- 28 févr. 2014, 17:48
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Je suis très troublé, ému même, parce que je fonctionne encore sur le même conditionnement psychologique depuis presque 10 ans, même si ce n'est pas un petit garçon qui actionne ma marionnette.
J'ai perdu les commandes de ma personne lorsque le conflit parental a pris de telles proportions qu'un arrangement entre mes deux parents n'était plus possible. J'avais 15 ans quand ça m'est tombé dessus. Au lieu de faire ma crise d'ado comme les gens de mon âge, et de m'affirmer, j'ai été contraint de m'adapter à la situation très tendue et instable et par conséquent de devenir adulte responsable très tôt, pour l'intérêt général. C'est à dire, ne pas faire trop de vagues et endosser le rôle du conciliateur. C'est là que j'ai engagé une mauvaise dynamqiue.
Si être altruiste n'est pas un défaut en soi (j'en ai eu encore récemment la preuve), l'être à ses dépens est un désastre psychologique.
Combien de fois ai-je dû ré-freiner voire tuer dans l’œuf mes envies pour n'évoluer que dans l'étroit chemin que me laissait d'un côté mon père et de l'autre ma mère ? Combien de fois je me suis sacrifié pour rester neutre dans la guerre qu'ils se livrent désormais ? Combien de fois j'ai culpabilisé lorsque j'avais besoin de mes parents financièrement ?
Au lieu de prendre le contrôle de ma vie comme la plupart des ados, jeunes adultes en devenir, j'ai commencé par passer co-pilote et ai laissé le siège de commandant à une multitude de facteurs externes : d'abord le conflit parental, mais aujourd'hui on peut résumer à la crainte des autres, de leur réaction, de leur jugement, des représailles...
Voici l'enchaînement terriblement anxiogène sur lequel je navigue depuis des années :
Je veux tout contrôler pour minimiser les risques,
car je crains les autres et leurs réactions,
car je ne m'assume pas indépendamment d'eux,
car je n'ai pas de confiance propre à moi même,
car je ne me suis pas affirmé en tant qu'individu,
car je n'ai pas fait de crise d'adolescence (et ne me suis jamais confronté à mes parents selon ma psy, et notamment mon père).
J'ai du respect pour mes parents, au point d'avoir l'impression de tout leur devoir. Même quand je ne vivais ni chez l'un ni chez l'autre, leur guerre me rattrapait toujours et j'étais incapable de dire "stop" à cause de ça. Et aussi par peur des conséquences, qui est toujours bien présente chez moi.
Je vis depuis longtemps comme si je devais tout aux autres ou à la chance, et très peu à moi même.
Très récemment, en l'espace de quelques jours, je me "suis mis en danger" (enfin pour moi, peut-être que pour vous, ça ne sera qu'anodin), chose que je ne fais quasi jamais par crainte de l'après. Sans penser aux conséquences sur le moment, je me suis mis en colère noire (moi qui suis plutôt très réfléchi et posé de nature) pour montrer mon mécontentement auprès d'un résident sans gêne, puis d'un organisme scolaire qui se moquait du monde.
Sans avoir qui avait formellement raison, j'ai défendu sans plier à leur défense (parce qu'ils avaient des contre arguments, les bougres) mes reproches à ce que j'estimais anormal par rapport à mon impression personnelle.
Un stress intense est venu, mais après coup, par peur toujours des représailles contre moi ou des proches, comme de se faire vandaliser la voiture, de se faire pénaliser scolairement ou professionnellement pour avoir tapé du poing, ou pire encore... Je me sens peut-être encore illégitime d'extérioriser mes ressentis.
Oui, j'ai encore beaucoup de travail à faire sur moi.