[Azrael]

Je n'aime pas trop utiliser le terme de "misanthrope", la plupart du temps l'auditeur conclut que nous avons nous-mêmes un problème. Pourtant la misanthropie semble naturelle et logique, quand il y a si peu de quoi se réjouir des actions de ses semblables.

Platon dit que la misanthropie est le résultat d'attentes déçues voire d'un optimisme excessif, et pour Aristote, le misanthrope "doit être un monstre ou un dieu". Nous voyons que ça fumait déjà dur à l'époque.

[Genisa]

Peut-être que j'ai un problème ? Je me suis posée la question récemment en lisant les commentaires sur le don d'organes. Tout le monde commentait en mode "moi je vais donner, c'est un beau geste, ça pourrait sauver une vie". Et je me suis rendue compte que sauver la vie de quelqu'un d'autre par exemple, c'est pas du tout un argument qui me déciderait à donner.. si c'était pour sauver quelqu'un que j'aime ok, mais je tiens pas à sauver les inconnus, je m'en balance. L'idée ne m'émeut pas. Par contre l'argument "si j'avais besoin (ou si un proche avait besoin) d'un don je serais contente que quelqu'un ait donné" me motive déjà beaucoup plus.
Ou alors les autres en font des caisses pour se donner l'air généreux, et je suis trop honnête ?

Sinon pour rester dans le sujet, je connais depuis peu le lieu d'affectation de mon copain à partir de janvier. On va enfin pouvoir vivre ensemble, après plus de deux ans et demi d'attente ; j'ai un peu l'impression de pouvoir enfin passer aux choses sérieuses.
C'est dans un très beau département, mais qui est à 4h30 de chez moi, où je connaîtrai personne. Ça m'inquiète un peu parce que je trouve difficile de me faire des amis depuis que je suis plus à la fac.
C'est aussi un département assez vide, avec une grosse agglomération à 1h20. Du coup je commence à me pencher sur les offres d'emploi, sans surprise ça risque d'être la galère.
Contente mais un peu flippée, donc.

[SnapBack]

Ou alors les autres en font des caisses pour se donner l'air généreux, et je suis trop honnête ?

Pour mon frère ou ma mère (bien que je suis certain qu'elle refuserait), je le ferais sans hésiter.
Pour les autres, je ne le ferais pas du tout non plus.

[Blup]

Peut-être que j'ai un problème ? Je me suis posée la question récemment en lisant les commentaires sur le don d'organes. Tout le monde commentait en mode "moi je vais donner, c'est un beau geste, ça pourrait sauver une vie". Et je me suis rendue compte que sauver la vie de quelqu'un d'autre par exemple, c'est pas du tout un argument qui me déciderait à donner.. si c'était pour sauver quelqu'un que j'aime ok, mais je tiens pas à sauver les inconnus, je m'en balance. L'idée ne m'émeut pas. Par contre l'argument "si j'avais besoin (ou si un proche avait besoin) d'un don je serais contente que quelqu'un ait donné" me motive déjà beaucoup plus. Ou alors les autres en font des caisses pour se donner l'air généreux, et je suis trop honnête ?

Non, tu n'as pas de problème et bien au contraire, il vaut clairement mieux l'affirmer d'entrée de jeu, plutôt que de s'inscrire sur une banque de données en se donnant "bonne conscience" et se désister ensuite.

Une de mes amies attend une greffe depuis un an maintenant, trois donneurs compatibles ont été trouvés (c'est une banque internationale pour son cas) sauf qu'ils se sont tous désistés (dont un pratiquement au dernier moment). C'est très rare d'après les médecins, n'empêche que c'est arrivé.

Je passe sur tous les détails du désastre psychologique que provoque ce genre de nouvelle, se préparer à entrer en chambre stérile pour plusieurs semaines, pour finalement s'entendre dire "ah bah désolé mais il n'y a plus de donneur", sans compter les faux espoirs. Je l'ai vue complètement dévastée...trois fois de suite.

[salambo]

Si on parle de don d'organe de mon vivant, en effet je pense que je ne me limiterais qu'à mes proches. Quand je dis proche je pense famille immédiate (père, mère et frère) Je n'inclus pas mon copain dedans d'entrée, ça dépendra je pense le moment venu.
Mais alors là, une fois morte, les médecins peuvent faire ce qu'ils veulent de mes organes, clairement.
Et j'aime l'idée de pouvoir aider quelqu'un, juste comme ça, car moi je n'en aurais plus besoin de mon coeur, de mon rein ou je ne sais quoi. Savoir qu'il va pourrir avec moi au fond d'un trou, ça me fait une belle jambe, si ça peut permettre à un inconnu malade de continuer à vivre sa vie, allez y, prélevez

[Pasta]

Des fois je donne mon sang, une fois même des plaquettes, alors que je n’aime pas tellement ça. Je le fais parce que c’est « logique » : c’est un inconfort temporaire pour moi et ça permet de sauver des vies, donc j’y vais. Mais je ne me sens pas particulièrement bien après coup, ce n’est pas comme si j’avais directement sauvé quelqu’un.

Par contre vous parliez de misanthropie découlant des expériences que vous avez eues, est-ce que vous vous dites en pensant au don d’organe ou du sang « oh bah si c’est pour sauver un des c*nnards que j’ai eu pour client qu’il crève ! » ou c’est juste un manque de lien affectif ? Parce que je pense que c’est normal de ne pas ressentir d’empathie avec quelqu’un qu’on ne connaît pas et qu’on n’a jamais vu.

[godfreyho]

Tu peux donner ton sang parce que tu suis certains principes comme la solidarité, oui cela peut bénéficier à une ordure qui crache sur cette solidarité mais cela peut aussi servir à sauver quelqu'un de bien. C'est comme la participation financière à la société (impôts divers) cela bénéficie à tout le monde les pourris comme les gentils. Ça ne m’empêche pas d'être "misanthrope".

[katy81]

bah perso je me dis toujours que oui je suis donneuse d'organes (d'ailleurs j'aimerai donner mon corps à la science, pour ce qu'il me servira là où je serai), on ne peut pas être sélectif dans le don d'organe.
ça me ferai vraiment chi€r si un alcoolique reçoit un partie de mon foie c'est certain, ou un poumon à un fumeur (même si je pense que s'il est en attente de poumon il n'est plus censé fumer), je préférerai que ça revienne à un ados atteint de mucoviscidose par exemple.
je pense que le fait de donner ses organes est plus difficile à vivre pour la famille qui reste, c'est culturel, l'impression de dépouiller un proche par exemple ou qu'il ne sera pas "entièrement" inhumé

[Pasta]

Tu peux donner ton sang parce que tu suis certains principes comme la solidarité, oui cela peut bénéficier à une ordure qui crache sur cette solidarité mais cela peut aussi servir à sauver quelqu'un de bien. C'est comme la participation financière à la société (impôts divers) cela bénéficie à tout le monde les pourris comme les gentils. Ça ne m’empêche pas d'être "misanthrope".

Je ne comprends pas trop, si tu es vraiment misanthrope, pourquoi être solidaire avec des inconnus ?

[godfreyho]

Pour le principe, je viens de le dire, oui je pense, de part mon vécu, que la majorité des êtres humains est foncièrement méchante mais comme je me refuse à être comme eux, je suis fier de payer des impôts ou de donner mon sang, quand j'arrive à surmonter ma phobie des aiguilles.