Lereveur a écrit :J'ai eu souvent l'impression de me sentir soit comme un vieux qui en a trop vu, soit comme un minuscule gamin impuissant. Se sentir " juste " adulte, pas vraiment...
Mes préoccupations, qu'elles soient " sérieuses " ou pas, n'ont pas fondamentalement changées j'imagine.
En même temps je m'agace de pédaler depuis bientôt dix ans (si on ne compte qu'à partir de la fin des études) pour obtenir une autonomie un tant soit peu stable dans des conditions correctes - j'demande pas un salaire de PDG du CAC 40 et une maison de 400 pièces, quand même. Mais le temps ne se met hélas pas en pause le temps que cela s'arrange (en plus, il en faudrait peu pour ça se fasse ! A peine un ou deux coups de bol).
Là où plus jeune je devrais être plus passif / ignorant, je fais en sorte de résister à certains conformismes, vu que le système actuel m'écoeure et il n'est gravé nulle part qu'on doit accepter ça sans rien dire.
A mon grand regret je n'ai jamais eu de vocation particulière, mais j'espère encore en trouver une un jour ou l'autre, ça rend l'existence plus agréable et intéressante.
Sinon, à quoi bon vivre longtemps si c'est sans amour (à moins de n'avoir aucun intérêt pour), c'est d'un tristounet... Même si j'ai plus d'une fois apprécier le fait d'être juste peinard chez mon petit chez-moi. Parfois c'est quand même sympa de partager des trucs avec autrui.
EDIT : En fait, comme dit Tyrus, c'est aussi l'impression de ne pas avoir de place dans ce monde (même si on continue quand même de la chercher).
Justement, moi, vivre sans amour, ca a toujours été naturel pour moi. Je n'ai jamais eu de besoin bizarre de partager, de dialoguer. On me dira, pourtant je viens échanger sur un forum, mais c'est nuancé par le fait que je ne parle que de moi, et qu'au fond je sais que je reste ancrée sur mes propres idées. Je viens dans l'idée de voir s'il y a des gens qui partagent mon mode de fonctionnement, et au final je réalise que je ne suis pas dans les cases, et que je n'ai pas envie d'y entrer... D'ailleurs je n'ai jamais réussi à considér le net comme un lieu social.
La place dans le monde, je n'ai jamais eu envie de la chercher...
Apres j'avoue qu'en tant que fille de fonctionnaire (pas dans la fonction publique la plus cool, loin s'en faut) j'ai pris tres tot conscience que mon St Graal serait la sécurité de l'emploi. Je n'ai jamais connu la galère du chômage et des fins de mois difficiles, j'ai du bol, je le sais... Mais j'ai pu construire un cocon douillet à mon image avec tout ce que j'aime à portée de main. Du coup...à quoi bon sortir et voir des gens, puisque je suis tellement bien chez moi ? Je n'ai jamais eu de vocation, ca ne m'a jamais manqué. Je suis matérialiste, pas idéaliste. ;)
Nick a écrit :Marie81 a écrit :Disons que quand on a un fonctionnement qui nous convient (je ne sais pas si c'est ton cas mais en tout cas je sais que c'est le mien) c'est difficile de s'imaginer tout chambouler pour...quoi, là est la question. Je sais qu'il est nettement trop tard pour que je devienne brusquement sociable, que j'ai envie d'avoir plein d'amis et de sortir tout le temps, ou de recevoir des gens chez moi. Je n'en suis plus capable, je doute même de l'avoir été un jour... Du coup je sais que le temps passe, je sais qu'il renforce mes "travers" et...au fond, je ne suis pas sûre que ça m'inspire grand chose...
Pendant longtemps mon fonctionnement me convenait, en dehors des obligations, je ne sortais pas ou seulement pour aller au ciné, mais tout seul. Mais depuis 3 ans voire un peu plus, j'ai eu envie de plus (sans doutes parce-que je m'étais attaché à quelqu'un à force d'échanger avec) et du coup cette sensation de vide ou de manque s'est faite plus ressentir.
Après je sais que je pourrais pas changer du tout ou tout et certains défauts et habitudes ne pourront pas s'effacer.
Par contre, je viens juste de passer le cap des 35 ans, et bizarrement ça m'a fait ni chaud ni froid, alors qu'il y a encore qques semaines, je me sentais au "fond du trou"; je sais pas si c'est parce-que les qques sorties que j'ai pu faire récemment m'ont booster ou que je suis en train de tourner la page au sujet de la dernière fille en date.
Pour ma part je n'ai jamais ressenti ce besoin, les lieux publics ont toujours été signe d'angoisse et de désagréments pour moi... Je veux m'éloigner du centre-ville pour ca, même si ca me rajoutera une complication pour ne serait-ce que faire les courses (je n'ai pas le permis) je m'en fiche, je veux juste être plus au calme, voir moins de monde...
Apres pour moi il n'y a jamais eu de "dernier homme en date" donc je pense que c'est plus simple. Ce qu'on ne connaît pas ne manque pas. Sans compter que je ne reve vraiment pas d'une relation amoureuse... Je n'ai aucune attente là dessus... Je crois qu'en fait je voudrais juste un "substitut parental", une présence bienveillante mais lointaine qui serait là pour pourvoir à mes besoins éventuels. Ce qui me laisse vraiment dire qu'il vaut nettement mieux que je ne cherche personne car une telle relation ne pourra jamais être saine... Sans compter qu'au fond je ne suis pas sure d'être capable de tolérer ne serait-ce que les premières étapes d'une relation. Genre accepter un rendez-vous le soir, ça me semble totalement impossible, je ne suis jamais sortie de chez moi apres 17h30 !
Azrael a écrit :Marie81 a écrit :(ah, ça me rassure, moi aussi je pense régulièrement au temps qu'il peut me rester à vivre, avec des calculs savants genre "vu que je ne fume pas, que je fais ci, que je fais ça"... )
Ahah, mais savais tu que manger 5 carottes par jour diviserait par 2 le risque de cancer!
Marie81 a écrit :En fait le truc c'est que je n'ai jamais fait de bêtises jeune. Pas d'abus, pas de dépassement des limites, pas de contournements des règles, pas de désobéissance, rien de rien. Du coup...
Après même sans avoir commis de bêtises on peut évoluer, jeune il peut arriver qu on manque de respect sans trop faire gaffe, qu on réagisse mal par manque d expérience, même en ne faisant de tort qu à soi même, etc. Bah pour l ordi, j avoue que moi même je n aurais pas osé demander (en tout cas dès que je n ai plus cru au Père Noel, c est sûr que si tu penses que ça tombe du ciel ).
Dans tous les cas, même avec des parents sympas, généralement ça reste différent du petit ami, rares ceux mécontents de les quitter...
Marie81 a écrit :Après je ne peux pas imaginer que ce serait "agréable" d'être proche de quelqu'un. Je ne dis pas que ce serait forcément désagréable, mais disons que je n'arrive pas à voir les avantages que ça me procurerait...
Et bon, je ne sais que dire, une présence, un réconfort quand ça ne va pas, de l affection la découverte éventuelle du sexe, quelqu un à qui parler? Là tu vois peut être mal ce que ça apporte, mais d un autre côté, vois tu mieux comment ça va être sans les parents, quand le boulot ce sera fini (même si ce n est pas pour demain)? Car même en se suffisant du minimum, entre voir des gens 40h presque toutes les semaines, et des années de presque entière solitude, il y a un fossé significatif (je le vois très bien quand je suis en vacances et ne sors pas, et encore ça ne se compte qu en semaines...). Bien sûr, être avec quelqu un pour le seul avantage (j imagine que tu as quand même un autre lien avec tes parents, preuve que tu peux t attacher?), ou donner trop d espoir avant d être fixée, ce n est pas très sain. Mais au final, j ai l impression que tu ne sais pas trop ce qui pourrait se produire, et il n y a qu un moyen de savoir ça en tâtonnant.
Oula, le manque de respect, je n'ai jamais connu ca, meme jeune. Une fois je me suis fait coincée par des camarades de lycee pour que je dise...des gros mots. J'ai juste pu sortir "punaise" (qui reste à ce jour ce que j'assimile le plus à un gros mot) parce que je n'ai jamais été capable de jurer. Rien à voir avec l'éducation là encore, juste...ça ne correspond pas à l'image que jai et que je veux donner de moi. J'ai toujours été très respectueuse des adultes, limite obséquieuse.
Pour le boulot et la période retraite, franchement, d'une je doute de connaître un jour le mot (notre génération est bien partie pour bosser jusqu'au cercueil, d'ailleurs j'ai opté pour un système d'épargne retraite à l'américaine, je ne compte pas sur le système...) et de deux...bah pour être franche je reve d'avoir des mois entiers à moi toute seule. Si je n'avais pas de projets de rachat, j'aurais pris six mois de congés sabattiques cette annee, juste pour pouvoir ne rien faire en restant chez moi... Jai 500 bouquins qui m'attendent, à peu près 100 coffrets DVDs, une bonne cinquantaine de puzzles... Là je suis en vacances depuis quinze jours, je n'ai vu personne, je n'ai qu'une tentation, aller voir le medecin pour tirer encore dix à quinze jours tellement ca m'insupporte d'y retourner. Si je n'aimais pas tant mon confort financier, franchement ça ferait longtemps que je ne bosserais plus... Seulement voilà, j'ai un mode de vie qui rend l'argent indispensable, donc... Au boulot.
Pour le reste... Bah meme quand je suis avec mes parents (Avec qui je n'ai jamais réussi à avoir un lien affectif visible et développé... Gamine je refusais tout net les câlins et les bisous... Adulte ça ne s'est pas arrangé, s'ils ne m'appellent pas j'oublie de les appeler, je sais, ça craint !) je parle très peu, je parle davantage toute seule qu'aux gens... Je peux monologuer une heure durant avec moi-même, à voix haute, et ne pas décrocher un mot à une personne se trouvant dans la même pièce... Et pour le partage... Franchement... J'ai l'impression que mes meilleurs souvenirs sont solitaires. Quant au sexe...j'ai beau retourner la question dans tous les sens, je n'ai pas le sentiment d'avoir un intérêt pour Ca... Le réconfort, quant à lui... Je suis assez étrange, j'ai la faculté de me consoler toute seule, depuis toujours. Je vais être triste une heure, deux heures, puis je réalise que ca ne sert à rien, que la vie continue, que la planète se fiche de savoir que je suis triste, et je formate, je passe à autre chose... Apres la mort de ma grand-mère tout le monde pensait que je serais au quatrième sous-sol, résultat je n'ai pas versé une larme et je n'ai pas ressenti de tristesse, ni de vide, juste...du fatalisme, et la sensation que tout ce qu'il convenait de faire, c'était d'accepter l'événement, parce que se révolter n'en changerait pas la réalité. Autant dire qu'à lepoque c'est très mal passé, et ca ne s'est pas arrangé 10 ans apres pour la mort de mon grand-père (j'ai eu une attitude encore plus détachée...)... Il y a quelques années j'ai enguirlandé ma mere qui pleurait un peu trop ouvertement la mort de son chat. Jai ete incapable de comprendre qu'elle était vraiment triste, pour moi c'était inutile, vide de sens, etc... Je comprends un peu mieux depuis que j'ai mon chien mais quelque part je sais que ce qui m'angoisse le plus c'est que ca me renvoie à ma propre fin. Bref, faut pas chercher...
Je crois vraiment que mon amour de la solitude fausse la donne. Évidemment je regretterais surement un jour, mais je crois que je vais juste suivre mon instinct de joueuse et...prendre le risque ! ;)