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par Linnell
36 ans vierge
#128693
Je ne savais pas trop où placer ce sujet mais je m'interrogeait il y a peu :

l'image véhiculée dans les médias de la sexualité mais aussi plus généralement de la réussite n'a t-elle pas, plus qu'on croit, une réelle incidence sur nos timidités , angoisses , paralysies diverses ?

J'en suis arrivé à un point , si on élargit un peu la question de la VT à celle de la misère sexuelle et sentimentale , où je me dis qu'elle concerne beaucoup beaucoup plus de monde qu'on ne l'imagine. Or que met en valeur le quotidien ? La réussite par l'argent et le luxe. Comme si c'était non seulement le but ultime de l'existence mais aussi la voie d'accès aux plaisirs. De cette frustration, on en tire de la consommation et à tous les niveaux.
à la fin de ma présentation j'avais lâché que je me sentirais mieux (par rapport à la séduction , le sexe etc) quand "j'aurais de l'argent ". Pour le présent et l'avenir ( confort matériel pour compagne et enfant(s))
Je me rend compte à quel point cet idée est peut être influencée.

Objectivement nous n'avons jamais été dans un société qui expose à ce point la représentation sexuelle. Que ça soit par pure vulgarité , grivoiseries ou sujets "sérieux" (psycho , socio etc). Il n'y a qu'à voir le nombre de demande de journalistes sur ce site. Le sexe fait vendre (et le lien avec la notion de consommation est évident donc) mais désormais la misère affective aussi. Comme si on cherchait à récupérer un public (concerné) mis à l'abandon des ravages du passé.

Je ne sais pas si je suis très clair mais j'avais envie de partager cette impression avec vous (et peut être cette question a t-elle déjà été évoquée... )
par ange
Femme de 35 ans non vierge
#128696
Je ne sais pas si la question a déjà été abordée sur le forum, et bien que ce débat ne soit pas nouveau, il est toujours intéressant de disserter à ce propos.

Alors oui, et je pense que personne ne peut le nier, la société contemporaine est hypersexualisée, consommatrice à souhait et cupide (j'ai conscience qu'il existe des exceptions, mais quand on la survole, c'est ce qu'on remarque en premier). Ce que je retiens particulièrement de ta réflexion, c'est ce voyeurisme ou curiosité (malsaine?) que l'on a pour la misère affective. On ne parle pas seulement de la virginité tardive, qui est encore très risible ou curieuse aux yeux de la société, mais surtout de ces malchanceux amoureux qui cumulent les relations en quête du véritable amour... Une image très répandue dans la chick lit, séries et films de filles. Cela semble même être un mode de vie pour certaines (je parle au féminin, parce qu'on voit plus rarement ce genre de scénarios avec des hommes en vedette). D'ailleurs, il n'y a pas si longtemps, je réfléchissais à l'amour qui est de plus en plus vue comme un objet de consommation. Je me disais que nous sommes maintenant tellement habitués de consommer et de choisir ce que nous consommons, que nous sommes portés à «consommer» les gens de la même manière, particulièrement dans l'industrie de la rencontre et de la séduction. J'ai pensé à ma dernière phrase avant de l'écrire et le mot industrie est venu tout naturellement, alors que j'aurais pu utiliser le mot «monde», le fait que j'ai songé en premier lieu au terme «industrie» en dit long... Agences, lignes, sites, téléréalités de rencontre... Tout cela porte à croire qu'on peut choisir un partenaire comme on magasine une voiture, selon des critères bien précis : silhouette, couleur, origine, performance etc. Ce qui me fait me fait me demander pourquoi les malchanceuses amoureuses chroniques telles qu'on les dépeint dans les oeuvres de fiction adressées aux femmes vivent justement cette misère affective qui fait autant vendre? Et la réponse qui me vient en tête c'est : la consommation. Le scénario est souvent le même : la fille choisi ses partenaires toujours selon les mêmes critères alors que ça ne fonctionne clairement pas, mais c'est finalement quelqu'un qui ne semblait pas lui correspondre au départ qui la fait craquer à la fin. Morale de l'histoire : écoute ton coeur pour trouver le bon gars, mais continue quand même de surconsommer avant de t'en rendre compte, parce que ça fait de la bonne télé. On a «glamourisé» la miséreuse affective : elle a généralement un début de carrière prometteur, elle est jolie, a des jolies fringues, un bel appart, et à part ses soucis amoureux, elle n'a absolument pas à s'en faire avec la vie.

Bon là, je parle d'un point de vue clairement féminin, mais pardonnez, la nature de mon sexe me fait particulièrement remarquer ce que la société attend de moi et que je ne peut pas donner. Linnell, tu parlais de ta présentation qui se terminait en disant que quand tu aurais de l'argent tu te sentirais mieux par rapport à tout ce qui est séduction et affectif. Tu vois, moi, il y a quelques années, je me suis dis quelque chose de semblable, mais par rapport à mon apparence. Je me suis dit : perds du poids, commence par ça, et tu vas voir, le reste va suivre... Ça m'avait rassurée à l'époque de penser comme ça, comme si mon apparence allait arranger le reste. Et puis finalement, je ne me suis pas transformée en mannequin, mais je pense bien que même si ça avait été le cas, ça n'aurait rien changé : ce n'est pas l'argent ou le physique qui apportent la confiance, je ne sais toujours pas ce que c'est, mais ça n'a rien à voir avec l'apparence ou le succès financier, ça j'en suis sûre.
par Ouakari
Homme de 47 ans non vierge
#128700
Discussion intéressante...
J'aurais une question Ange. (c'est une "vraie" question, elle n'est pas destinée à mettre dans l'embarras ou je ne sais quoi, tu n'es d'ailleurs pas obligée d'y répondre)
ange a écrit :ce n'est pas l'argent ou le physique qui apportent la confiance, je ne sais toujours pas ce que c'est, mais ça n'a rien à voir avec l'apparence ou le succès financier, ça j'en suis sûre.
Es-tu sûre de ne pas savoir ce que c'est ? D'après ce que j'ai lu de toi, tu as aujourd'hui une vie amoureuse et sexuelle épanouie, je dirais presque "hypersexualisée" (je pense à ton topic BDSM par exemple) donc "conforme" à la société actuelle. Ne penses-tu pas que ta "confiance" pourrait en partie venir de là (ne serait-ce que par le regard que ton compagnon porte sur toi) ?
par Linnell
36 ans vierge
#128711
Grandement d'accord avec Ange. Cette idée de consommation est devenu explicite. Un site comme AUM , derrière la "blague" parle bien de "produits". Ce qui me frappe c'est que le société agit à double tranchant : elle valorise le sexe à outrance sans sentiments mais à côté continue à sortir les grandes romances à la télé au cinéma ou dans la littérature à l'eau de rose.

Cette consommation ne peut jamais être pleinement satisfaite. On en veut toujours plus. Plus pour soi , plus par rapport aux autres. Frustration , Compétition , Performance. Il n'y a jamais eu par exemple autant de site de conseils ou de coaching de drague et de séduction. On pourrait croire qu'avec autant d'éléments à porté de mains les gens seraient plus épanoui et libérés. or c'est le contraire qui se passe.

Là où j'ai l'impression d'être une "victime" c'est que j'ai pensé (et pense toujours parfois) que l'argent change la donne. Vous vous conformez avec une "image" admise de réussite et de séduction. Matériellement vous pouvez tabler sur cela pour cacher le reste (valorisation du mensonge et de l'apparence). Cette idée qu'avec un grand appartement , une belle voiture , de belles fringues vous pouvez entièrement masquer votre timidité et votre manque de confiance en vous. Un mec friqué mais maladroit , les filles trouveront cela touchant. Un mec modeste et maladroit , les filles se diront qu'il est un loser. Il s'agit à la fois d'un cliché mais aussi d'une constante qui s'affiche partout.
par cidersky
Homme de 35 ans vierge
#128730
Je suis malheureusement d'accord avec la logique de limell.. Je crois que bien des facteurs sont important pour avoir confiance en soi. En tout cas la sexualité à outrance est peut être pas un truc pas si nouveau societalement parlant. Juste que cela est voyant de nos jours non ? Je suis pas suffisamment vieux pour savoir comment cela se passer il y a 30 ou 40ans, voir plus
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par Pasta
Homme de 38 ans non vierge
#128742
Je ne partage pas votre vision. Personnellement, dans une société moins sexualisée et moins consommatrice, j’en serais probablement au même point.

Ce qui me frappe dans cette société, c’est la tendance de ses membres à l’accuser de tous leurs maux.
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par colchik
Femme de 31 ans vierge
#128747
On est forcément, d'une façon ou d'une autre, influencé par la société dans laquelle on vit. La nôtre est une société de consommation et d'hypersexualisation et ça me paraît assez logique que ça puisse avoir une incidence plus ou moins importante dans notre vie. Je pense surtout au fait de vouloir changer son apparence ou sa situation, pour reprendre les exemples d'ange et de Linnell.
ange a écrit :ce n'est pas l'argent ou le physique qui apportent la confiance, je ne sais toujours pas ce que c'est, mais ça n'a rien à voir avec l'apparence ou le succès financier, ça j'en suis sûre.
Je ne serai pas aussi catégorique que toi, je pense que le physique ou l'argent peuvent donner un sacré coup de pouce même si ce n'est peut-être pas toujours suffisant.
Pasta a écrit :Ce qui me frappe dans cette société, c’est la tendance de ses membres à l’accuser de tous leurs maux.
Ben évidemment certains exagèrent parce que c'est plus facile d'accuser le monde plutôt que de s'en prendre à soi-même. Mais il faut quand même avouer que la société actuelle dans ses grandes lignes est loin d'être idéale pour permettre aux gens de s'épanouir et il y a parfois de quoi être à bout.
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par Lux
Femme de 38 ans non vierge
#128748
colchik a écrit :
Pasta a écrit :Ce qui me frappe dans cette société, c’est la tendance de ses membres à l’accuser de tous leurs maux.
Ben évidemment certains exagèrent parce que c'est plus facile d'accuser le monde plutôt que de s'en prendre à soi-même. Mais il faut quand même avouer que la société actuelle dans ses grandes lignes est loin d'être idéale pour permettre aux gens de s'épanouir et il y a parfois de quoi être à bout.
Disons qu'on a tendance à idéaliser le passé, à croire qu'avant, c'était mieux. Mais avant quoi ? Je ne connais pas de période idéale. Avant, pour beaucoup, la réalité c'était le travail des champs, un travail physique extrêmement dur et qui ne laissait aucune place aux loisirs. Idem avec l'industrialisation et les contrats épuisants qui ne permettaient pas d'avoir une vie en-dehors du travail. Quant aux relations sociales, elles étaient souvent forcées, choisies par la famille, choisies par défaut. L'amour n'avait pas grand-chose à voir là-dedans...
Rappelons qu'il y a encore peu, il était impossible pour les homosexuels de s'afficher en public, pour les femmes d'avoir un compte en banque personnel, que les hommes devaient faire le service militaire et partir à la guerre si tel était le choix du président.
Je ne dis pas que la société dans laquelle on vit est parfaite, elle a des tas de défauts et elle façonne bien sûr notre manière de nous comporter. Mais ce dont je suis sûre, c'est que je préfère vivre maintenant qu'il y cent ans...
par downup
Homme de 42 ans non vierge
#128750
Je pense la même chose que toi, Pasta. La société a souvent bon dos je trouve.

Il y a néanmoins la question de savoir si la surexposition à certaines choses peut frustrer ceux qui n'y ont pas accès. Dans mon cas, je n'ai pas le sentiment de souffrir par ce que je suis inondé de représentations de marques d'affections, ou de représentations de personnes qui réussissent pleinement leur vie. Ce qui peut me faire mal, c'est plutôt le fait de vivre personnellement des situations de frustration et de manque relationnels, qui impliquent d'autres êtres humains. Mais je ne vois pas en quoi je ne vivrais pas de telles situations dans une autre société.

J'ai l'impression que l'esprit arrive d'une certain façon à faire la part des choses. On est certes dans une société dans laquelle on consomme davantage de biens matériels. Et s'il est évident de dire que ce n'est pas la consommation qui rends heureux, je pense que cela veut aussi dire que ce n'est pas le fait de vivre dans une société qui pousse à posséder les choses de façon éphémère, en créant des besoins artificiels (pour tenter de définir société de consommation) qui soit vraiment source de souffrance. Je pense que les causes des problèmes sont de l'ordre de l'intime et du personnel, avant d'être liées a la "société". De la même façon, je pense aussi que les solutions sont également à trouver en nous.

L'aspect "société de consommation" et "hypersexualisation" (du moins à travers les représentations), ne me semblent donc pas vraiment être source de frustration et souffrance. Par contre, ce qui peut l'être davantage , est peut être ce qui tourne autour de l'organisation sociale au sens "lien entre les gens", "organisation de la famille" etc... Pour moi une grosse source de souffrance dans notre société est qu'elle ne favorise pas les liens sociaux et que les liens familiaux (notamment inter-générationnels) sont fragilisés. Dans d'autres organisations sociales, les gens sont peut être plus facilement entourés, avec des contacts relationnels plus riches.

Edit : d'accord aussi avec Lux, il est bon de mettre certains choses en perspective