Une sélection de bons conseils pour vous aider à bien préparer vos rencontres !
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par Pierre
Homme de 40 ans non vierge
#104527
Note : Ce message est en trois parties, car trop long pour un seul post. Mon texte total fait 9000 caractères :)

La peur du rejet est très handicapante. Il y a de très bons bouquins sur le sujet, la thérapie peut également beaucoup aider...

Mais il ne faut pas se leurrer, si l'on a une blessure profonde dans son être, tous ces livres ainsi que la thérapie comportementale agissent tels des correctifs que l'on applique sur un système d'exploitation informatique qui plante un peu trop.
Le problème c'est que le système a des failles à sa source, mais... C'est souvent trop de boulot d'aller jeter un œil (il n'y a d'ailleurs pas de mode d'emploi pour ça, tout est trop incertain). C'est plus rapide et moins coûteux en énergie d'appliquer ce que l'on appelle en programmation informatique un patch, un correctif. Bon, j'arrête ici ma comparaison, car les êtres ne sont pas des machines froides et sans vie, mais j'espère qu'elle m'a servi à vous faire comprendre le problème.

Le plus gros cadeau que l'on puisse se faire est de vouloir s'aimer, et de se retrousser les manches dans cette quête. Car une fois qu'on s'aime d'un amour inconditionnel (oui inconditionnel, et je vais vous raconter ci-dessous comment ce parcours s'est passé pour ma petite personne), les petits désordres de personnalité comme la peur du rejet ne sont plus que de légères fissures sur une maison accueillante. Il reste alors quelques coups de peinture et d'enduit à mettre, et c'est ce que je fais en ce moment dans ma vie.

Comment ça s'est passé pour moi :

Un soir je me suis retrouvé assez mal, stressé et tendu. Je repassais en boucle des paroles déstabilisantes que quelqu'un m'avait adressé en public, et j'imaginais les réparties mordantes que j'aurais pu lui faire... « Oui, voilà, j'aurais pu lui dire ça ». Comme dans une partie d’échec, j'imaginais les réponses possibles de l'adversaire, je cherchais la répartie qui m'aurait donné raison. La répartie qui m'aurait sauvé la face, et qui m'aurait apporté l'adhésion et la sympathie de toutes les personnes présentes.

En temps normal j'aurais considéré mon état anxieux et triste comme parfaitement justifié face à cette situation. J'aurais ensuite cherché le sommeil en m'abrutissant d'une façon ou d'une autre. Mais pas ce soir là...
Ce soir là j'avais envie de comprendre mon état. En regardant d'un point de vue objectif, il n'était pas certain que cette personne me voulait du mal. Et ce petit sourire sur son visage, il n'était pas certain que cela soit du mépris pour moi. Après réflexion, je devais me rendre à l'évidence : cette personne ne me veut pas de mal. Au mieux elle s'interroge sur mon compte, au pire elle est complètement indifférente et ne s'interroge jamais sur mon compte.

J'ai d'abord voulu me détendre, mais j'avais la ferme intention de comprendre pourquoi je me sentais aussi triste.

Après une séance de méditation audio en position allongée, dans le noir. Je me suis répété la question « Je suis quoi, moi ?... Qu'est-ce que je suis ?... Qui est aux commandes ? Est-ce qu'il y a quelqu'un aux commandes de Pierre ? » Et puis j'ai laissé venir les images qui m'apparaissaient à l'esprit. C'était juste de l'imagination, j'ai laissé venir les images, tout en répétant la question « Qui est aux commandes ? ».
J'ai vu un rideau de théâtre, et je me suis vu en scène, sous la forme d'une marionnette à taille humaine. Cette marionnette rejouait comme un automate la scène du « rejet » que je venais de subir. Mon comportement affable et faussement sûr de moi transparaissait de façon caricaturale sur cette marionnette...
Je ne pouvais que sourire devant ce personnage qui jouait et rejouait en boucle la même séquence.
Mais j'ai répété ma question « Qui est aux commandes ? »...

Je le précise encore une fois, ce n'était pas une expérience mystique, un état de transe ou de rêve lucide, ce n'était que de l'imagination.

à suivre...
Dernière modification par Pierre le 26 févr. 2014, 17:29, modifié 1 fois.
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par Pierre
Homme de 40 ans non vierge
#104530
J'ai vu des fils sur la marionnette. Cette marionnette était tirée par des fils qui disparaissaient au dessus du rideau...

Allons voir derrière le rideau...

Il y a une petite voix enfantine de plainte « Non ! Non ! On ne passe pas derrière le rideau, il faut regarder le spectacle devant le rideau. Faut pas regarder derrière, laissez-moi tranquille ! »

Derrière le rideau se trouvait un petit garçon recroquevillé sur lui même, des grosses larmes coulait sur ses joues rouges. Il tenait l’extrémité des fils dans ses mains. C'était donc lui que je cherchais.

- Pourquoi tu ne veux pas qu'on passe derrière le rideaux ?

- Parce-que ils vont se moquer de moi !

- Pourquoi ils se moqueraient de toi ?

- Parce-que ils sont méchants !

L'enfant sanglotait, il était inconsolable. Je l'ai pris dans mes bras, et tandis que je lui caressais les cheveux, sa petite tête est devenue celle d'un vampire. Qui faisait mine de me mordre le bras. Je n'étais absolument pas effrayé (car je vous le rappelle, ce n'est que de l'imagination) et je lui dit doucement.

- Tu ne me fais pas peur tu sais.

Il a disparu, me laissant seul derrière le rideau. J'ai alors dit.

- Je reviendrai te voir. Très vite, c'est promis.

Le lendemain soir, même séance de méditation allongée dans le noir, puis je vais retrouver le petit bonhomme.

Il était debout, les bras levés, en train de commander la marionnette. Cette fois-ci il n'avait pas peur de moi. Il ne disait rien, et me jetais des coups d'oeil. Je casse le silence.

- Coucou mon petit gars.

Il ne m'a rien dit cette fois là, je l'ai pris sur mes genoux un moment. Et je lui ai de nouveau promis de revenir lui rendre visite.

Le lendemain, je suis avec des amis, la conversation est assez convenue, peu intéressante. Et puis tout à coup, je remet en question brutalement ce que vient de dire un pote. Je lui montre par A+B que ce qu'il vient de dire n'est pas fondé, qu'il connaît très mal ce dont il parle. Un peu mal à l'aise, le pote défend ses arguments, me montre que tout n'est pas à jeter dans ce qu'il vient de dire. Et puis il me dit sur la défensive « si on ne pense pas comme toi on a forcément tort c'est ça ? ».
Je pars aux toilettes et j'invoque le petit gars derrière son rideaux.

- Qu'est ce que t'as foutu ? Je viens d'agresser un ami en me montrant prétentieux et méprisant !
Et le petit gars me répond.

- Mais c'est parce que je m'ennuie moi, vous ne faite que de parler de trucs nuls ! Et blablabla, et blablabla !

Là j'ai envie de rire et d'embrasser le petit gars, mais il continue.

- Et puis il y a cette fille avec vous ! C'était l'occasion de lui montrer que t'es super intelligent ! Que tu sais relever le niveau des discussions !

- Tu va voir toi, petit dragueur !! Je vais te faire des chatouilles ça t'apprendra !

Et je l'ai poursuivi tandis qu'il détalais en riant.

(je précise une dernière fois au cas où, il ne s'agit que d'imagination. Je n'entends pas de voix. Ces images et ces dialogues me viennent de la même façon qui si vous vous imaginiez en train de marcher le long d'un plage, rien de plus.)


à suivre...
Dernière modification par Pierre le 26 févr. 2014, 18:14, modifié 1 fois.
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par rooter
Homme de 39 ans vierge
#104531
On commence comme ça et on fini en voulant bouter les anglois hors du royaume des Francs ;)

Je crois cependant qu'il vaut mieux pas trop s'aimer, garder une approche critique de soi-même. COmment s'améliorer si on s'apprécie comme on est ?

Par contre je voit bien l'effet d'un amour de sois (fussent de façade) sur les capacités de séduction, chez des amis assez habile à ce sujet.
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par Pierre
Homme de 40 ans non vierge
#104532
Le soir avant de dormir, je retourne vers le petit gars.

- ça m'a fait beaucoup de bien de te voir aujourd'hui, si tu n'avais pas été là je me serais senti très mal.

- Il faut que tu vienne me voir plus souvent.

- Toi aussi viens me voir, n'hésite pas à apparaître dans mon imagination, je t'assure que ça me ferait beaucoup de bien.

Il m'a regardé sans rien dire, comme le font les enfants quand on leur demande quelque chose d'impossible.

Et j'ai compris que ce n'était pas à lui de le faire, car il resterait toute sa vie derrière le rideau, à commander ma marionnette. Et j'ai compris toute la méchanceté que je m'étais faite durant ma vie, j'ai pleuré (là j'ai vraiment pleuré) en demandant pardon au petit gars. Je lui ai demandé comment il faisait pour commander la marionnette. Il m'a expliqué.

- Bah je vois des signaux, j'essaye de faire ce que je peux avec les informations que je reçois, mais je me sens très seul. Je ne sais jamais si ce que je fais est bien. Je n'ai jamais de retour.

Depuis, j'invoque régulièrement le petit gars. Et quand je fais une grosse connerie, c'est lui que je vais voir. Je ne peux jamais lui en vouloir, car je l'aime ce petit, il fait du mieux qu'il peut.

Quand je me sens triste, que je me sens incompris, je vais voir le petit gars. Ses larmes, ses sanglots me montrent toute l'absurdité de la situation, je le console, je le cagole jusqu'à ce qu'il se calme et me dise, avec ses mots d'enfant, ce qui ne va pas.

Voilà comment j'ai enfin réussi à m'aimer. Et ça change ma vie de tous les jours.

Avant, quand je voulais acheter quelque chose pour moi, mon comportement était assez froid. Si c'est trop cher, tant pis. Je ne me rendait pas compte de la violence que je m'infligeais ! Maintenant quand je me refuse d'acheter quelque chose qui me ferait plaisir, je vais voir le petit gars, et je le vois, trépignant comme le font tous les gosses du monde occidental.

- Je le veux ! Je le veux !
- Écoute mon petit gars, 850 € c'est une somme, on ne dépense pas ça sur un coup de tête.
- Oui mais ce truc est tellement bien, ça servira tous les jours !
- Tu exagères, pas tous les jours quand même.
- Je le veux, je le veux !
- Je te promet d'y réfléchir, on en reparle bientôt, d'accord ?


Voilà mon histoire avec le petit gars, je ne sais pas si cela peut vous inspirer, mais je ne peux que vous conseiller de chercher à savoir « Qui commande les manettes ? ». Par imagination ou par écrit, faite-le de la manière qu'il vous convient. Et si vous trouvez un bout de chou comme le mien, vous verrez qu'il est impossible de continuer à se flageller quand on a autant d'innocence et de fragilité au cœur de soi même.

Il n'y a pas besoin de s'appeler Saint-Exupery pour rencontrer son petit prince.

Je termine par le plus beau.
Quand je suis fier de moi, que je viens de briller en société, je jette toujours un œil au petit gars. Il se tient tout fier, les bras occupés à tirer sur les fils, en train de diriger ma marionnette tel un commandeur des étoiles.

-- Mer 26 Fév 2014 18:04 --
rooter a écrit :On commence comme ça et on fini en voulant bouter les anglois hors du royaume des Francs ;)
C'est rien que de l'imagination, je l'ai dit trois fois ! :D
rooter a écrit :Je crois cependant qu'il vaut mieux pas trop s'aimer, garder une approche critique de soi-même. Comment s'améliorer si on s'apprécie comme on est ?
Cette pensée est extrêmement vicieuse, pourquoi se méfier de toi à ce point ? Comme si s'aimer et s'accepter rendait stupide. Tu as des capacités énormes en toi Rooter, ça ressort dans la plupart de tes messages.
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par Apatch
Femme de 42 ans non vierge
#104536
Être indulgent avec soi-même et s'aimer ça aide finalement à être indulgent avec les autres et les aimer. Ça aide aussi à se regarder avec honnêteté et de ne pas se mentir sur ses motivations profondes même si parfois ce n'est pas joli joli :)
par SnapBack
ans
#104537
Très sympa comme voyage en tout cas, Pierre :)
Une question : ton "petit gars" ressemblait à qui ? A toi quand tu étais plus jeune ou un visage totalement différent ?

Pierre a écrit :Voilà mon histoire avec le petit gars, je ne sais pas si cela peut vous inspirer, mais je ne peux que vous conseiller de chercher à savoir « Qui commande les manettes ? ». Par imagination ou par écrit, faite-le de la manière qu'il vous convient. Et si vous trouvez un bout de chou comme le mien, vous verrez qu'il est impossible de continuer à se flageller quand on a autant d'innocence et de fragilité au cœur de soi même.
De manière épisodique (elle n'existe pas vraiment en dessin), j'ai souvent dessiné mon alter-égo féminin. Habillée de la même façon que moi (car je prête une attention particulière à mon image), mais en femme. Elle a plus un rôle de conseillère (elle ne me contrôle pas à proprement parlé) et avec un caractère encore plus impulsif que le mien.

Pierre a écrit :Quand je suis fier de moi, que je viens de briller en société, je jette toujours un œil au petit gars. Il se tient tout fier, les bras occupés à tirer sur les fils, en train de diriger ma marionnette tel un commandeur des étoiles.
C'est ma mère qui me dit souvent "qu'il ne faut jamais s'écraser".
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par cagibi
Femme de 47 ans vierge
#104543
Jolie histoire, et émouvante!
J'avoue avoir eu les larmes aux yeux en te lisant. Cela me parle beaucoup. C'est ce que j'ai travaillé pendant cette dernière année, dans ma thérapie.
Donc ce petit gars, c'est à peu près toi quand tu étais enfant?

En effet, il faut savoir être indulgent avec soi-même, ne pas s'auto-flageller et savoir relativiser les situations où l'on croit être rejeté, comme ce que tu décris au début. En général, on extrapole ce que l'on voit, et nos ressentis sont disproportionnés par rapport à la réalité. C'est normal de ressentir des émotions, et on doit aussi l'accepter. Mais savoir mettre les choses à leur place et comprendre que tout (les moments où l'on se croit rejeté) n'est pas de notre faute ou de notre ressort, cela fait du bien. On a parfois une tendance, même en ne s'aimant pas, à être égocentrique en quelque sorte. Et je ne pense pas, comme peut le craindre Rooter, que ce soit dangereux de s'aimer trop. Cela ne veut pas dire d'en arriver à ne se voir que soi, et en négliger les autres.
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par Pasta
Homme de 37 ans vierge
#104550
rooter a écrit : Je crois cependant qu'il vaut mieux pas trop s'aimer, garder une approche critique de soi-même. COmment s'améliorer si on s'apprécie comme on est ?
D’un autre côté, pour faire une critique de soi-même, il faut s’écouter, et donc avoir une certaine estime de soi.