec régulièrement des traces de sang d'autres femmes...
Et je me souviens aussi le jour où, à 20 ans, il m'a dit le plus naturellement du monde que je ne pourrais peut-être jamais avoir d'enfants. Et au revoir, consultation terminée... J'étais choquée, j'en ai pleuré, je me suis sentie seule.
Pendant longtemps, j ai cherché d'autres témoignages qui ressemblent au mien, mais je n'en ai pas trouvé (je viens de relire ici le topic gynéco, et je n'ai jamais trouvé qq qui parlait d'écho rectale (heureusement pour vous, bcp de témoignages bienveillants et rassurants!)... Parce que ce n est pas normal ce qu'il me faisait...
Mon endometriose à toujours été taboue pour moi, mais je me rends compte que ce qu'il y a de difficile derrière, c est surtout les viol(ence)s vécues...
Ce qui me rend malade, c'est que des échographies abdominales auraient été suffisantes, et que ça m'a traumatisée, pourri mon adolescence et pourri ma vie sexuelle. Là où à 15 ans, les autres vivaient leurs premiers émois et premières expériences, moi je me débattais avec cette maladie et ces actes humiliants, violents et répétitifs.
Par la suite j'ai changé de gynécologue. Elle est adorable, douce et à l'écoute. Elle m'a toujours fait des échographies abdominales. Dès le premier RV, et presque à chacun des suivants, je lui ai dit que ça m'avait traumatisée ses pratiques (qui sont ancestrales selon elle et ne se font plus depuis longtemps, elle comprend que ça m'ait traumatisée). Je n'angoisse plus avant son RV car je sais comment elle travaille mais dans la salle d'attente (c'est le même cabinet que l'ancien gynéco), j'ai encore cette bouffée d'angoisse et ce stress énorme qui me remonte, d'avant... De me retrouver dans ce lieu...
Concernant ma vie sexuelle, ça m'a bloquée. Ça m'a rendue méfiante et évitante avec les hommes (d'autres raisons aussi). J'ai été vierge longtemps.
Mon corps associe le fait de se déshabiller devant quelqu'un comme une mise en danger, "le fait que ça va se reproduire à nouveau".
Mon ex (1er) était patient (je lui avais dit, sans mettre le mot "viol"), essayait d'être rassurant. Petit à petit. Je progressais.
Jusqu'au jour où il m'a dit que certaines pratiques que je refusais, il me laisserait du temps mais que je finirais par le faire, ou qu'il me quitterait (il était accro au porno, avoué plus tard dans la relation). Il m'a dit ça juste après que je lui ai parlé des flash du gynéco qui remontaient et que je comprenais plus précisément certaines choses (que ce n'était pas seulement être pudique, pas seulement son regard mais que mon corps l'assimile à une future violence, que ça se reproduise à nouveau). De me dire ça, ça m'a replongée encore plus dans ce dilemme que je pensais derrière moi: subir ces "viols programmés" par échographie anale pour un jour espérer avoir des enfants. Et à nouveau subir "des viols conjugaux" de choses que je refuse de faire pour garder mon couple. Je me suis sentie super mal, à nouveau coincée, forcée.
Il dit avoir regretté ce qu'il m'a dit, d'autres raisons supplémentaires ont fait que mon couple n'a pas survécu.
Je suis en chemin, plus de 10 ans après les dernières fois, en reconstruction. Je n'ai pas le choix si je veux passer un jour au dessus de tout ça (j'espère...)... Je tente différentes techniques : témoignage, le dire à des proches, psy, massage, EMDR? Mais ça laissera des traces...
Je suis tombée sur des gens qui m'ont aidée à valider le fait que ce n'était pas normal, et que je suis traumatisée. J'ai envoyé mon témoignage à des facs de gynéco afin de sensibiliser aux Violences gynécologiques et obstétricales, ainsi qu'une lettre à l'ordre des médecins.
J'ai aussi envoyé mon témoignage à mon frère (pas facile).
Aujourd'hui, j'ai réabordé le sujet avec ma mère (je n'en avais plus parlé depuis fin d'adolescence): j'ai dit mes démarches et comment je l'avais vécu... en pleurs... Elle m'a dit de faire attention à ce qu'on ne m'accuse pas de diffamation (ça m'a fait très mal!), qu'il était renommé, que j'étais vierge et qu'il était quand même gentil...
Elle était quand même mal je pense, et elle a toujours eu confiance en lui, c'est pour ça que je n'en avais pas reparlé avant. Je pense que, comme moi, il va lui falloir du temps pour se rendre compte que ce n'était pas normal. Surtout que plusieurs personnes à qui j'en ai parlé (gynéco, psys) avaient déjà entendu parler de lui, sans m'en dire plus vu que secret médical... Je ne sais pas combien de ses patients en ont souffert mais nous 3 (soeurs), on y a toutes eu droit (et c'est moi la plus traumatisée car endométriose et donc suivi régulier...). J'ai pleuré une bonne partie de la journée... Ambiance pour la réunion familiale... Je suis fatiguée, épuisée de devoir me battre à ce sujet...
Je ne voulais pas porter plainte car je ne voulais pas pourrir la vie de ce vieux gynécologue... Quoi qu'il en soit, il a pourri la mienne... Et je pense qu'il est maintenant dans le coma.
Voici mon long témoignage. J'espère que les jeunes filles vierges n'auront plus à subir ça parce ça ne le nécessite pas: une simple échographie abdominale est suffisante! Ne vous laissez pas faire et dites non si vous n'êtes pas d'accord.