VACN a écrit : ↑08 sept. 2019, 12:20
La façon dont on parle de la violence conjugale continue à me faire rire jaune.
On parle d'allouer des fonds à la lutte contre la violence conjugale envers les femmes ; on s'indigne que telle personne soit la n-ième femme de l'année à mourir sous les coups de son compagnon ; on ouvre des refuges pour femmes battues...
Entendons-nous bien : en soi, c'est très bien de parler des violences subies par des femmes et de lutter contre ces violences. Mais comme toujours, on fait comme si la violence était à sens unique, comme si un homme ne pouvait être qu'agresseur, et une femme que victime. Il est fort possible que les femmes subissent davantage de violences conjugales (même si le fait qu'on en entende davantage parler ne veut pas nécessairement dire que ça arrive plus souvent); mais le discours dans lequel on baigne élude complètement les victimes masculines et les agresseuses, jusqu'à la possibilité de leur existence. Il vaudrait peut-être mieux lutter contre la violence conjugale, sans a-priori vis-a-vis du sexe des agresseurs et des victimes, parce que si on se concentre uniquement sur les violences que subissent les femmes, ça veut dire que celles subies par les hommes n'ont aucune importance.
Honnêtement, c'était quand, la dernière fois que vous avez entendu parler d'un homme agressé par sa compagne dans la presse ou dans une émission de télé ? C'était quand, la dernière fois que la société s'est intéressée à la violence conjugale sans se focaliser exclusivement sur les femmes ?
Je ne vais pas répéter les propos de Genisa qui a très bien expliqué pourquoi on parle des violences faites aux femmes : parce qu'elles sont les plus nombreuses et qu'elles s'inscrivent dans un système social sexiste, et que les femmes qui en sont victimes sont victimes
parce qu'elles sont femmes.
Les violences contre les hommes sont plus rares et ne font pas partie d'un système social défavorable aux hommes ; d'ailleurs, les hommes victimes le sont bien souvent de la part d'autres hommes (couples homosexuels) ou alors ils sont tués parce qu'ils ont commis des violences auparavant sur leurs compagnes.
L'accompagnement des hommes victimes existe, et un homme qui se rend dans une association de lutte contre les violences conjugales sera entendu, épaulé, aidé. Mais cette violence ne sera pas le fruit d'une société entière qui fait que les femmes sont moins payées, moins considérées, davantage victimes que les hommes pour ce qui est des violences conjugales et/ou sexuelles.
Je sais bien que je pisse dans un violon quand je tiens ces propos à VACN, qui préfère aller dénicher des vidéos de femmes complices du sexisme qui plaignent les Incels qui tuent les femmes (sic), mais je sais qu'il y a aussi d'autres personnes qui lisent ce forum et je ne peux pas laisser de tels propos passer sans y répondre et rappeler la réalité des faits.
Pour répondre à la question des moyens, elle est cruciale : que les gens ne comprennent pas à quoi servent leurs impôts, j'ai envie de dire, c'est leur problème, et il suffit pourtant d'aller chez le médecin pour savoir à quoi ça sert quand on ne paye pas ou pas entièrement une consultation.
La prise en charge dans les associations ou par les forces de police des violences conjugales n'est pas bonne, par faute de moyens, de formation aussi ; il faut absolument améliorer ça, afin de réussir à combattre ce fléau. Un Grenelle, cela ne sert à rien si on ne prend pas de vraies décisions et qu'on n'investit pas l'argent nécessaire.
D'ailleurs, j'ai entendu l'autre matin sur France Inter un procureur qui estimait qu'il faudrait non pas créer des centres d'hébergement pour femmes battues mais pour les hommes coupables de violences, afin que ce soit à eux de quitter le domicile, et pas aux victimes. Ça, ce serait une vraie bonne mesure à mettre en place : celui qui quitte tout, c'est celui qui porte la culpabilité sur ses épaules ; comme pour le viol, il faudrait que la honte change de camp, une bonne fois pour toutes.