Lereveur a écrit : ↑14 mai 2024, 20:49
Bonsoir Calimera,
Perso, j'y ai pensé autrefois, maintenant que mes propres dates critiques sont passées, j'accueille chaque année de plus avec fatalisme, et j'essaye d'avancer sans trop y penser... il m'est arrivé aussi de fantasmer sur l'idée de me faire tatouer de façon visible la mention " love outcast ", ou tout autre symbole pour lancer à la face du monde mon statut de paria et d'une certaine manière hurler ma tristesse, ma rage et mon amertume.
Après de ce que j'ai lu sur ton profil, tu te traînes un environnement vachement toxique - je ne m'étonne pas que tu sois persuadée que rien ne changera alors que tu n'as que 21 ans. Je ne sais pas si en définitive, se fixer une date ait vraiment du sens ou pas... ce que je te conseillerai, par contre, c'est de changer d'air aussi vite que tu le peux ; c'est basique à dire mais néanmoins vrai : on n'avance pas lorsque on est mal entouré.
Ton objectif cerne bien le mien : crier ouvertement son mal-être, c'est bien le cas. Je suis agréablement surprise de constater que l'idée d'afficher la VT publiquement est plus répandue que je ne le croyais.
Concernant mon environnement vachement toxique, je reviens tout juste de l'extérieur avec un exemple concret à vous raconter. Un samedi sans sortie, a priori comme d'habitude ; c'est un manque de carotte qui m'a fait sortir de chez moi (sans mauvais jeu de mot
). Me voilà donc dans un supermarché de proximité accompagné de ma confidente, ma mère, en train de faire cette petite course lorsqu'un ami m'aperçoit. Notre amitié se détériore de plus en plus au fil des années, notamment à cause de ses réflexions sur ma VT, que je ne tolère pas. Vous me voyez venir ?
Je n'avais jamais détaillé ce point à ma mère, alors elle a été très surprise de me voir tenter d'esquiver mon ami. Pour faire court, j'ai du me justifier une fois à l'extérieur puisque la faute semblait me revenir ; alors, j'ai tout déballé. Bien sûr, j'ai fini par avoir une discussion que j'ai déjà eu des millions de fois au sujet de ma susceptibilité.
Apparemment, je ne peux pas demander à ce qu'on évite de parler de ma VT puisqu'il s'agit simplement de prendre de mes nouvelles et je ne peux pas toujours demander à ce qu'on m'épargne les détails des ébats des autres. J'ai été très vexée, car une fois de plus j'ai été l'incriminée.
Je devais ensuite aller à la laverie, qui fut l'endroit de ma défense pendant presque deux heures. Durant ce laps de temps, je me suis sentie très mal et j'ai malgré tout du prendre sur moi et dévoiler des détails très cru. Le résultat de la discussion est toujours le même ; on me conseille sur un ton haineux "d'aller consulter un thérapeute" -ce que j'ai prévu de faire dès que je trouve un élan de courage, mais ce genre de réflexion ne m'aide pas- ....
J'en conclus que je ne vois plus personne car tous sont occupés à visiter leurs plans culs (ce sont leurs mots) et malgré ma solitude, il suffit que j'aille faire une mini course pour que MA journée soit gâchée et ME rappelle ma VT alors que ça n'est ni censé influencer sur le reste de ma vie ni être un sujet de débat public. Je commence à beaucoup souffrir, je ne sors que très peu ce qui est difficile pour moi mais paradoxalement aller jusqu'à ce supermarché de proximité en voiture est une petite épreuve (dont j'aurais aimé savouré ma victoire) et une fois sur place on me rappelle ma VT (WTF?????).
J'ai l'impression que ce sujet est la cause de tout mes maux, ça commence à me peser très très lourdement. Je regrette d'en avoir parlé à mes proches, car au lieu de me libérer ça me pose de plus en plus de problème. Je pense que j'ai du aborder ce sujet dans tout les endroits possibles et inimaginables, je n'en peux plus de me faire juger tout le temps et par tout mes proches. C'est déjà assez dur à vivre même si j'affirme publiquement le contraire, mais je ne peux pas dire le dire car apparemment "c'est seulement moi qui ne VEUX pas".
J'aimerai tellement arriver à me faire des nouveaux amis, mais j'ai l'impression d'être traumatisée par le fait de n'avoir rien à dire sur le plan amoureux. J'ai peur que ça fasse fuir des potentielles nouveaux amis, alors que je sais que ce n'est pas censée influencer sur une simple amitié. J'ai une seule amie extérieure à ce groupe, qui est dans la même situation que moi ; elle a un an de plus que moi mais n'a jamais eu d'occasion dans sa vie d'avoir un copain. Nous sommes vraiment semblables sur ce point, mais elle est plus OK avec sa VT que moi (car elle est mieux comprise dans son entourage, qui reste très optimiste quand au fait qu'elle est légitime à avoir un copain et que ça viendra). C'est la seule personne avec aborder la sujet de la VT ne me stresse pas intérieurement, bien que nous ayons deux témoignages diamétralement opposés.
On m'a dit que c'est mauvais de parler de ce sujet avec une fille qui est presque mon reflet car tout ces points communs ne vont faire que me conforter dans ce choix. C'est la seule que je vois une fois par semaine environ depuis le début de mes vacances (mais ça nécessite de prendre 2 heures de transports en commun à l'aller, puis au retour).
Veuillez m'excuser pour ce pavé, j'ai écrit spontanément et j'ose à peine me relire car je suis mortifiée par la honte alors je ne vais tenter de le raccourcir.
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Valsiny a écrit : ↑14 mai 2024, 21:15
J’ai souvent pensé que fixer un terme à mes efforts m’aiderait à les réaliser, et c’est peut-être ce qui s’est produit. Mais je dois confesser que j’ai franchi la borne plusieurs fois, et que je n’ai jamais tergiversé quand venait l’heure de rompre l’engagement : ces termes n’ont de valeur qu’au présent, ils consolent ou revigorent, mais il faudrait être sot pour se sentir lié par la parole de celui qu’on n’est plus. On n’hypothèque pas son propre avenir.
S’il faut garder quelque chose de cette idée, c’est la force qu’on peut tirer du sentiment d’une fatalité. J’essaye maintenant de le retourner à mon avantage : comme je n’y crois plus beaucoup, je peux essayer davantage, briser certaines pudeurs, sourire au ridicule. Je songe aussi au journal que je tiens depuis vingt ans, et voudrais que mon lecteur ne s'ennuie pas trop. Je titille ma fierté, et j’aimerais qu’on puisse dire, quand tout sera perdu : « Il s’est bien démené. »
C'est un réel plaisir de vous lire, quelle plume ! Je n'ai rien à rajouter, l'idée du journal est excellente. Personnellement, je tiens un journal afin de prendre du recul et de visualiser le chemin parcouru derrière les difficultés auxquelles j'ai cru ne jamais arriver à faire face.
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Nectaris a écrit : ↑14 mai 2024, 21:40
Quand j'avais ton âge, je complexais aussi de ma différence à cause de la pression sociale qui t'impose d'avoir ta première fois à 15 ans, en ménage à 20 ans, puis mariage, enfants, etc... J’angoissais de voir les années défiler sans rien connaitre alors que ça paraissait évident dans mon entourage. J'avais le sentiment de rater une partie de mon existance, que j'allais devoir vivre dans la résignation.
Je te rassure, cet état d'esprit fini par passer. Pendant la vingtaine, tu te déconstruis lentement cette vision idéalisée de la vie pour trouver ton bonheur bien à toi. C'est normal de se poser ce genre de dilemme, ça fait partie de ta quête de soi. Passe toi cette bague toi même si tu sens que ça te fait avancer mais dit toi aussi qu'à 21 ans il te reste beaucoup à découvrir et que des choses vont arriver que tu ne verras pas venir. Je m'étais inscrit ici pendant une petite angoisse lors de mes 30 ans, et un collègue cinquantenaire m'a dit d'un ton nostalgique : "Ah la trentaine, c'est les meilleures années !" Tu vois, je me rend compte qu'il avait raison, je ne me suis jamais senti aussi léger dans ma vie qu'aujourd'hui. J'en rediscutais avec une autre collègue quarantenaire divorcée qui vit seule et m'a sortit : "Oui la trentaine c'est cool, mais tu verras la quarantaine c'est encore mieux !" Je te dirais pas que je suis impatient mais c'est clair que je ne souhaite pas revenir en arrière
La vie n'est pas une route prédéterminée. Ton isolement peut te renvoyer la fausse idée que celle des autres est géniale, alors qu'ils connaissent aussi des doutes et des questionnements. Aujourd'hui je me sens bien heureux d'avoir ma liberté, mes passions et ma tranquillité quand je vois ce que ça coute à celles et ceux qui doivent maintenant assumer leurs choix de vie de famille Même si tu ne fait la rencontre que tu espères, tu apprendras quand même à apprécier les aspects positifs de ta vie, car avec l'âge tu finis par ne plus écouter ton "égo" pour te permettre de faire ce qui te donne vraiment envie à toi.
Je ne doute pas du fait que plus l'âge avance, plus la vie est belle. Je veux dire, j'ai hâte d'être diplômée pour enfin pouvoir m'adonner au travail et percevoir un salaire. Depuis mes seize ans, je m'imagine noyer dans mon travail-passion pour passer le temps, sans trop penser à ma solitude. Je sais aussi ce que je ferais avec mes salaires : d'abord, je les économiserai puis je voyagerai seule. À l'heure actuelle, loin des rêveries, je dirais que je n'aurai pas ce travail passion mais qu'avoir un travail sera déjà bien. Ça me passera le temps. J'ai plutôt hâte de vieillir, je suis une adepte de l'état d'esprit "40 is the new 20". Je m'imagine plus heureuse à quarante qu'actuellement, faut il encore reconnaitre que ce n'est pas compliquée d'être plus heureuse que moi ; ceci dit, mon entourage aura sûrement diminué à zéro mais ça signifie aussi aucune prise de tête ni jugement donc c'est plutôt cool. Peut être que j'aurai un jour de chance et que je serais le main character d'une histoire d'amour au moins une fois avant de mourir ; c'est en tout cas ce que j'espère, secrètement.
Je suis vraiment heureuse que tu ressentes le bonheur d'être heureux, ce qui se ressent dans ton message. Je te souhaite que ça perdure très longtemps.
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Kayaka a écrit : ↑18 mai 2024, 09:37
Perso je pense être 1/3 asexuel et 1/3 a Romantique. Et vu ma situation familiale ça se comprends.
Je compense par une vie sociale assez actif quand je peux.
Je pense pas qu’il faut se dire une date butoir mais plutôt profiter de la vie si ça viens tant mieux si ça va pas tant pis.
Je te remercie pour ton message. J'imagine que ta situation familiale n'est pas simple, est ce que tu serais OK d'apporter ton "témoignage"?
En tout cas, ça me fait chaud au coeur de savoir que la plupart des actifs de ce forum sont relativement heureux et/ou ont une vie sociale.
Ajouté 4 minutes 45 secondes après :
fopaldir a écrit : ↑17 mai 2024, 11:16
Bonjour à tous,
Merci Calimera d'avoir lancé ce topic "se fixer une date butoir" !
Ouais, l'idée de me fixer une date butoir m'a traversé l'esprit pendant pas mal d'années.
Le jour de mes 18 ans, je me suis dis intérieurement : "mince mec, tu viens d'avoir 18 ans, t'es majeur et t'es toujours puceau. Ca craint !" Je me faisais alors la promesse que d'ici mon prochain anniversaire, je tremperai ma nouille (quand on est encore ado, on ne fait pas dans la finesse...), coûte que coûte.
Bof, en fait, j'étais du genre grand échalas, un peu boutonneux et très timide, je n'avais jamais tenté de séduire quiconque, je ne savais même pas comment il fallait s'y prendre pour séduire quelqu'un, alors le pari que j'engageais avec moi-même était très audacieux.
Un an plus tard, le jour de mes 19 ans : même constat, même date butoir dans un an.
Un an plus tard, le jour de mes 20 ans : même constat, même date butoir dans un an.
Etc...
Au fur et à mesure que les années passaient, je me voyais devenir une sorte de "puceau perpétuel".
En tant que jeune adulte, j'étais déjà entré dans une pratique masturbatoire assez addictive... qui, malgré tout, me donnait pleinement satisfaction : 0% de stress + 100% de satisfaction. En fait, je me faisais la réflexion que j'avais considérablement plus de relations sexuelles (avec moi-même) que mes potes (avec leur copine) : c'était déjà pas mal !
À 26 ans, il y a eu une (unique) occasion où la chose aurait pu se faire... mais non : ce n'est pas allé plus loin que les caresses. En analysant la chose, bien après, j'ai pu constater combien j'étais obsédé uniquement par le fait de vouloir mettre mon pénis dans un vagin, sans jamais avoir envisager une réelle relation amoureuse avec une femme. J'étais aussi assez (très ?) ignorant des choses du sexe : je ne savais même pas qu'il fallait faire des va-et-vient pendant le coït. Même un ado d'aujourd'hui sait ce genre de chose !
Après cette occasion "ratée", j'ai abandonné l'idée d'envisager le sexe pénétratif. D'ailleurs, dans mon esprit, cette pratique avait un caractère "bestial" qui ne me correspondait pas du tout... malgré toutes ces années pendant lesquelles je n'ai pas cessé de vouloir perdre ma virginité.
En fin de compte, j'ai ensuite "acté" ma virginité et me suis découvert solosexuel puis asexuel.
C'en était alors fini avec ces foutues dates butoir que je m'étais fixées chaque année dans ma jeunesse.
Ton message est émouvant ; parce que je me retrouve évidemment dedans, mais surtout parce que je vois bien que le chemin de la découverte a été mouvementé. Je pense que le problème qui découle de la VT est que l'acte en devient trop conditionné par la société et en devient un "challenge". Je suppose qu'au final, ce n'était pas ton cas puisque tu es asexuel. Si cela ne te dérange pas, je serais intéressée d'en savoir plus sur l'asexualité. J'ai déjà consulté Internet à ce sujet, mais un "témoignage" me parait toujours plus profitable.