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par Alexandra
Femme de 40 ans vierge
#252819
ReMoi a écrit : 05 août 2023, 23:30 Ce qui m’interroge surtout, c’est la place de la masturbation dans la sexualité dans l’esprit des gens. Certaines personnes ont des relations sexuelles mais ne se masturbent pas. D’autres, c’est l’inverse, et pourtant ce sont eux qui seront stigmatisés. Pourtant, la masturbation fait partie de la sexualité. À croire que seuls les rapports à plusieurs ont de l’importance. Et puis, à deux entre deux inconnus et à deux pendant un moment de partage et d’intimité émotionnelle, ce n’est pas pareil. Alors le rejet des autres des personnes qui ne couchent pas, c’est envers quel(s) type(s) de rapport sexuel à deux ou plus ?
Ont-ils la même réaction envers quelqu’un qui a eu des rapports pendant l’adolescence ou jeune adulte mais plus ensuite, et envers un vierge tardif qui aura ses premiers rapports la quarantaine passée ?
Sont-ils aussi interrogatifs, voire moins inquisiteurs, s’ils déterminent des causes psychologiques, un passé traumatique, pour expliquer une VT ? S’ils y voient une raison religieuse ? Ou sont-ils plus agressifs s’ils ne comprennent pas pourquoi ?
Sont-ils plus tolérants s’ils sont eux-mêmes satisfaits de leur vie sexuelle et ainsi moins enclins à reporter leur frustration sur les autres ? Ou s’ils vivent eux-mêmes des difficultés ? (Je viens de lire un bouquin qui expliquait notamment qu’il avait été montré que les actes de bonté étaient plus liés à l’humeur qu’au caractère…)
Je pense qu’il serait très intéressant de déterminer très précisément quelles sont les idéologies quant à la sexualité pour comprendre ce qui les choque le plus dans le choix ou non de ne pas avoir de rapports sexuels avec des pairs.

Comme Tanky, parfois j'ai l'impression que leurs réactions ressemblent plus à celle qu'on peut avoir quand quelqu'un dit qu'il n'aime pas le chocolat. C'est-à-dire une réaction idiote mais qui le plus souvent dure 30secondes, le temps que le cerveau se mette en route.

Ça me fait penser à cette horrible expression, hyper misogyne : "elle doit être mal ba**ée pour être comme si ou comme ça" avec les variantes pour célibataires consistant à dire qu'il faudrait qu'elle se trouve un partenaire...
LucienArp aime ça
par ReMoi
Femme de 36 ans non vierge
#252821
Tanky, absolument aucune haine ! Le ton du message était seulement interrogateur et j’aimerais vraiment savoir si des études ont été menées sur ces questions.
À la rigueur, une lassitude de la norme et des définitions de sexe et de virginité.

Mon simple avis qui n’a rien de scientifique est que les réactions mêlent à la fois un ressenti de la personne par rapport au sentiment qu’elle a de sa propre situation, et une première réaction très normative « cette personne n’entre pas dans les cases » qui déclenchent presque par automatisme des phrases bateau. En revanche, avec beaucoup de personnes, en discutant individuellement, elles auraient des propos plus nuancés par la suite.
Alexandra aime ça
par waxwork
Homme de 45 ans vierge
#253500
dans une société qui nous impose tout le temps des normes avouer a quelqu'un qu'on a jamais "vu le loup" :laughing: et donc sortir de la norme autorisée forcément les gens s’interroge...

j'ai déjà croiser dans la rue beaucoup de filles qui ne rentrait pas dans la norme par rapport a leurs poids ou le fait qu'elles avait des poils sous les bras mais je ne les jugeait pas pour autant (en 2016 il y a une fille qui c'est fait lyncher sur les réseaux sociaux parce qu'elle avait des poils sous les bras et certains trouvait normal de la lyncher parce qu'elle ne rentrait pas dans la norme) chacun est libre d'être ce qu'il veut tant que sa ne blesse personne

si la norme vestimentaire masculine dans la société était de porter un suspensoir borat avec une botte rose aux pied droit et une tongue au pied gauche est ce que quelqu'un qui s'habillerait autrement serait moquer?????
fopaldir, Alexandra aime ça
par fopaldir
Homme de 62 ans vierge
#253587
Bonjour,
Merci Alexandra pour ce sujet.
Oui, il est clair que l'absence de vie sexuelle interpelle la société dans son ensemble et génère l'incompréhension de la très grande majorité de la population pour laquelle une sexualité active est un marqueur important.
Un sondage IFOP de 2022 auprès de 1002 jeunes indique que 43% des 15 à 24 ans n'ont pas eu de rapports sexuels durant les douze derniers mois. Par comparaison, en 2014 cette proportion était à 25%. En moins de dix ans, nous constatons donc un changement sensible de la vie sexuelle des jeunes.

Il est aussi important ici de définir ce qu'est la "vie sexuelle" : il est communément admis qu'une personne ayant des rapports sexuels a une vie sexuelle... et qu'une absence de rapports sexuels signifie une absence de vie sexuelle, ce qui est donc le cas pour les vierges tardifs.
Or, une absence de vie sexuelle ne signifie aucunement une absence de sexualité : tout en ayant aucun rapport sexuel, on peut tout à fait être amoureux d'une personne voire vivre une relation affective avec cette même personne. On peut également avoir une sexualité très active avec la masturbation tout en ayant aucun rapport sexuel.

En lisant les différents témoignages des vierges tardifs sur ce site, je constate que dans la grande majorité des cas l'absence de vie sexuelle est liée à un contexte particulier non voulu : elle est à la fois subie et cause de frustration. Par ailleurs, certaines personnes ne ressentent ni l'envie, ni l'attirance, ni le besoin de relations sexuelles, y compris avec la personne aimée : cela s'appelle l'asexualité. En 2004, l'étude du scientifique britannique Bogaert évoquait 60 millions de personnes asexuelles dans le monde. Et selon une étude menée par asexuality.org, les personnes asexuelles représenteraient jusqu'à 4% de la population occidentale. Ce n'est pas rien !

Le No Sex (l'absence de vie sexuelle et l'asexualité) interpelle la société dans son ensemble avec son lot d'incompréhensions, de dénigrements, de stigmatisations... Cette expression No Sex désigne toutes les personnes qui n'ont jamais eu (ou qui n'ont plus) de rapports sexuels ; ceci par orientation, par choix, pour raisons contextuelles ("j'aimerais bien mais rien ne se passe"), médicales, philosophiques, religieuses...

En quoi le No Sex concerne-t-il la société dans son ensemble ? Le sujet dérange. Il y a comme une sorte de tabou. C'est "anormal"... dans le sens où ce n'est pas la norme. Pas de sexe, pas de vie. Sans sexe, les fondements durables d'une vie en société s'effondrent. Le No Sex interroge sur la norme, sur le sens de l'individu dans la société, sur la philosophie du "toujours trop" de notre société occidentale, sur les injonctions morales, sociétales et familiales.

Enfin, l'évolution sensible du No Sex massif chez les jeunes générations (presque 1 jeune sur 2 concernés) interpelle : faut-il y voir un effet de bascule au sujet des pratiques sexuelles, une mutation en cours de la sexualité contemporaine ? Si jamais ces changements d'aujourd'hui devenaient durables, cela entrainerait nécessairement une conséquence à grande échelle demain dans la société, et notamment dans la société occidentale. Pour en savoir davantage sur le sujet, je vous invite à lire l'ouvrage "La révolution du No Sex" de Magali Croset-Calisto.
MathSo, Alexandra, Amaz et 1 autres aime ça
par Alexandra
Femme de 40 ans vierge
#253656
Bonjour fopaldir, merci pour ta réponse très complète et très construite. Il y avait eu sur un autre topic une discussion sur ce sujet et sur le phénomène mondial du no sex. J'essaierai de lire cet essai à l'occasion. Merci pour la réf 🙂