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Re: Expérience en psychiatrie

Publié : 30 oct. 2022, 23:52
par Freloo
Merci encore à tous pour l'intérêt que vous portez à mon récit.

A ce stade, j'en viendrais presque à demander à toutes personnes qui passerait par ce topic de se faire relayeur de ma mise en garde, du moins, dans le cadre de ses échanges sur ce forum.
J'ai lu ici, au fil des différentes rubriques, pas mal de discours anciens ou récents qui, s'ils avaient été tenus de vive voix devant un psychiatre urgentiste, auraient valu l'internement à leur auteur.
Néanmoins, je crois désormais que la souffrance exprimée à ces occasions (et dans des termes souvent semblables d'ailleurs) n'a, pour autant, effectivement pas vocation à rester sans réponses, ou plus précisément, sans réponses EFFICIENTES.

Je suis, hélas, au regret d'être en mesure de l'affirmer mais lorsque l'on se retrouve, comme moi ou pas mal d'autres ici apparemment , dans une situation que l'on perçoit comme une impasse totale, le niveau moyen de l'aide ou des conseils que l'on peut recevoir, y compris de la part des pros, est clairement pas ouf !

Je ne veux pas incriminer à tort et à travers.
Les proches, amis ou collègues ont le droit de ne pas être expert en parcours de soins.
De la même manière, la psychiatrie va souvent se révéler inadaptée ou beaucoup trop brutale mais pour les raisons structurelles, légales ou budgétaires, que vous avez tous relevé dans ce topic et qui, de fait, nous dépassent un peu.

Mais néanmoins le problème demeure et c'est très regrettable car des solutions existent.

Dans mon cas il aurait été possible de m'épargner des mois de souffrance avec pour point d'orgue un séjour au gnouf en me convaincant d'accepter une prise en charge adaptée plus tôt.
Certes ... mais couteuse me direz-vous.
Celui ou celle qui a le courage de demander votre internement a aussi le droit d'avoir le courage de vous donner 2 000 euros pour aller 1 mois en clinique me semble-t-il.

Re: Expérience en psychiatrie

Publié : 31 oct. 2022, 14:14
par Kayaka
En même temps, peu importe le poste travailler en HP est dangereux.

Autant établissement scolaire / ephad/ tribunaux/prisons /commissariat / hôpital/ (enfin en dehors du service psy) (et oui bon OK c’est un peu mes études :joy: ), tu peux toujours[ dialoguer avec ces personnes, (oui même celui qui a tué ou le papy qui a le syndrome de la tourette & Parkinson) autant en hôpital psy tu ne sais jamais de quoi est capable la personne en face de toi... de quoi, devenir paranoïaque.
Et en plus les métiers (a part psychiatre, et encore) du secteur médico-mental ne sont pas reconnus à leur juste valeur.

Re: Expérience en psychiatrie

Publié : 31 oct. 2022, 14:41
par Amaz
Je confirme qu'ils ne sont pas méchants dans les EPHAD, j'ai déjà fait une fois un EPHAD et ça a été ! pour dépanner je suis ''ASH'' (en gros agent d'entretien en milieux hospitalier, le métier n'a rien de glorieux, mais il y a besoin de gens qui font sinon ça serait rapidement le Bronx).

En EPHAD ça fait quand même de la peine de voir des personnes âgées très diminuée et/ou des gens qui ont perdu la tête pour causse d'Alzheimer etc, mais je n'ai pas eu à me plaindre, je n'ai eu que deux petits incidents, une dame qui me suivait alors que je faisais mon travail et elle avait des propos pas très cohérents, un aide-soignant l'à gentiment ramener dans sa chambre et j'ai eu une dame qui était sur le point de me piqué mes affaires de travail, mais je l'ai vu à temps !, ça par contre, il faut faire attention à ne pas laisser les produit sur le chariot, il y a déjà des incidents ou des personnes âgées boivent des produits et finisse par avoir droit un lavage d'estomac. Ils confondent ça avec un jus d'orange ou autre.

J'ai aussi fait régulièrement un hôpital psy, mais là, je ne m'occupais pas des chambres, je m'occupais de locaux annexes au pavillon psychiatrique, mais je croisais les patients en dehors et la plupart, ils sont soit clairement shooté par les médicaments, ou bien, il ne te calcule même pas ^^

J'ai eu une fois une dame qui est venue me voir, elle m'a demandée ce que je faisais et du coup, elle m'a posé une question, une question bateau et je lui ai répondu et elle m'a béni :joy: elle m'a dit soit louer le seigneur pour votre aide :sweat_smile:

Pour ceux qui sont ''dangereux'', il existe des pavillons à l'écart, ceci généralement n'en sorte pas de ces pavillons. Cela que je croise et qui se promène librement dans les parcs, ce sont ceux qui sont considérés comme étant les patients les moins à risque, c'est en tout cas ainsi que ça fonctionne dans certains hôpitaux psychiatriques. D'ailleurs dit toi que la grande porte d'entrée n'est même pas close en journée !, elle est uniquement close la nuit, tu entres et tu en sors comme dans un moulin :grin:

La première fois par contre, je t'avoue avoir eu une appréhension, je commençais en plus à 5h du matin, c'était en plein hiver, il faisait nuit et j'entends quoi à ce moment-là, un mec gueuler au loin, on se croyait dans un film d'horreur pour le coup, mais une fois qu'on prend l'habitude ça passe comme une lettre à la poste. Après, je ne dis pas, dans les pavillons ça ne doit pas être toujours facile pour les aides soignants, infirmier, etc. Et pour ma part, la seule appréhension qui me reste, c'est lorsque je croise un mec solo clairement dans son monde, là, je ne suis pas très serein, mais je me rassure en me disant que s'il se promène librement, c'est qu'il est stable.

En tout cas, je suis d'accord avec toi, c'est des métiers pas aisés, que ça soit infirmier, aide-soignant, je pense surtout à eux et c'est peu valoriser que ça soit en termes de salaire, de charge de travail ou encore de reconnaissance sociale.

Tu vois la prison, une fois, on m'avait proposé, j'ai refusé ! ça ne me dit rien la prison, je préfère faire des remplacements dans mon hôpital psychiatrique plutôt que de me rendre dans une prison très franchement ^^

PS: je précise que ''dangereux'' je ne l'emploie pas de manière péjorative, ils ne sont pas nécessairement un danger pour autrui, ils peuvent l'être pour eux même, pour leur propre sureté.

Re: Expérience en psychiatrie

Publié : 31 oct. 2022, 17:17
par Azur
Bonjour,

J’aimerais apporter mon témoignage. Étant donné que je souffre d’un trouble psychique (voilà, je fais mon « coming out » psy sur ce forum).

J’ai déjà fait une demande d’hospitalisation, et on m’a déjà hospitalisé car je n’avais pas correctement pris mon traitement. Donc, oui j’ai un traitement, et je suis stabilisé à présent depuis de nombreuses années. Le plus important dans ces maladies là, c’est de trouver un équilibre, une stabilité, une hygiène de vie personnelle.

Je voudrais juste dire que les patients ne sont pas forcément dangereux. Il est vrai qu’il existe différents degrés d’intensité de la maladie, mais en général et j’appuie le message d’Amaz, les patients essayent surtout de s’en sortir, et communiquent comme tout à chacun.

Je tiens à le dire, car quand j’étais hospitalisé, je n’avais pas cette impression qu’on ne pouvait pas communiquer avec moi. J’avais une faible estime de moi certes, mais je ne représentais pas du tout une menace. Je trouve dommage qu’on diabolise parfois les maladies psychiques/les handicaps psychiques. Les patients n’ont pas choisi leurs handicaps, et c’est souvent la double peine pour eux, les effets de la stigmatisation.

De plus, il y a une grande partie des personnes touchées qui sont en dehors des HP. Si je prends mon cas, j’ai fait des études (bac+5 avec ma maladie en serrant les dents pour tenir le coup chaque jour), et j’exerce un poste d’ingénieur. J’avais vu un message disant qu’il était difficile pour une personne atteinte d’un handicap psychique de faire des études. Je tiens juste à dire qu’il y a des personnes touchées par la maladie psy, qui dans le silence, mènent un « combat » quotidien pour avancer dans leurs études et leur travail. Déjà que, de base, il n’est déjà pas évident d’avancer dans la vie parfois.

J’espère que mon poste n’est pas hors-sujet. Je tenais juste à partager mon ressenti.

Bonne journée à tout le monde,

Re: Expérience en psychiatrie

Publié : 31 oct. 2022, 18:16
par Kayaka
Merci pour vos réponses !

Évidemment quand je dis « dangereux », c’est pas péjoratif non plus. La plupart n’y peuvent rien, et ça doit être dur à voir côté personnel.

Azur, c’est très bien que tu es réussi tes études malgré ce handicap !

En fait aussi, dans le social ce qu’il y a c’est que dans une prison, ou dans une école tu peux toujours aider les personnes qui y sont dedans. Alors que en HP, il faut accepter que ces personnes ne peuvent pas changés, vu que ce n’est pas par choix ni par fatalité.
En Ehpad, tu les accompagnes vers la fin, donc les troubles psys sont plus « drôle » que supposer faire peur.

Après @Amaz, que ce soit être à l’aise en prison ou en HP sur n’importe quel autre forum on nous prendrait pour des fous :joy:

Re: Expérience en psychiatrie

Publié : 08 nov. 2022, 04:16
par gziwru
Everest a écrit :En plus , la psychatrie est la branche de la santé où il manque le plus de personnel...
Everest a écrit :En plus , la psychatrie est la branche de la santé où il manque le plus de personnel...
C'est exact et c'est un vrai problème. De plus , le personnel est mal formé sur beaucoup de questions.
Par exemple le sujet de l'autisme est encore un sujet où le monde médical a de graves lacunes.
La virginité tardive est un autre exemple de sujet.

Ajouté 28 minutes 56 secondes après :
@Amaz concernant son message du 31/10/2022 à 14h41.

Tu as parlé de la souffrances de ceux travaillant dans les établissements psys et je trouve ça bien.

J'aimerai savoir ce que tu connais au niveau de la législation et réglementation concernant les internements psychiatriques sans consentements que ce soit au niveau théorique ainsi que son application en pratique.

Je trouve à titre personnel scandaleux qu'ils arrivent que les droits (Je parle des droits au niveau de ceux définis par la législation et la réglementation) des internés ne soient pas respectées.

Est-ce que tu trouves normal par exemple qu'il puisse arriver qu'un admis soit contentionné dans des conditions ne respectant par l'article L3222-5-1 du code de la santé publique ? Je pense notamment au III de cet article.

Voici un exemple prouvé de non respect du III de l'article du code de la santé publique que j'ai mentionné (Au moment où la question fut posée. L'article en question fut rédigé différemment et donc ce n'était pas le III mais le deuxième alinéa) : https://www.senat.fr/questions/base/201 ... 13095.html

Je n'ai pris qu'un exemple de violation des droits des internés parmi de nombreux exemples possibles.

Re: Expérience en psychiatrie

Publié : 08 nov. 2022, 12:28
par Amaz
Tu as parlé de la souffrance de ceux travaillant dans les établissements psys et je trouve ça bien.
Hello,

Malheureusement je ne pourrais pas répondre à ta question, je ne fais partie que des petites mains de l'ombre des hôpitaux.

Je ne suis pas médecin psychiatre, du coup je ne saurais pas te dire à quel point la contention est utilisé en HP.

Je ne connais que dans les très grandes lignes le fonctionnement de l'HP dans lequel je fais des remplacements, mais de-là à te parler plus en détail du fonctionnement des établissements et des législations en vigueur, ça dépasse ma connaissance.

Et encore, je m'y intéresse à l'HP, a mon avis il y a bien de mes collègues adjoint technique, agent des services hospitaliers qui s'en contrefoute.

Avis de profane. Si la situation s'avère critique, je peux comprendre l'utilisation avec parcimonie des mesures sans contrainte. Mais hélas, je me doute qu'il doit y avoir des abus... ce devrait être un acte très clairement justifié et justifiable.

Pour le coup il aurait fallu dans l'idéal que tu sois tombé sur un médecin psychiatre qui boss en HP.

Re: Expérience en psychiatrie

Publié : 17 nov. 2022, 06:21
par gziwru
Merci à toi Amaz pour ta réponse.

Tu es une petite main. Je suppose que tu n'a jamais réfléchis à fond sur ces questions. Est-ce exact ?

La contention n'est qu'un exemple de sujet pouvant concerner des abus.
Ma question allait au-delà de la contention.
Il y a des choses moins connus et plus tabous comme par exemple les abus de curatelle et tutelle où des gens ne nécessitant pas une telle mesure sont placés sous protection.

Un individu peut nécessiter un internement sous contraintes sans qu'une mesure de protection soit nécessaire.
Un individu peut ne pas nécessiter un internement sous contraintes mais avoir besoin d'une mesure de protection s'avérant nécessaire.

Un individu peut avoir besoin des deux à la fois.
Un individu peut avoir besoin d'aucune de ces deux choses.

Chaque cas est diffèrent. Malheureusement , le manque de moyens (Humains et financiers. Manque de formation faisant qu'une situation peut être mal analysé) ainsi que nos limites au niveau législatif et réglementaire.

Ajouté 3 minutes 30 secondes après :
Exemple de limite au niveau formation concernant les mesures de protections visant les personnes majeures :

Il existe des assistantes sociales ayant une connaissance extrêmement lacunaires du système de protection des majeurs proposant ça aux usagers comme si s'était proposer un truc sans gravité.
Il y a par exemple des cas ou une MASP (Mesure d'Accompagnement Social Personnalisé) serait suffisante.

En théorie , une personne ayant des problèmes psy ne peut pas bénéficier d'une MASP mais je connais un cas pratique d'une personne ayant ce genre de problème (Les services sociaux le savent) ayant pu en bénéficier. Je pense qu'une MASP est préférable à une mesure de protection quand c'est raisonnable.

Très peu d'acteurs du monde médico-social connaissent ce dispositif.



Exemple de limite au niveau législatif et réglementaire concernant les mesures de protection des majeurs :

Une personne accro aux jeux ne peut pas se voir interdit de jeux par décision judiciaire pour un problème d'addiction. C'est son seul problème au niveau financier.
Seul l'interdiction volontaire est possible. L'interdiction judiciaire est possible uniquement dans les situations relevant du pénal.

La plupart des médecins sur la liste des Procureurs de la République (Premier alinéa de l'article 431 du code civil) considérons qu'un tel cas nécessite une mesure de protection considérant qu'elle correspond aux conditions de l'article 425 du code civil pour mettre en place une protection.

L'article 425 du code civil nous dit qu'une personne doit avoir une altération partielle ou complète de l'expression de sa volonté. La plupart des médecins considèrent qu'une addiction est une altération de l'expression de la volonté mais tous ne sont pas d'accord à ce sujet.

Un cas de ce genre finira en général sous curatelle renforcée. Contrairement aux idées reçues , une curatelle a plus d'impact que les aspects financiers sur la vie de la personne.
Si quelqu'un est intéressé je pourrais donner quelques exemples.

Les affaires de curatelles et tutelles surcharge nos tribunaux. Si on trouvait des alternatives pour beaucoup de cas on pourrait réduire la charge.

Pour un accro aux jeux. On pourrait le faire interdire de jeux par voie judiciaire , chose que la législation et réglementation actuelle ne permet pas. Comme ça il pourrait jouer nul part en France dans les lieux officiels même si rien ne l'empêcherait de jouer dans les lieux officieux ainsi qu'à l'étranger.
Pour les lieux de jeux officiels à l'étranger il faudrait qu'il y est un échange de données entre pays mais malheureusement ça n'existe pas encore.

Ajouté 1 minute 16 secondes après :
Exemple de limite au niveau formation concernant les internements sous contraintes :

Les soignants ont souvent un manque de culture au niveau sociologie , anthropologie , histoire.
C'est un problème parce que quand on se retrouve face à un patient étranger (Par exemple un réfugié en plein délire psychotique ou un type attendant l'attribution du statut de réfugié par l'OFPRA en pleine psychose).
On risque de ne pas comprendre certaines choses avec pour conséquence qu'il y ait une erreur de diagnostic.

Par exemple dans certains parcours traumatiques on peut voir des traits de schizophrénie sans que la patient en soit atteint et par conséquent la personne sera diagnostiqué à tord schizophrène.
Il existe plusieurs types de schizophrénie contrairement à ce que l'on imagine trop souvent.

Les limites au niveau de l'échange à cause de la barrière de la langue peuvent aussi mener à des incompréhensions.
Par exemple si un patient à des hallucinoses (C'est comme des hallucinations mais le sujet c'est que ça vient de lui quand ça arrive. Ce n'est donc pas une psychose) on peut penser qu'il a des hallucinations.



Exemple de limite au niveau législatif et réglementaire concernant les internements sous contraintes :

Actuellement , il n'est pas nécessaire d'avoir l'autorisation d'un juge pour donner un traitement médicamenteux sous contraintes.
Il peut y arriver des erreurs de diagnostic. Je ne dis pas que c'est au juge de faire un diagnostic.

Je dis que le juge pourrait pouvoir voir le patient et juger de sa dangerosité pour lui-même ou les autres d'une manière non médicale.
Je considère que seul le fait d'être un danger pour sois-même ou autrui peut justifier l'emploi de traitement médicamenteux contre sa volonté.
Quand je parle de dangerosité pour sois-même je parle de chose sérieuse type l'individu se faisant des scarifications profondes sans volonté de se tuer.

Personnellement , je considère que ma proposition n'est pas ma vision idéal mais que c'est mieux qu'actuellement.