- 18 août 2016, 19:35
#174990
Voilà tout est dans le titre. Puisque nous sommes plusieurs à avoir eu au moins un parent violent, je souhaite partager cette expérience en créant ce topic.
Comme expliqué dans d'autres posts, mon père a un passé d'homme violent et mes deux grands frères qui ont vu cela étant petits ont ensuite reproduit ce schéma.
Mon père a commencé à me frapper quand j'avais à peine deux ans. Je ne pouvais pas m'en souvenir, mais ma mère me l'a raconté. Il a même failli lever la main sur elle, mais la levait déjà sur mes frères, ce qui a entraîné le divorce de mes parents, car ma mère n'acceptait plus qu'il nous frappe, mes frères et moi.
Mon père n'a pas eu notre garde lors du jugement de divorce prononcé lorsque j'avais un an. Du coup, il a décidé de retourner dans sa région d'origine sans rien nous dire. Mais avant cela, il nous avait en garde alternée. Et je faisais des pieds et des mains à ma mère pour qu'elle ne nous y amène pas les week-ends sur deux et certaines vacances scolaires, car je savais qu'il allait me frapper. Mais c'était les conditions actées lors du jugement de divorce. Son départ précipité quand j'avais 8 ans, a à la fois été un soulagement et une trahison, parce qu'il est parti sans rien nous dire. Mais en même temps, je n'allais plus me prendre des coups !
Mais mes frères, en grandissant ont, pour ainsi dire, pris la relève en reproduisant ces actes de violence, en me frappant et en me rabaissant à leur tour, au moins jusqu'à l'adolescence. Et là, je continuais à vivre le calvaire à la maison (coups, insultes, agressions verbales, humiliations...) Et ce faisant, dès l'école primaire, j'étais une enfant extrêmement fermée. Je ne parlais pas du tout et ne jouais pas avec les autres enfants dans la cour. Cela m'avait même valu de participer à un programme pédagogique spécifique organisé par le psychologue de l'école, où il s'agissait d'aider les enfants à sortir de leur timidité par le théâtre. Et nous étions même partis deux semaines en classe de théâtre, dans le cadre de ce programme d'expérimentation. J'étais en CM2 à l'époque. Ça allait un peu mieux à la suite de cela, car avant de le commencer, je ne parlais pas du tout. Mais après, j'allais davantage vers les autres et je m'étais fait de nouvelles copines.
Sauf que les violences physiques et verbales et les humiliations continuaient à la maison et que je me suis retrouvée dans un collège où je ne connaissais personne. Alors, j'ai recommencé à me replier sur moi, avec le sentiment que mes appels au secours étaient devenus de nouveau inaudibles. À l'école primaire, mon mal être avait été décelé par les équipes pédagogiques. Mais là, j'étais de nouveau invisible.
Et lorsqu'on est enfant , on ne comprend pas ce qui se passe. On finit par penser que c'est normal de se faire taper au quotidien. Et on banalise la violence. On devient ensuite une proie facile aussi dans le monde extérieur. En effet, comme au lieu d'avoir évolué dans un environnement sain, où on nous aide à construire notre confiance en nous enfant, pour apprendre à se prémunir du danger de l'extérieur plus tard, les gens du monde extérieur décèlent notre impuissance et nos faiblesses. Il est malheureusement dans la nature humaine de profiter de la vulnérabilité d'autrui. Ainsi, j'ai aussi été victime de harcèlement scolaire avec violence physique et verbale à l'école puis de harcèlement moral au travail, avec menaces répétées de licenciement pendant un stage de fin d'études, lors d'un échange européen. Et avec le stress, cela m'avait provoqué de graves problèmes de santé, par la suite.
Tout ça pour dire que ça n'a rien d'une série de hasards malheureux ou d'une malédiction. Ça commence par de la violence à la maison, puis ça continue à l'école, avec le harcèlement scolaire et le cyber harcèlement et enfin au travail avec le harcèlement moral. On sait que lorsque la famille ne nous a pas aimés et protégés comme elle se le devait, et bien ensuite, on est une proie facile pour le monde extérieur.
On a aussi plus de difficulté à faire des rencontres, ou du moins "les bonnes" rencontres, car c'est peut-être plutôt cela, la problématique. Et puis, avec l'âge, si on n'a pas d'ami, on finit par avoir de moins en moins d'opportunités. Parallèlement, comme on sort rarement indemne d'une longue expérience de violences à la maison et à l'école, il devient très difficile de prendre confiance en soi et de se construire, car ça n'a pas pu être fait en tant voulu avec l'aide de la famille à la maison et des équipes pédagogiques à l'école.
Alors, il faut se faire aider. Et c'est parfois long, très long. Moi, j'ai vu beaucoup de psys jusqu'à présent. Et aucun ne m'a convenu. Donc maintenant, je viens d'en changer juste avant les vacances. Je la revois d'ailleurs demain. Et pour l'instant, le feeling est bien passé. Et encore faut-il en avoir aussi l'énergie. Il m'arrive parfois d'être découragée. Mais je veux m'en sortir et pourquoi pas moi aussi un jour finir par militer contre les violences faites aux femmes en sensibilisant les enfants qui ne doivent pas les reproduire. Pour l'instant, je n'en ai bien évidemment pas l'énergie. J'ai tendance à avoir des épisodes dépressifs chroniques. Je me sens très fatiguée à certaines périodes. Mais j'arrive à sortir, au moyen de sites de sorties du type OnVaSortir, car n'ayant pas d'ami, cela me permet de sortir avec des gens, ce qui n'est pas négligeable. J'avais, par le passé, des compulsions alimentaires qui me faisaient grossir, en réponse à cette violence et à ce rejet des autres. Mais je m'en suis débarrassée pour de bons en mars dernier, après mon emménagement.
L'heure est maintenant pour moi à la construction de soi et de la confiance en soi, pour mettre fin à ces épisodes dépressifs. Je ne dois plus me focaliser sur cette obsession d'être en couple, d'avoir des enfants et d'évoluer dans ma carrière, pas seulement comme une fin en soi, mais comme une victoire par rapport à ce passé (violence, problèmes de santé, etc).
La victoire, c'est déjà de guérir de cette dépression épisodique qui va et qui vient et de renouer avec la confiance en soi. Je me dis que je peux y arriver. J'ai appris à nager à l'âge de 12 ans, dans le Var, alors en vacances. J'ai eu des cours particuliers, où j'ai réussi à surmonter ma peur de l'eau. J'ai pris confiance et m'y appuie à chaque fois que je vais nager. Dans l'eau, je ne suis plus la même qu'au quotidien. Cet exemple a une valeur très symbolique pour moi, car mes progrès en la matière ont été spectaculaires ! Alors je me dis que si ça a fonctionné dans ce domaine, je réussirai parallèlement à surmonter mes autres peurs, par le biais du même processus. Je vais dans un premier temps capitaliser là-dessus, continuer dans mon élan de nouvelles rencontres en parallèle et nous verrons bien ce qu'il en sera.
Mais rien n'est simple. L'important demeure dans la volonté de vouloir aller mieux. Je me suis sentie humiliée diminuée et rabaissée par cette expérience de violence. Mon père revient de temps à autre dans la région (à peu près une fois par an). En 2000, cela faisait 14 ans qu'on ne l'avait pas vu. Maintenant, je ne le vois plus vraiment, ni mes frères, d'ailleurs, ou rarement. Je leur en veux encore profondément, parfois, et ressens toujours de la colère, cette colère dont je n'ai jamais pu me débarrasser et dont je veux aujourd'hui me libérer. Car ces violences et humiliations qu'ils m'ont fait subir m'ont déstabilisée et ce faisant empêchée de construire ma vie d'adulte, une relation durable avec un homme, fonder une famille, etc. Cette expérience m'a en effet complètement détruite et brisée. Alors, je suis subjuguée quand j'apprends que d'autres personnes réussissent à être solides et à avoir un beau parcours linéaire en ayant vécu la même chose. Je me dis, mais comment ont-elles fait pour trouver une telle force psychologique qui leur ont donné confiance en elles ? C'est si rare en effet. Je pense que dans la majorité des cas, les gens réagissent comme moi. Voilà, encore désolée pour ce pavé.
Comme expliqué dans d'autres posts, mon père a un passé d'homme violent et mes deux grands frères qui ont vu cela étant petits ont ensuite reproduit ce schéma.
Mon père a commencé à me frapper quand j'avais à peine deux ans. Je ne pouvais pas m'en souvenir, mais ma mère me l'a raconté. Il a même failli lever la main sur elle, mais la levait déjà sur mes frères, ce qui a entraîné le divorce de mes parents, car ma mère n'acceptait plus qu'il nous frappe, mes frères et moi.
Mon père n'a pas eu notre garde lors du jugement de divorce prononcé lorsque j'avais un an. Du coup, il a décidé de retourner dans sa région d'origine sans rien nous dire. Mais avant cela, il nous avait en garde alternée. Et je faisais des pieds et des mains à ma mère pour qu'elle ne nous y amène pas les week-ends sur deux et certaines vacances scolaires, car je savais qu'il allait me frapper. Mais c'était les conditions actées lors du jugement de divorce. Son départ précipité quand j'avais 8 ans, a à la fois été un soulagement et une trahison, parce qu'il est parti sans rien nous dire. Mais en même temps, je n'allais plus me prendre des coups !
Mais mes frères, en grandissant ont, pour ainsi dire, pris la relève en reproduisant ces actes de violence, en me frappant et en me rabaissant à leur tour, au moins jusqu'à l'adolescence. Et là, je continuais à vivre le calvaire à la maison (coups, insultes, agressions verbales, humiliations...) Et ce faisant, dès l'école primaire, j'étais une enfant extrêmement fermée. Je ne parlais pas du tout et ne jouais pas avec les autres enfants dans la cour. Cela m'avait même valu de participer à un programme pédagogique spécifique organisé par le psychologue de l'école, où il s'agissait d'aider les enfants à sortir de leur timidité par le théâtre. Et nous étions même partis deux semaines en classe de théâtre, dans le cadre de ce programme d'expérimentation. J'étais en CM2 à l'époque. Ça allait un peu mieux à la suite de cela, car avant de le commencer, je ne parlais pas du tout. Mais après, j'allais davantage vers les autres et je m'étais fait de nouvelles copines.
Sauf que les violences physiques et verbales et les humiliations continuaient à la maison et que je me suis retrouvée dans un collège où je ne connaissais personne. Alors, j'ai recommencé à me replier sur moi, avec le sentiment que mes appels au secours étaient devenus de nouveau inaudibles. À l'école primaire, mon mal être avait été décelé par les équipes pédagogiques. Mais là, j'étais de nouveau invisible.
Et lorsqu'on est enfant , on ne comprend pas ce qui se passe. On finit par penser que c'est normal de se faire taper au quotidien. Et on banalise la violence. On devient ensuite une proie facile aussi dans le monde extérieur. En effet, comme au lieu d'avoir évolué dans un environnement sain, où on nous aide à construire notre confiance en nous enfant, pour apprendre à se prémunir du danger de l'extérieur plus tard, les gens du monde extérieur décèlent notre impuissance et nos faiblesses. Il est malheureusement dans la nature humaine de profiter de la vulnérabilité d'autrui. Ainsi, j'ai aussi été victime de harcèlement scolaire avec violence physique et verbale à l'école puis de harcèlement moral au travail, avec menaces répétées de licenciement pendant un stage de fin d'études, lors d'un échange européen. Et avec le stress, cela m'avait provoqué de graves problèmes de santé, par la suite.
Tout ça pour dire que ça n'a rien d'une série de hasards malheureux ou d'une malédiction. Ça commence par de la violence à la maison, puis ça continue à l'école, avec le harcèlement scolaire et le cyber harcèlement et enfin au travail avec le harcèlement moral. On sait que lorsque la famille ne nous a pas aimés et protégés comme elle se le devait, et bien ensuite, on est une proie facile pour le monde extérieur.
On a aussi plus de difficulté à faire des rencontres, ou du moins "les bonnes" rencontres, car c'est peut-être plutôt cela, la problématique. Et puis, avec l'âge, si on n'a pas d'ami, on finit par avoir de moins en moins d'opportunités. Parallèlement, comme on sort rarement indemne d'une longue expérience de violences à la maison et à l'école, il devient très difficile de prendre confiance en soi et de se construire, car ça n'a pas pu être fait en tant voulu avec l'aide de la famille à la maison et des équipes pédagogiques à l'école.
Alors, il faut se faire aider. Et c'est parfois long, très long. Moi, j'ai vu beaucoup de psys jusqu'à présent. Et aucun ne m'a convenu. Donc maintenant, je viens d'en changer juste avant les vacances. Je la revois d'ailleurs demain. Et pour l'instant, le feeling est bien passé. Et encore faut-il en avoir aussi l'énergie. Il m'arrive parfois d'être découragée. Mais je veux m'en sortir et pourquoi pas moi aussi un jour finir par militer contre les violences faites aux femmes en sensibilisant les enfants qui ne doivent pas les reproduire. Pour l'instant, je n'en ai bien évidemment pas l'énergie. J'ai tendance à avoir des épisodes dépressifs chroniques. Je me sens très fatiguée à certaines périodes. Mais j'arrive à sortir, au moyen de sites de sorties du type OnVaSortir, car n'ayant pas d'ami, cela me permet de sortir avec des gens, ce qui n'est pas négligeable. J'avais, par le passé, des compulsions alimentaires qui me faisaient grossir, en réponse à cette violence et à ce rejet des autres. Mais je m'en suis débarrassée pour de bons en mars dernier, après mon emménagement.
L'heure est maintenant pour moi à la construction de soi et de la confiance en soi, pour mettre fin à ces épisodes dépressifs. Je ne dois plus me focaliser sur cette obsession d'être en couple, d'avoir des enfants et d'évoluer dans ma carrière, pas seulement comme une fin en soi, mais comme une victoire par rapport à ce passé (violence, problèmes de santé, etc).
La victoire, c'est déjà de guérir de cette dépression épisodique qui va et qui vient et de renouer avec la confiance en soi. Je me dis que je peux y arriver. J'ai appris à nager à l'âge de 12 ans, dans le Var, alors en vacances. J'ai eu des cours particuliers, où j'ai réussi à surmonter ma peur de l'eau. J'ai pris confiance et m'y appuie à chaque fois que je vais nager. Dans l'eau, je ne suis plus la même qu'au quotidien. Cet exemple a une valeur très symbolique pour moi, car mes progrès en la matière ont été spectaculaires ! Alors je me dis que si ça a fonctionné dans ce domaine, je réussirai parallèlement à surmonter mes autres peurs, par le biais du même processus. Je vais dans un premier temps capitaliser là-dessus, continuer dans mon élan de nouvelles rencontres en parallèle et nous verrons bien ce qu'il en sera.
Mais rien n'est simple. L'important demeure dans la volonté de vouloir aller mieux. Je me suis sentie humiliée diminuée et rabaissée par cette expérience de violence. Mon père revient de temps à autre dans la région (à peu près une fois par an). En 2000, cela faisait 14 ans qu'on ne l'avait pas vu. Maintenant, je ne le vois plus vraiment, ni mes frères, d'ailleurs, ou rarement. Je leur en veux encore profondément, parfois, et ressens toujours de la colère, cette colère dont je n'ai jamais pu me débarrasser et dont je veux aujourd'hui me libérer. Car ces violences et humiliations qu'ils m'ont fait subir m'ont déstabilisée et ce faisant empêchée de construire ma vie d'adulte, une relation durable avec un homme, fonder une famille, etc. Cette expérience m'a en effet complètement détruite et brisée. Alors, je suis subjuguée quand j'apprends que d'autres personnes réussissent à être solides et à avoir un beau parcours linéaire en ayant vécu la même chose. Je me dis, mais comment ont-elles fait pour trouver une telle force psychologique qui leur ont donné confiance en elles ? C'est si rare en effet. Je pense que dans la majorité des cas, les gens réagissent comme moi. Voilà, encore désolée pour ce pavé.
Frederim aime ça