- 28 mai 2024, 11:07
#258002
À l’instant où j’écris cette présentation, je me pose les questions
suivantes : pourquoi et comment en suis-je arriver là, suis-je obligé de
le faire, vais-je définitivement franchir le cap ?
Les réponses à toutes ces questions qui m’envahissent et cette peur qui
me paralyse, je vais essayer de les énoncer le plus clairement possible,
sans tabou ni désir de vouloir choquer ou heurter la sensibilité des
personnes qui auront la volonté et le courage de me lire jusqu’au bout.
Je me suis inscrit sur ce forum que je ne connaissais pas sur le conseil
et avec le soutient, je dirais même plus l’encouragement, de deux
personnes bienveillantes et attentionnées.
La première, celle qui m’a fait découvrir le forum, a réussi à me
convaincre, par son accompagnement et sa présence, d’effectuer le
grand saut. Il s’agit de la psychothérapeute que je consulte très
régulièrement depuis plus d’un an. La deuxième, qui a approuvé et
validé l’initiative, est ma généraliste depuis dix ans. Toutes les deux se
connaissant, échangeant et travaillant en collaboration ont à cœur de
me maintenir à flot, de me libérer de mes chaînes et j’ose l’avouer de
me sauver la vie. Bien entendu, je pourrai dire que c’est l’objectif
principal de leur vocation médicale. Mais par leurs engagements
personnels, leurs implications totales, leurs investissements entiers,
elles me touchent profondément ayant été si peu habitué à recevoir de
telles preuves d’attentions sincères.
Flashback. 1981, j’ai treize ans et lors d’un séjour scolaire de cinq jours
en classe de ski, je vais connaître l’enfer. Chutant à ma descente du bus
le jour de l’arrivée, je me fracture le poignet droit et me retrouve dans
l’impossibilité d’aller apprendre à skier avec le reste de la classe. Je me
retrouve donc seul au centre d’hébergement et suis pris en charge par
un infirmier/animateur qui durant trois jours va en toute discrétion et
fortes menaces abuser de moi en me violant, me torturant et
m’humiliant. Je n’ai que treize ans et découvre alors ce qui jusque-là
était pour moi encore inconnu.
Quarante-trois années plus tard, en écrivant ces lignes, mon corps
toujours sous son emprise terrifiante est entièrement à bâtir. Le chantier
à construire est immense. La tâche démesurée semble carrément vouée
à l’échec mais avec une force morale que je n’imaginais pas posséder,
avec la présence vitale, émotionnelle, rassurante et apaisante de la
musique, des concerts, du cinéma, de la lecture et des expériences
enrichissantes récoltées au cours des merveilleux et dépaysant voyages
que j’ai effectué, je n’ai jamais cessé d’y croire durant toutes ces années
malgré de terribles échecs, de grandes souffrances, une solitude
sentimentale honteuse et corrosive. Et je recommence à y croire depuis
que j’ai à mes côtés la présence humaine, féminine, protectrice,
rassurante, encourageante des deux fées bleues qui me soutiennent
avec force et conviction dans cette courageuse démarche.
Le dernier jour du séjour, j’ai pu sortir et aller voir les autres élèves de
ma classe faire du ski en compagnie de nos enseignants. Au départ du
bus, seul me reste en mémoire son regard menaçant fixé sur moi. Je
n’ai jamais parlé de ces trois jours à mon entourage familial ni à qui que
ce soit d’autres jusqu’à très récemment.
Trois mois après ce traumatisme, un de mes rares vrais amis de
l’époque a mis fin à ses jours à l’âge de quatorze ans. Nouveau choc
psychologique. Tous les deux étions fans d’Iron Maiden, je le suis
encore et toujours, qui venait de sortir «The Number Of The Beast».
L’album tournait en boucles dans nos walkmans et cela rendait fou
furieux et rigolard notre entraîneur de foot devant notre passion pour
cette musique de sauvages comme il disait parce que entre chaque
match d’un tournoi de sixte, Didier et moi partions sur les gradins pour
écouter ce fabuleux album au lieu de nous consacrer sur la tactique
footballistique.
Aujourd’hui, j’ai cinquante-six ans et je suis seul depuis quarante-trois
ans. L’enfant de treize ans que j’étais a été anéanti, l’adolescent que
j’aurais dû être n’a pas existé et l’homme que je devrais être
actuellement n’est jamais devenu. Je ne suis qu’un gosse apeuré de
treize ans dans le corps tétanisé d’un adulte de cinquante-six ans qui
n’est pas un homme.
Pendant les nombreuses années qui suivirent, et encore aujourd’hui
fréquemment, mes nuits ont été terrifiantes, cauchemardesques,
horribles. Je m’endormais en présence de Freddy Krueger (les
connaisseurs et connaisseuses comprendront certainement l’effroi que
provoquait en moi le simple fait d’aller me coucher). Je me suis très
souvent réveillé honteux et apeuré des traces et tâches provoquées par
ce liquide qui s’échappait bien malgré moi durant mon sommeil. J’étais
complètement désorienté et totalement désarmé face à cette
perturbante transformation corporelle qu’il m’était très difficile de
comprendre et d’accepter. Ayant vécu douloureusement et avec
inhibition cette étape vitale et primordiale de la construction d’un
adolescent, je n’ai jamais connu ni ressenti le moindre plaisir sexuel
solitaire et intime.
De développement sexuel sain je n’ai point eu. À chaque effort, chaque
tentative de ma part de me rapprocher, voire d’aborder une fille, une
adolescente puis plus tard une femme le résultat a été un échec ou
dans certains cas une humiliation. À deux reprises, j’ai été invité chez
des femmes rencontrées lors de soirées. Quand elles se sont aperçues
que j’étais encore vierge, elles m’ont mis à la porte de leurs
appartements prétextant qu’elles n’avaient pas de temps à perdre avec
un puceau et qu’elles pensaient avoir à leurs côtés un homme, un vrai.
L’une et l’autre me pensait plus jeune que mon âge réel. Aujourd’hui
encore, on me donne dix voire quinze ans de moins que mon âge. Et
pourtant je n’utilise aucune crème rajeunissante et je n’ai effectué
aucun lifting.
Je suis ce qu’on appelle actuellement un « quinquado ». Mes passions
que sont la musique (Marillion, AC/DC, Peter Gabriel, Bruce
Springsteen, Iron Maiden, Dream Theater, Rolling Stones, Led Zeppelin,
David Gilmour, Tarja, Rival Sons, Toto, Pretty Reckless, Judas Priest,
Prince, David Bowie et tant d’autres…), le cinéma (je suis un cinéphile
qui adore les grands classiques et anciens films américains, français et
européens des années trente aux années quatre-vingt-dix voire années
deux mille quand il s’agit de films tels que la trilogie «Batman» de
Christopher Nolan, les «Dune» de Denis Villeneuve ou bien «La La
Land» de Damien Chazelle entre autres…), la lecture (romans et bandes
dessinées) et les voyages m’aident à garder l’esprit ouvert, curieux,
aventureux, passionné et enclin au partage.
Je suis imperméable aux nouvelles technologies (aucun internet chez
moi, ni ordinateur portable, ni smartphone, seulement un simple
téléphone mobile pour téléphoner cela va de soi et sms). Je fuis les
réseaux sociaux, le narcissisme numérique, le conformisme inquisiteur,
la pensée unique et la manipulation totalitaire de notre époque. Je
préfère la liberté d’être qui je veux être sans obéir ni me plier au diktat
de la bienséance médiatique et de l’effet de masse qu’elle engendre.
J’aime être capable de pouvoir échanger avec de vrais personnes dans
la vraie vie et je suis bien conscient qu’en m’inscrivant sur ce forum je le
fais en espérant échanger virtuellement avec d’autres personnes qui
éprouvent peut-être elles aussi la même aversion que moi pour toute
cette technologie envahissante qui laisse bien peu de place à la
spontanéité. Mais la possibilité que des liens peuvent se tisser au cours
d’échanges et de messages futurs me fait franchir le pas avec espoir.
Ce choix délibéré et assumé, j’en subis les conséquences parfois et j’en
souffre énormément. Cette solitude affective, amoureuse, corporelle
et charnelle d’une femme à mes côtés afin de partager des visions
communes et vivre ensemble des expériences enrichissantes me blesse
terriblement, me tue à petit feu au point que j’ai surnommé mon lit,
mon cercueil.
Je n’ai jamais ni jamais été embrassé, ni vu de femme nue et encore
moins dormi avec une femme à mes côtés. Le corps, le parfum sans
oublier la douceur d’une femme me sont inconnus. De ce fait, je ne
connais pas, ne maîtrise pas mon corps et n’ai jamais ressenti le
moindre plaisir sexuel même intime.
La seule chose que je connais de lui, ceux sont les douleurs et les
souffrances que j’en subis : crises de tétanie, tremblements, deux
sévères dépressions (de 2001 à 2009 j’ai suivi une première
psychothérapie et depuis 2016 je suis de nouveau en psychothérapie
pour une nouvelle dépression en phase aiguë) dont la seconde m’a
emmené à commettre une tentative de suicide comme un ultime appel
au secours. Je pensais être entouré, avoir des amis et des amies pour
qui j’ai toujours été présent, attentionné, disponible, à leur écoute dans
leurs bons moments comme dans leurs coups durs en les aidant du
mieux possible sans retenue aucune. Aucun d’eux ni aucune d’elles ne
se sont jamais rendus compte de ma solitude, de ma détresse, de ma
tristesse. Ou alors, ils et elles n’ont pas voulu voir. Suite à ma tentative
de suicide, ils et elles m’avaient affirmé qu’ils et elles allaient tout
mettre en œuvre pour m’aider à m’en sortir pour me délivrer de mon
fardeau. Résultat des courses, après avoir passé sept heures en salle de
réanimation, onze heures dans un box des urgences, prévenu mes
parents par téléphone sans personne à mes côtés et cinq jours à
l’hôpital, à mon retour à domicile je suis resté seul pendant trois
semaines sans aucune visite de leurs parts. Ils et elles ont pris la fuite
en me laissant tomber.
Je n’ai aucun entourage proche, je vis seul dans un petit studio la
plupart du temps sans parler à quelqu’un ni voir personne pendant des
jours entiers voire des semaines. Les seuls soutiens, réconforts, les
seules assistances, présences sont ceux et celles des deux admirables,
investies et attentionnées femmes dont je vous ai parlées en début de
présentation. Elles ont pris à bras le corps ce combat mené contre ma
tristesse, ma détresse, ma solitude en me soutenant solidement,
parfois en me bousculant énergiquement, bien souvent en me portant
à bout de bras, en me maintenant debout pendant mes phases
paroxystiques envahies d’idées noires, suicidaires afin que je puisse un
jour rencontrer une femme qui ne soit pas effrayée à l’idée de délivrer
l’enfant de treize ans emmuré vivant dans mon corps d’adulte de
cinquante-six ans pour qu’il puisse enfin devenir l’homme qu’il n’est
jamais devenu et ne deviendra peut-être jamais. Et si un jour le miracle
se produit, je pourrais rendre grâce à mes deux fées bleues.
En conclusion, j’ai bien conscience que la mission dans laquelle je me
lance est presque impossible (n’est pas Ethan Hunt qui veut) et qu’elle
a bien peu de chance d’aboutir (trop d’échecs douloureux, de faux
espoirs avortés, de trahisons blessantes et de portes refermées) car ce
n’est pas à cinquante-six ans passés que l’on devient un homme. Après
tout, on ne bâtit pas une maison en commençant par le toit. Certaines
étapes sont primordiales voire cruciales telles que des fondations
solides et nécessaires à sa bonne tenue. Alors, un jour peut-être, on y
entendra des échos de joie, de rires, de partage, d’affection, de
tendresse et d’amour au son d’une réjouissante pendaison de
crémaillère.
suivantes : pourquoi et comment en suis-je arriver là, suis-je obligé de
le faire, vais-je définitivement franchir le cap ?
Les réponses à toutes ces questions qui m’envahissent et cette peur qui
me paralyse, je vais essayer de les énoncer le plus clairement possible,
sans tabou ni désir de vouloir choquer ou heurter la sensibilité des
personnes qui auront la volonté et le courage de me lire jusqu’au bout.
Je me suis inscrit sur ce forum que je ne connaissais pas sur le conseil
et avec le soutient, je dirais même plus l’encouragement, de deux
personnes bienveillantes et attentionnées.
La première, celle qui m’a fait découvrir le forum, a réussi à me
convaincre, par son accompagnement et sa présence, d’effectuer le
grand saut. Il s’agit de la psychothérapeute que je consulte très
régulièrement depuis plus d’un an. La deuxième, qui a approuvé et
validé l’initiative, est ma généraliste depuis dix ans. Toutes les deux se
connaissant, échangeant et travaillant en collaboration ont à cœur de
me maintenir à flot, de me libérer de mes chaînes et j’ose l’avouer de
me sauver la vie. Bien entendu, je pourrai dire que c’est l’objectif
principal de leur vocation médicale. Mais par leurs engagements
personnels, leurs implications totales, leurs investissements entiers,
elles me touchent profondément ayant été si peu habitué à recevoir de
telles preuves d’attentions sincères.
Flashback. 1981, j’ai treize ans et lors d’un séjour scolaire de cinq jours
en classe de ski, je vais connaître l’enfer. Chutant à ma descente du bus
le jour de l’arrivée, je me fracture le poignet droit et me retrouve dans
l’impossibilité d’aller apprendre à skier avec le reste de la classe. Je me
retrouve donc seul au centre d’hébergement et suis pris en charge par
un infirmier/animateur qui durant trois jours va en toute discrétion et
fortes menaces abuser de moi en me violant, me torturant et
m’humiliant. Je n’ai que treize ans et découvre alors ce qui jusque-là
était pour moi encore inconnu.
Quarante-trois années plus tard, en écrivant ces lignes, mon corps
toujours sous son emprise terrifiante est entièrement à bâtir. Le chantier
à construire est immense. La tâche démesurée semble carrément vouée
à l’échec mais avec une force morale que je n’imaginais pas posséder,
avec la présence vitale, émotionnelle, rassurante et apaisante de la
musique, des concerts, du cinéma, de la lecture et des expériences
enrichissantes récoltées au cours des merveilleux et dépaysant voyages
que j’ai effectué, je n’ai jamais cessé d’y croire durant toutes ces années
malgré de terribles échecs, de grandes souffrances, une solitude
sentimentale honteuse et corrosive. Et je recommence à y croire depuis
que j’ai à mes côtés la présence humaine, féminine, protectrice,
rassurante, encourageante des deux fées bleues qui me soutiennent
avec force et conviction dans cette courageuse démarche.
Le dernier jour du séjour, j’ai pu sortir et aller voir les autres élèves de
ma classe faire du ski en compagnie de nos enseignants. Au départ du
bus, seul me reste en mémoire son regard menaçant fixé sur moi. Je
n’ai jamais parlé de ces trois jours à mon entourage familial ni à qui que
ce soit d’autres jusqu’à très récemment.
Trois mois après ce traumatisme, un de mes rares vrais amis de
l’époque a mis fin à ses jours à l’âge de quatorze ans. Nouveau choc
psychologique. Tous les deux étions fans d’Iron Maiden, je le suis
encore et toujours, qui venait de sortir «The Number Of The Beast».
L’album tournait en boucles dans nos walkmans et cela rendait fou
furieux et rigolard notre entraîneur de foot devant notre passion pour
cette musique de sauvages comme il disait parce que entre chaque
match d’un tournoi de sixte, Didier et moi partions sur les gradins pour
écouter ce fabuleux album au lieu de nous consacrer sur la tactique
footballistique.
Aujourd’hui, j’ai cinquante-six ans et je suis seul depuis quarante-trois
ans. L’enfant de treize ans que j’étais a été anéanti, l’adolescent que
j’aurais dû être n’a pas existé et l’homme que je devrais être
actuellement n’est jamais devenu. Je ne suis qu’un gosse apeuré de
treize ans dans le corps tétanisé d’un adulte de cinquante-six ans qui
n’est pas un homme.
Pendant les nombreuses années qui suivirent, et encore aujourd’hui
fréquemment, mes nuits ont été terrifiantes, cauchemardesques,
horribles. Je m’endormais en présence de Freddy Krueger (les
connaisseurs et connaisseuses comprendront certainement l’effroi que
provoquait en moi le simple fait d’aller me coucher). Je me suis très
souvent réveillé honteux et apeuré des traces et tâches provoquées par
ce liquide qui s’échappait bien malgré moi durant mon sommeil. J’étais
complètement désorienté et totalement désarmé face à cette
perturbante transformation corporelle qu’il m’était très difficile de
comprendre et d’accepter. Ayant vécu douloureusement et avec
inhibition cette étape vitale et primordiale de la construction d’un
adolescent, je n’ai jamais connu ni ressenti le moindre plaisir sexuel
solitaire et intime.
De développement sexuel sain je n’ai point eu. À chaque effort, chaque
tentative de ma part de me rapprocher, voire d’aborder une fille, une
adolescente puis plus tard une femme le résultat a été un échec ou
dans certains cas une humiliation. À deux reprises, j’ai été invité chez
des femmes rencontrées lors de soirées. Quand elles se sont aperçues
que j’étais encore vierge, elles m’ont mis à la porte de leurs
appartements prétextant qu’elles n’avaient pas de temps à perdre avec
un puceau et qu’elles pensaient avoir à leurs côtés un homme, un vrai.
L’une et l’autre me pensait plus jeune que mon âge réel. Aujourd’hui
encore, on me donne dix voire quinze ans de moins que mon âge. Et
pourtant je n’utilise aucune crème rajeunissante et je n’ai effectué
aucun lifting.
Je suis ce qu’on appelle actuellement un « quinquado ». Mes passions
que sont la musique (Marillion, AC/DC, Peter Gabriel, Bruce
Springsteen, Iron Maiden, Dream Theater, Rolling Stones, Led Zeppelin,
David Gilmour, Tarja, Rival Sons, Toto, Pretty Reckless, Judas Priest,
Prince, David Bowie et tant d’autres…), le cinéma (je suis un cinéphile
qui adore les grands classiques et anciens films américains, français et
européens des années trente aux années quatre-vingt-dix voire années
deux mille quand il s’agit de films tels que la trilogie «Batman» de
Christopher Nolan, les «Dune» de Denis Villeneuve ou bien «La La
Land» de Damien Chazelle entre autres…), la lecture (romans et bandes
dessinées) et les voyages m’aident à garder l’esprit ouvert, curieux,
aventureux, passionné et enclin au partage.
Je suis imperméable aux nouvelles technologies (aucun internet chez
moi, ni ordinateur portable, ni smartphone, seulement un simple
téléphone mobile pour téléphoner cela va de soi et sms). Je fuis les
réseaux sociaux, le narcissisme numérique, le conformisme inquisiteur,
la pensée unique et la manipulation totalitaire de notre époque. Je
préfère la liberté d’être qui je veux être sans obéir ni me plier au diktat
de la bienséance médiatique et de l’effet de masse qu’elle engendre.
J’aime être capable de pouvoir échanger avec de vrais personnes dans
la vraie vie et je suis bien conscient qu’en m’inscrivant sur ce forum je le
fais en espérant échanger virtuellement avec d’autres personnes qui
éprouvent peut-être elles aussi la même aversion que moi pour toute
cette technologie envahissante qui laisse bien peu de place à la
spontanéité. Mais la possibilité que des liens peuvent se tisser au cours
d’échanges et de messages futurs me fait franchir le pas avec espoir.
Ce choix délibéré et assumé, j’en subis les conséquences parfois et j’en
souffre énormément. Cette solitude affective, amoureuse, corporelle
et charnelle d’une femme à mes côtés afin de partager des visions
communes et vivre ensemble des expériences enrichissantes me blesse
terriblement, me tue à petit feu au point que j’ai surnommé mon lit,
mon cercueil.
Je n’ai jamais ni jamais été embrassé, ni vu de femme nue et encore
moins dormi avec une femme à mes côtés. Le corps, le parfum sans
oublier la douceur d’une femme me sont inconnus. De ce fait, je ne
connais pas, ne maîtrise pas mon corps et n’ai jamais ressenti le
moindre plaisir sexuel même intime.
La seule chose que je connais de lui, ceux sont les douleurs et les
souffrances que j’en subis : crises de tétanie, tremblements, deux
sévères dépressions (de 2001 à 2009 j’ai suivi une première
psychothérapie et depuis 2016 je suis de nouveau en psychothérapie
pour une nouvelle dépression en phase aiguë) dont la seconde m’a
emmené à commettre une tentative de suicide comme un ultime appel
au secours. Je pensais être entouré, avoir des amis et des amies pour
qui j’ai toujours été présent, attentionné, disponible, à leur écoute dans
leurs bons moments comme dans leurs coups durs en les aidant du
mieux possible sans retenue aucune. Aucun d’eux ni aucune d’elles ne
se sont jamais rendus compte de ma solitude, de ma détresse, de ma
tristesse. Ou alors, ils et elles n’ont pas voulu voir. Suite à ma tentative
de suicide, ils et elles m’avaient affirmé qu’ils et elles allaient tout
mettre en œuvre pour m’aider à m’en sortir pour me délivrer de mon
fardeau. Résultat des courses, après avoir passé sept heures en salle de
réanimation, onze heures dans un box des urgences, prévenu mes
parents par téléphone sans personne à mes côtés et cinq jours à
l’hôpital, à mon retour à domicile je suis resté seul pendant trois
semaines sans aucune visite de leurs parts. Ils et elles ont pris la fuite
en me laissant tomber.
Je n’ai aucun entourage proche, je vis seul dans un petit studio la
plupart du temps sans parler à quelqu’un ni voir personne pendant des
jours entiers voire des semaines. Les seuls soutiens, réconforts, les
seules assistances, présences sont ceux et celles des deux admirables,
investies et attentionnées femmes dont je vous ai parlées en début de
présentation. Elles ont pris à bras le corps ce combat mené contre ma
tristesse, ma détresse, ma solitude en me soutenant solidement,
parfois en me bousculant énergiquement, bien souvent en me portant
à bout de bras, en me maintenant debout pendant mes phases
paroxystiques envahies d’idées noires, suicidaires afin que je puisse un
jour rencontrer une femme qui ne soit pas effrayée à l’idée de délivrer
l’enfant de treize ans emmuré vivant dans mon corps d’adulte de
cinquante-six ans pour qu’il puisse enfin devenir l’homme qu’il n’est
jamais devenu et ne deviendra peut-être jamais. Et si un jour le miracle
se produit, je pourrais rendre grâce à mes deux fées bleues.
En conclusion, j’ai bien conscience que la mission dans laquelle je me
lance est presque impossible (n’est pas Ethan Hunt qui veut) et qu’elle
a bien peu de chance d’aboutir (trop d’échecs douloureux, de faux
espoirs avortés, de trahisons blessantes et de portes refermées) car ce
n’est pas à cinquante-six ans passés que l’on devient un homme. Après
tout, on ne bâtit pas une maison en commençant par le toit. Certaines
étapes sont primordiales voire cruciales telles que des fondations
solides et nécessaires à sa bonne tenue. Alors, un jour peut-être, on y
entendra des échos de joie, de rires, de partage, d’affection, de
tendresse et d’amour au son d’une réjouissante pendaison de
crémaillère.